En 1979, Neil Young écrivait une de ses citations les plus connues pour le titre Hey Hey My My. "It's better to burn out than to fade away" va alors influencer de nombreux artistes, jusqu'à être reprise dans la funeste dernière lettre écrite par
Kurt Cobain.
Mais il est tout à fait possible de brûler et briller en prenant le temps nécessaire. C'est le cas de Slowtorch, formation de stoner italienne formée en 2005 à Bolzano. En effet, ce groupe aime prendre son temps entre chaque sortie et, après 3 EP, le premier album Serpente sort en 2014.
Soudés autour du même line-up depuis, à savoir Matteo Meloni (chant), Fabio Sforza (batterie), Bruno Bassi (guitare) et Karl Sandner (basse), les voici de retour 8 ans après avec leur deuxième opus, "
The Machine Has Failed", promu par le label italien spécialisé Electric Valley Records.
Slowtorch, c'est du stoner direct, inspiré et nerveux, le tout saupoudré d'une lourdeur palpable dans le son . D'emblée "
Hammerhead" vous en colle une en pleine mâchoire. De grosses guitares fuzzées, une basse à l'unisson, une batterie massive et subtile et un chant modulé, alliant sensibilité et puissance, le tout offrant un résultat détonnant et foncièrement groovy. Les Italiens s'en vont s'encanailler avec brio sur les terres de
Clutch, misant sur l'efficacité avant tout.
Plus loin, l'influence de
Black Sabbath se fait palpable sur "Book of the
Dead" ou "Behold", plus pesantes. Il faut noter aussi le soin apporté aux lignes vocales de Meloni, qui peut rappeler sur certaines intonations Michael Poulsen (
Volbeat). Un chant qui représente une identité remarquée, avec un timbre tout à fait adapté.
Louvoyant telle le frêle esquif qui orne sa pochette, l'album aborde les 2 tendances sur les titres suivants avec toujours assez de qualité pour faire de chaque écoute un moment agréable ("
Kraken", la nerveuse "Sever The
Hand" ou encore "World Behind My
Eyes"). Cependant, rien ne ressort véritablement, l'album formant un tout cohérent et un poil trop linéaire. Il manque une petite étincelle de folie pour en faire un incontournable.
Thématiquement, ni ode à la fumette ou à
Satan, ni trip introspectif ou spatial. Slowtorch s'est inspiré des dérives des volontés étatiques de contrôle des mesures de santé publique du fait de la pandémie et aussi des ratés évidents qui en furent les corolaires. Se rapprochant ainsi des œuvres littéraires pessimistes et actuelles de Huxley et Bradbury, le groupe constate amèrement le plantage de la machine globale (qui hélas ne s'est toujours pas remis sur des rails vertueux depuis).
Dotés d'un enregistrement et d'un mix adéquats (bravo à Luca Taconi et Fabio Sforza), "
The Machine Has Failed" se pare d'une identité sonore puissante, précise et sans fioriture. L'artwork signé Solomacello représente idéalement l'atmosphère quelque peu apocalyptique qui baigne l'ensemble.
Pour conclure, Slowtorch a eu raison de prendre son temps et ainsi peaufiner ce second effort. Même s'il serait étonnant qu'il concoure pour les premières places des tops de fin d'année, par manque peut-être d'un titre vraiment fort, "
The Machine Has Failed" reste le genre de disque qu'il fait bon de ressortir de temps en temps et qui s'écoute d'un bout à l'autre. Et qui mérite vraiment d'être écouté par les amateurs du genre.
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