Licht erlischt...ou en allemand, la lumière s'éteint. Le projet du one-man band allemand est alors à peu près clair : verser dans un black metal dépressif.
Certains peuvent sembler hermétiques à ce style, je dirais néanmoins qu'ici
Licht Erlischt change un peu la recette, de sorte qu'il ne s'agit pas d'un classique DSBM mais plutôt de doom black metal.
Un black metal, qui a l'image d'un At the
Heart of
Winter, ou d'un Royaume de glace, essaie de retranscrire une ambiance, un univers.
Pourtant si cet univers semble explicite dans les deux opus cités ci dessus, il l'est moins dans le cas de
Licht Erlischt. Il n'est pas forcément ici question ici d'une terre désolée, sombre, glaciale, mais d'un univers imaginaire sombre. A chaque personne de voir ce qu'il souhaite y voir.
Personnellement, j'y vois un paysage urbain anéanti, ravagé, sombre.
Parlons musique maintenant, puisque c'est de cela qu'il s'agit.
On commence tranquillement «The Vaultventurer» avec bruits de voitures et de klaxon, puis viens une guitare clean avec effet (chorus?) accompagné d'une rythmique simple et lente à la batterie, et d'une basse fretless. C'est lent mais aéré. On continue ensuite la même recette en ajoutant une nouvelle guitare très saturée, façon filosofem de
Burzum, et le chant écorché s'appuyant sur la rythmique de la batterie. On assiste à quelques variations ci et là, et à un solo mélancolique.
A ce moment, on a compris à peu près la recette du groupe. Rythmique simple, guitare très saturée en rythmique, guitare clean avec effet récitant ses arpèges et enfin guitare saturée rajoutant la mélodie par dessus. C'est lent, mais finalement il y a suffisamment à écouter pour ne pas s'emmerder.
Et on est pas au bout de nos surprises, au bout de 6 minutes 30, quand on croit que la chanson est terminée (ouf! Il était temps, on commençait à se faire un peu chier), Ça repart de plus belle en accélérant, et toujours avec ce tandem guitare clean/saturée qui cette fois joue la même partition. L'effet rendu est surprenant, mais également assez agréable.
On termine la piste sur cette mélodie puis toujours le même bruit de voitures/klaxon.
On est apaisé, calme.
Encore une surprise puisque la piste suivante «A passage» commence en trombe à un tempo franchement plus élevé.
Blast, mélodie à la guitare saturée, et cri strident. Ceci peut faire alors sursauter étant donné la différence de style entre les deux chansons. A ce moment, on se dit, comment est la suite?
Doom, pas doom? La vérité n'est pas aussi simple.
Pourtant on continue d'apprécier ce riff mélodique tellement saturé et le chant écorché qui va avec.
Et là bam, rebelote. Chute, et on retombe sur les arpèges lentes, clean puis les variations avec la guitare saturée. On continue sur cette lancée et on se surprend à se laisser par toutes arpèges.
La suite reprend les mêmes éléments, arpèges clean, guitares saturées. Cependant, là où le groupe réussi parfaitement son coup, c'est dans l'alternance des riffs. Un coup l'arpège clean, un coup la mélodie en saturé en tremolo, un coup la lenteur, un coup la vitesse. On est ballotté entre tous ces éléments sans que cela fasse «artificiel». Les enchainements, même s'ils sont surprenants, se font naturellement. On a même le plaisir d'entendre un bon chant clair dans «Await the Overarching Blow» qui se marie parfaitement avec l'instrumentale.
On est très loin des clichés DSBM, et ambiant, des groupes qui se content de balancer un même riff pendant 10 minutes, en prétendant faire du dépressif ou de l'ambiant.
C'est lent, c'est plutôt genre dépressif, mais Niklas n'utilise aucune excuse pour rendre quelque chose de brouillon, mal produit, et bâclé.
Dans le cas de
Licht Erlischt, c'est travaillé, réfléchi, varié. Une réussite. 16/20
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