Parmi les nombreuses formations metal symphonique italiennes se glisse subrepticement AfterGod, groupe natif de Rimini créé en 2008 par le guitariste Stefano J.C. Correale et le claviériste Thomas Gualtieri. Rapidement rejoints par la frontwoman Virginia Baldini et le bassiste/growler Marzio Morganti, nos acolytes se sont laissés pas moins de 5 ans avant de nous octroyer leur premier essai à l'aune de cette démo 4 titres cohabitant sur une nerveuse auto-production d'à peine 23 minutes d'un metal symphonique et folk, à parités égales sur cette rondelle, faisant tour à tour penser à
Nightwish et à
Lyriel. D'une qualité d'enregistrement de bonne facture et jouissant déjà d'un mixage équilibrant convenablement les parties vocales et instrumentales, avec un souci permanent accolé aux finitions de chacune des pistes qui, d'ailleurs, s'enchaînent proprement, on comprend qu'à l'aune de ce méfait le combo rital a souhaité offrir une galette à la logistique soignée, où les détails de production ont été passés au crible. Indice révélateur de son ambition de faire désormais partie des valeurs montantes d'un registre metal symphonique à chant féminin pourtant galvaudé. Y aurait-t-il néanmoins moyen pour nos acolytes de se frayer une place dans ce si concurrentiel espace d'expression artistique ? Un tour du propriétaire s'impose...
Dans un premier mouvement éminemment metal symphonique, par lequel il a introduit et clôturé son initial effort, et ce, de deux manières différentes, le collectif italien révèle un potentiel compositionnel et mélodique que pourraient lui envier nombre de ses homologues générationnels. D'une part, des nappes synthétiques corroborant un tambour martial et d'une régularité métronomique s'installent peu à peu sur «
Old Viking's March », rayonnante entame instrumentale symphonique d'inspiration nightwishienne. Pièce majestueuse où le corps orchestral samplé, tel un générique d'une production hollywoodienne, prend son envol par deux fois avant qu'une dégressivité de l'intensité sonore ne vienne clore en douceur cette sculpturale offrande. Dans cette veine atmosphérique, l'outro de la rondelle ne s'en révèle pas moins magnétique. Véritable pièce en actes, «
Waning Moon » se pose comme une fresque épique polyrythmique livrant 8 minutes d'un spectacle haut en couleurs, riche en harmoniques, fondamentalement metal symphonique, évoluant sur une assise organique sereine, à la fois enveloppante et voluptueusement ondulatoire. Non sans rappeler l'atmosphère de «
Century Child », 4e album full length de
Nightwish, on évolue sur une sente mélodique sécurisante, aussi bien sur un couplet tumultueux et captateur d'émotions que sur un refrain qu'on aura bien du mal à traverser sans laisser perler une petite larme au coin de l'oeil. De plus, la soprano laisse exploser la luminescence de ses prégnantes patines, s'autorisant de saisissantes envolées lyriques, taquinant les notes haut perchées, comme le ferait
Melissa Ferlaak (Plague Of Stars, ex-
Echoterra, ex-
Visions Of Atlantis), avec un vibrato plus prononcé mais avec moins d'allonge et un spectre vocal plus resserré. On comprend alors que l'on est aux prises avec la pépite de l'opus.
Dans un second volet, c'est l'orientation folk qui prédomine, avec non moins d'inspiration émanant des portées de chacune des deux partitions proposées. Une seconde corde à son arc qui, même si l'art semble ici moins naturel, lui va bien et que la sarabande se ferait fort d'exploiter plus encore dans sa prochaine livraison. Ainsi, des riffs corrosifs alliés à d'inflammatoires gimmicks d'une lead guitare en furie ouvrent les portes du mordant «
We Ride », titre d'obédience folk où virevolte conjointement un violon enjoué. A la croisée des chemins entre l'ambiance de
Lyriel, à l'image de « Paranoid
Circus », et la fougue d'un
Lacuna Coil des premiers émois, ce furibond méfait laisse évoluer les puissantes et chatoyantes impulsions, au léger vibrato, d'une sirène résolument calée dans les médiums. Direct, rythmiquement offensif et non moins mélodieux, ce morceau, après plusieurs écoutes, se révèle apte à capter l'attention et à déclencher à la volée un headbang auquel on ne s'attendait pas. Dans cette mouvance, le tonitruant mid/up tempo syncopé et d'obédience folk « Para
Bellum » nous livre une prestation remarquée de
Leo dalla Via (du groupe folk vénitien
Vallorch) qui, par contraste avec les fines et claires volutes de la déesse, dissémine sa verve incantatoire au fil de ses growls sanglants et caverneux. En outre, moult variations de tonalité et changements de rythme inondent une piste insolente et vénéneuse, au risque de perdre par moments le fil du cheminement mélodique, où une cohorte de choeurs abyssaux vient assombrir l'atmosphère déjà crépusculaire de ce brûlot. Etrange et hypnotique ballet.
Jouant de façon originale sur les contrastes atmosphériques et rythmiques, octroyant une technicité habile mais non ostentatoire, témoignant d'une mélodicité bien inspirée, livrant une œuvre propre, aux harmoniques rigoureuses et opportunément distribuées, et, bien que peu diversifiée, le combo transalpin, prudent dans sa démarche, affiche un potentiel encore en construction mais déjà enviable. Conjuguant judicieusement metal symphonique et folk, il ouvre la voie à d'insoupçonnées combinaisons, qu'il s'avère certes audacieux, voire téméraire, d'entreprendre, mais qui, à la lumière de cet introductif message musical, lui ont réussi. On conseillera aux amateurs de ses maîtres inspirateurs d'aller y jeter une oreille attentive, pour le plaisir de la découverte. Au bout de quelques écoutes circonstanciées, il se pourrait qu'une accroche que l'on ne subodorait pas finisse par opérer. Si une place peut assurément être octroyée au groupe pour lui permettre d'embrasser une carrière à long terme dans son registre metal d'affiliation, on attend maintenant une confirmation de ses talents à l'instar d'un album full length. Wait and see...
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