Si vous êtes allés traîner vos basques récemment sur LifeForce Records, vous n’aurez sûrement pas manqué les premières affiches faisant la promotion de certains groupes. Et vous n’aurez donc pas loupé
Miseration et son album au bel artwork et logo très death metal, deuxième production du groupe qui a sorti (réédition en fait) en 2008 Your Demons, Their Angels. Un bon album de death tourné vers le mélodique, pas original pour un sou, mais vraiment agréable à l’écoute. Reste à savoir ce que le groupe allait nous proposer pour leur deuxième opus. Du changement, du surplace, quelque chose de plus brut de décoffrage, ou au contraire plus mélodique ?
Il semblerait bien que
Miseration se soit mis à durcir le ton: exit les vocaux clairs et les penchants death mélodique, le groupe s’est concentré sur la base purement death de leur musique, et ce dès les premières secondes de l’album, où c’est un Dreamdecipher qui ouvre le bal, tous blast dehors. En deux minutes et quelques, la messe est dite, et
Miseration ne va pas faire dans la demi-mesure.
Outre la batterie infernale réglée comme un métronome, les autres instruments ne sont pas en reste, que ce soient les guitares tranchantes comme des lames de rasoirs, une basse ronflante ou le chant encore une fois fantastique du sieur Christian Älvestam, tout est solidement mis en place. Mais vous avez intérêt à accrocher fermement vos ceintures, car ça va secouer !
Globalement, le groupe ne change finalement pas tant que cela sa recette : et, mis à part les blast-beats plus présents que sur le premier opus, c’est avec plaisir que l’on retrouve pêle-mêle grosse rythmique, soli peu originaux mais bien foutus, et moshs parts. Ces derniers font d’ailleurs bien leur petit effet, lors d’une répétition d’un refrain, par exemple sur Voyaging The Seas Of Thought, ou d’un pont musical sur Blueprinted
Aeon Collapse (je ne sais pas où ils nous ont pondu des titres pareils), le tout dans un rendu à se briser la nuque ! Avec leurs trois à quatre minutes au compteur, le groupe ne s’amusera pas à chercher à tout prix des titres techniquo-progressifs à rallonge, mais va privilégier l’efficacité : couplets, refrains, ponts, re-refrain et basta au suivant ! Alors oui, c’est un peu réducteur, mais c’est globalement ce qui se passe pour la majorité de l'album. Donc pas de grosses surprises au rendez-vous, le groupe se contente du minimum syndical et fonce dans le tas-bien plus que sur Your Demons, Their Angels, qui comportait des compositions plus ou moins « travaillées ». Des titres très accrocheurs donc, et immédiatement mémorisables au bout de deux/trois écoutes, ce qui pourra rapidement lasser certains qui miseraient sur la longévité du disque.
Miseration sait aussi varier les plaisirs, et le rythme par la même occasion. Le titre éponyme en est un bon exemple, tout en mid-tempo sur fond de claviers (très) discrets, ou encore Imago 2.0 (qui comporte néanmoins quelques courtes accélérations). Les synthés et notes de guitares mélodiques sont donc utilisés parcimonieusement en fond sonore pour un rendu assez agréable sur quelques titres (on peut même dénoter une légère ambiance futuriste sur l’ensemble, renforcée aussi par les textes).
Avec tout ça, on devrait tenir un bon gros disque de death non ? Sauf que ...
Sauf que l’album souffre d’un défaut majeur qui était déjà présent sur Your Demons Their Angels, à savoir la production : impeccable, puissante, claire........trop propre, aseptisée, plate, du genre à être passée au rouleau compresseur des milliers de fois pour que ce soit le plus lisse possible. Comme la plupart des groupes actuels,
Miseration mise sur la grosse production bateau, et c’est bien dommage ! Il manque du coup cette petite ambiance propre au death qui vous retourne les tripes, vous donne envie de dégobiller votre déjeuner et de fracasser les murs de votre baraque à grands coups de hache (je sais, c'est mauvais comme cliché...). Ce petit manque rend par conséquent l’album trop classique et banal, qui aura du mal à se sortir de la masse.
D’accord, des groupes comme cela, on en trouve tous les jours dans notre assiette, alors un de plus ou de moins...il n’empêche :
Miseration possède un bon potentiel qui ne demande qu’à se développer, si le groupe s’aventurait un peu plus et trouvait son propre chemin.
Un album au constat mitigé: d’un côté
Miseration propose un album bien rapide et rentre-dedans qui passe comme une lettre à la poste, de l’autre le groupe n’a pas pris de risques et s’est contenté de faire un disque assez classique par rapport à ce qu’on peut entendre dans ce style.
Miseration propose somme toutes un Death
Metal de bonne facture mais l'on pourra être sceptique quand à la durée de vie de la formation s'il elle continue de tourner en rond sur les futurs sorties.
@Delacroix: bien sûr qu'il "débourre" cet album comme tu dis ;), mais là où d'autres ajouteraient des ambiances, de l'originalité (je pense notamment en cette année 2009 à des groupes comme Ulcerate ou Trepalium, l'un misant sur des ambiances lentes et lourdes, presque doom, le deuxième proposant un death assez particulier, jazzy et dansant dans un univers torturé renforcé par des textes assez crus d'un homme dérangé mentalement), Miseration ne propose pas vraiment une musique qui sort des sentiers battus. Reste que c'est sacrément efficace pour se défouler sans se prendre la tête :p
Sinon, une bonne chronique qui me déçoit sur un point, c'est sur la confirmation que Christian a définitivement laché sa voix claire, pourtant impressionnante sur le "Holographic Universe" de Scar Symmetry...et même si son growl est d'une qualité très forte...sa dualité vocale faisait de lui l'un des meilleurs chanteurs actuel du circuit.
Pour la note je ne sais pas trop quoi mettre (j'en ai déjà mis dans les quelques chroniques que j'ai déjà écrites, c'est vrai), je trouve ça assez stupide de vouloir apposer un bout de chiffre sur quelque chose qui révèle de toute façon du caractère subjectif et émotionnel de chacun.Ou alors il faudrait prendre en compte beaucoup de paramètres (technique, originalité, comparaison avec certaines références ou styles, production, émotion véhiculée ou non...) difficiles à synthétiser en une seule note . Qu'est-ce que je mettrais? 15? 14? 17? La belle affaire, un 14 pour quelqu'un doit signifier un 17 pour un autre, etc suivant son propre "système de notation".
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