Primal Age est désormais un vieux de la vieille de la scène hardcore française. S'il reste une valeur sûre, la déferlante de groupes du style a rendu invisible sa domination sur l'ensemble de la meute. De plus, le groupe, s'il est toujours aussi furieux, a dominé une partie de sa fougue pour rendre sa musique plus nette et parfois plus mélodique. Un bond dans le temps est donc nécessaire pour replacer cette première offrande dans son contexte.
1999. La scène metal termine la décennie à l'agonie. Le néo-metal, à travers ses différents courants, tient le haut du pavé, grâce notamment à une grande présence médiatique. Cependant, la scène hardcore, probablement à l'époque l'une des plus underground et authentique, regarde ces évolutions sans renoncer à faire bouger les lignes. Une partie de la scène, élevée au gros hardcore de Papa, n'a cependant pas oublié de digérer nombre d'influences metalliques (principalement « slayeriennes »). En témoigne l'évolution d'un leader de la scène française,
Kickback, entre ses deux premiers albums.
Si
Primal Age est bel et bien un groupe de hardcore, c'est dans un voyage des plus sombres et malsains qu'il nous emmène avec ce MCD The behaviour of humanity (il me semble bien que le titre initial avant la réedition était celui-ci), bien éloigné des clichés habituels du genre. Le hardcore groovy de
Madball est en effet à mille lieux de la production du groupe normand.
Dès l'intro, une atmosphère glauque s'installe, digne d'un album de death brutal. Puis le groupe s'installe, lent et lourd, avec un riff qui tourne en boucle durant plus d'une minute avant de lancer véritablement la machine. Commence alors véritablement la descente aux enfers. La paire de guitaristes se répond à travers des riffs plus proches du death metal que de ce que le hardcore nous apporte habituellement. Et c'est cela la grosse surprise. Dès cette intro,
Primal Age nous plonge dans une violence peu habituelle pour un groupe de hardcore. Le batteur nous gratifie alors de variations sur l'instrument, collant des rythmiques de plus en plus violentes et rapides pour terminer... par du blast beat!!! Et le premier véritable titre s'engage, débutant par un riff que n'aurait pas renié un groupe de thrash. La voix du chanteur, écorchée, se pose sur ce premier titre qui alterne parties lourdes et accélérations fulgurantes. Si les riffs sont aujourd'hui digérés car utilisés par de nombreux groupes de hardcore, voir deathcore ou metalcore, ils restent d'une violence inouïe pour l'époque, notamment pour le style du groupe. Les titres s'enchaînent, alternant les rythmes, et la fureur du chanteur ne donne qu'une envie: tout démolir aux alentours. La production est elle bien underground mais très propre, parfaite pour le style.
Il faut savoir que le groupe s'est fait une jolie petite renommée sur scène, et que ses shows sont un véritable appel à la violence. J''ai personnellement eu l'opportunité de voir le groupe à de multiples reprises, et j'ai rarement vu un groupe mettre une ambiance aussi furieuse là où il passait. Les membres du groupe eux-mêmes sont souvent obligés d'intervenir pour détendre l'atmosphère, ne maîtrisant quasiment plus la violence de leur musique et l'impact qu 'elle provoque sur l'auditoire.
Très franchement, s'il existe un lien entre toutes les musiques dites extrêmes qui sont souvent cloisonnées entre elles (la petite gueguerre metalleux/coreux), il est présent chez
Primal Age qui fait valser toutes les étiquettes à grands coups de latte. Puissant.
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