Il m'est très difficile d'aborder cet album. La personne qui travaille sur la critique d'une œuvre d'art, quelle qu'elle soit, voit toujours son avis osciller entre reconnaître l’œuvre en question comme celle d'un génie, ou alors rester sceptique. Personnellement, je me suis souvent moqué des soit-disant experts, en peintures par exemple, qui trouvent dans chaque détail d'un tableau des sens cachés et symboliques improbables, où moi je ne vois qu'une tache ou un coup de pinceau manqué ; alors que je n'y connais rien en peinture.
Pour cet album, je ne sais toujours pas s'il faut que je le prenne comme une œuvre particulièrement osée et unique, ou plutôt comme un disque de progressif parmi tant d'autres. Normalement ce genre de chose vient naturellement après un nombre suffisant d'écoutes, mais là, impossible de se décider. Plutôt que d'attendre une durée indéterminée pour écrire quelque chose sur cet Iron
Cemetery, je préfère vous livrez directement ces conclusions inachevées. Cela vous permettra d'ailleurs de mieux vous faire votre propre avis (ou alors simplement d'attiser votre curiosité).
Tout d'abord, chose assez déconcertante, l'album dure moins de quarante minutes, avec huit vraies chansons et une introduction. Cela n'entrave en rien la qualité de la musique, mais peut avoir un certain effet sur l'auditeur (qui est aussi un acheteur). Une œuvre courte peut être une merveille, il n'y a qu'à demander aux fans de
Beyond Twilight ce qu'ils pensent de leur dernier album. De plus sur le site officiel d'
Illusion Suite, on peut voir un message disant que l'album est court pour du metal progressif, mais la qualité a été privilégiée par rapport à la quantité.
Illusion Suite est donc un groupe norvégien, tout comme
Leprous et
Circus Maximus. Le premier groupe cité ne sert ici qu'à faire nombre et montrer que c'est un pays qui possède des groupes de qualité. Par contre, je ne cite pas
Circus Maximus juste pour faire nombre. Ce dernier possède en effet quelques ressemblances avec le groupe dont il est question aujourd'hui. Car on retrouve dans
The Iron Cemetery et
Nine des sonorités assez ressemblantes, avec un jeu de clavier similaire. Il se passe la même chose quant aux lignes de chant ; la voix de Michael Eriksen n'aurait pas fait tache ici, et inversement avec celle de Bill Makatowicz. Il n'est absolument pas question de plagiat, ça c'est une certitude, mais
Nine a été un tel succès (surtout en Norvège), qu'il est évident que les membres d'
Illusion Suite en ont entendu parler. De plus leur premier album évoluait dans une musique assez différente. Alors est-ce un groupe voulant juste surfer sur la même vague que
Nine, ou simplement suivre la mouvance tout en proposant quelque chose de différent ? Est-il possible que, même inconsciemment,
Illusion Suite ait voulu faire son
Nine à lui ? Quand deux groupes sont très proches, est-ce que cela créé des interférences, ou alors ça décuple l'énergie produite ?
Après des dizaines d'écoutes je ne sais toujours pas. Les mélodies sont belles, agréables à l'oreille (ça c'est l’œuvre du clavier), c'est assez facile à écouter, et la voix est plaisante. Les morceaux sont bien travaillés c'est indéniable, il y a du boulot derrière tout ça. Il y a heureusement des passages sur lesquels on s'éloigne des compatriotes norvégiens, notamment les trois derniers morceaux de l'album. Nostradamus' First
Prophecy prend plutôt le parti d'introduire des sonorités électroniques, qui rendent bien dans l'ensemble, malgré une mélodie un peu redondante.
The Ugly-Duckling propose un refrain crié puissant, qui contraste avec le reste de l'album, cependant le solo est incompréhensible et se casse la figure. Le dernier titre est lui aussi légèrement bancal. On se retrouve avec une mélodie bien sympathique, mais qui se perd en cours de route. Le solo par contre est très bien et joliment exécuté.
Petite conclusion intermédiaire : là où le groupe s'éloigne des sentiers battus, il y a une nette (petite) baisse de la qualité des compositions, malgré certaines bonnes initiatives. Cela serait pardonnable si la grosse première partie de l'album était irréprochable et que l'album n'avait pas la taille d'un EP si on lui enlève les titres les plus faibles.
Mais revenons à la première partie de l'album, qui tourne autour de vingt-cinq minutes. Chacun des titres est extrêmement travaillé. On sent que les musiciens y ont passé du temps, et ça, c'est forcément bon pour la qualité de la musique. En effet, si l'on prend leur musique seule, sans se référer au contexte de la sortie ni rien, on obtient cinq morceaux ainsi qu'une introduction de très bonne facture. Cela est en partie dû à la production qui est très bonne (en tout cas qui me plaît beaucoup). C'est clair, c'est propre, et c'est assez accessible. En plus les musiciens ont tous un excellent niveau, avec mention spéciale pour le sieur Matakowicz qui maîtrise son chant aussi bien dans des aiguës presque criés que dans les passages calmes (un bel exemple est When Love Fails).
De plus, et ce n'est pas rien, les différents thèmes des paroles, qui sont très bien écrites, et sont originaux. Si l'on reste plutôt dans la science-fiction, on aborde parfois les mythologies grecque et romaine (
Orpheus' Quest, Nero), ou encore une bataille au moyen-âge (Premonition).
On résume tout : d'un côté on a un groupe qui a énormément travaillé, en traversant des périodes difficiles (deux membres du groupe sont allés voir ailleurs pendant l'enregistrement de l'album), et qui sort quelque chose avec un très bon son, des compositions solides et mélodiques, et des paroles bien faites. Mais en même temps, l'album est très court, comporte quelques menus défauts, et a le malheur de ressembler au dernier album de
Circus Maximus sorti il y a un an.
Je ne mettrai pas de note, je préfère laisser le lecteur de cette chronique se faire son propre avis (et je l'invite par la même occasion à me faire part dudit avis). Je peux dire je crois sans trop me tromper que l'album n'a pas vraiment rencontré son public.
Pas de chance donc pour les norvégiens d'
Illusion Suite, ils devront retenter leur chance plus tard avec quelque chose qui les démarquera plus je l'espère de leurs compatriotes.
Je retiens donc ce que tu relevais sur la qualité de composition de l'album. Ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement, mais le travail étant sincère et plein sur cet album, je pense qu'il fera exception dans ma discographie.
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