Envie d'apprendre une langue tout en s'amusant, d'enrichir agréablement ton vocabulaire ? Oublie Babel et consorts et fais-toi plutôt chroniqueur. Pour celle de ce 2ème album de Devotion, j'ai appris que "
The Harrowing" signifie le côté déchirant d'une expérience douloureuse. Une jolie expression adaptée au style pratiqué par Devotion, à savoir un death metal à obédience doom, sombre et torturé.
Formation espagnole fondée en
2012 par le bassiste chanteur Julkarn (qui officie également dans
Graveyard), ce projet a regroupé au fil des ans plusieurs briscards de la scène death metal espagnole. Solidifiant son line-up autour de Julkarn (passé à la guitare), David Garcia (batterie), Txito (basse) et Vicent Reira (growl, ex.
Obscure), Devotion sort son premier album "
Necrophiliac Cults" en 2016 chez l'écurie espagnole Pathologically Explicit Recording. Malencontreusement, le groupe souffre de la perte du claviériste Igor Mesmer, décédé peu après la sortie de l'album.
S'ensuit une période où le groupe se produit en concert et, en 2020, l'envie de retourner en studio se manifeste. Intégrant les rangs d'un autre label espagnol (
Memento Mori), les voici prêt à répandre leurs psaumes maléfiques en ce début 2021.
Avant de se lancer dans l'écoute, précisons que cet album contient 13 pistes pour pratiquement 50 minutes de musique, à savoir 8 morceaux plutôt longs (4 mn minimum), 4 interludes et une intro. Celle-ci, éponyme et peuplée de synthés inquiétants, amorce bien le contenu à suivre, un "
God Forlorn" qui étale alors son death massif aux relents doom. Le tocsin en début de titre annonce l'effroi qui s'empare peu à peu de l'auditeur, surtout à l'écoute de ces nappes de synthé judicieusement placées. Tout sonne bien équilibré niveau instrumentation, offrant ainsi un bel écrin au growl adipeux et un peu monotone de Riera. L'accélération finale valorise la puissance de la batterie et la virtuosité des guitaristes. "
Meggido" entérine plus avant cette orientation doomy, avec un agencement habile des plans et des claviers aux sonorités plus guerrières, rappelant un peu
Nile.
Construit sur le modèle assez original "deux titres – un interlude au clavier" (clin d'œil assumé à
Pestilence et son "
Testimony of the
Ancient"), le groupe enchaîne avec la doublette relativement plus véloce "Valley of Death" et "Birth of Terror". Si la première convainc grâce à un riffing qu'aurait adoubé
Bolt Thrower, la deuxième se pose comme un des titres majeurs de l'album. Imposant, martial et finement composé, voilà un titre qui devrait ravir les fans de
Nocturnus et
Asphyx.
Les efficaces "Feast of Esdras" et "
Demon Sleep" apportent aussi une variation bienvenue grâce à leur tempo plus élevé. Et si "The Mournful Beam" peine à pleinement me séduire de par son côté un tantinet linéaire, la longue pièce finale "
Virtue Bismirched" offre de son côté un bon résumé des qualités de cet album. L'alternance des plans death/doom – accélérations "à la
Asphyx" se marie idéalement à l'ambiance glauque conférée par les claviers bien lugubres.
Dotée d'un mastering de qualité effectué par Javier Felez, le son global de l'album sied bien à la thématique mortifère prédominante. Ambiance qui s'accorde au dessin de pochette signé Diko Nursyahra, proche des œuvres de Chris Moyen.
Avec Dipygus,
Memento Mori démarre l'année 2021 sur les chapeaux de roue grâce à cet album de qualité. Les amateurs de death/doom et des groupes cités ci-dessus seront avisés de prêter attention à ce Devotion, qu'on espère de tout cœur voir se produire sur scène au plus vite.
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