La naissance de
Winterage remonte à 2008 alors que le violoniste Gabriele Boschi, le claviériste Dario Gisotti et le guitariste Riccardo Gisotti se rencontrent avec l'idée de jouer de la musique. Après quelques réflexions, le trio décide assez naturellement de s'orienter vers un
Power Metal influencé par la musique classique et traditionnelle. En 2010 l'arrivée du batteur Davide Bartoli et du bassiste Matteo Raganini, marque un tournant dans la jeune carrière de ces génois puisqu'en l'état elle peut enfin commencer à exister sur la scène locale italienne. Un premier EP composé de six titres sort en avril 2011. Le disque est accueilli plutôt favorablement même s'il laisse entendre une formation empreinte de bonnes intentions mais parfois maladroite. Dans les autres critiques que l'on peut encore dresser à l'encontre de cet album il y a ce contraste saisissant entre les sonorités produites par de vrais instruments classiques, et notamment ce violon entêtant et subtilement disséminés, et celles générés par synthés. Ces dernières manquant, en effet, singulièrement de relief, d'amplitude et de grandiloquence pour le genre abordé par
Winterage. On pourrait également parler de ses chants très moyens, ou de sa production un peu trop axées sur les basses, mais passons. En
2012 le chanteur Daniele Barbarossa rejoint le collectif. De nouveaux morceaux sont alors écrits. Ils finiront par sortir en 2015 sur un premier véritable album baptisé
The Harmonic Passage. Celui-là même qui nous occupe aujourd'hui.
La première chose qui nous frappe à l'écoute de ce manifeste, concerne ces origines que
Winterage ne pourra en aucun cas renier tant son propos s'inscrit ici souvent dans l'héritage immédiat de ses congénères les plus célèbres (
Rhapsody notamment). Avec, évidemment, tout ce que cela implique de virtuosité et de néoclassicisme. Et avec, tout aussi évidemment, une dextérité et une inspiration que des talents et des moyens un peu moindres, ne viendront pas couronner aussi majestueusement que leurs homologues précités. Il y a, en effet, dans le
Power Metal de
Winterage, malgré quelques beaux moments de bravoures, tout le poids d'un décorum convenu, d'un académisme achevé et d'un traditionalisme patent. Une évidence que, de surcroit, certaines intonations de Daniele Barbarossa parfois très proches de celles de Fabio Lionne ne viendra, malheureusement, pas contredire.
Au-delà de sa facette la plus désespérément familière, le véritable atout de ce disque réside notamment en la présence de ce violon qui lui apporte un vrai supplément d'âme. Chacune des interventions de l'instrument si chers à Ingres donnant un certain charme à l'ensemble, c'est véritablement au coeur des passages les plus orchestraux et durant ses soli (
The Harmonic Passage, The
Flame Shall not Fade,
Victory March...) qu'il transcende le travail de ces musiciens. Un talent pour la musique classique que les nombreux autres moments symphoniques viendront également confirmer (comme, par exemple, durant ces interventions vocales opératiques somptueuses (
Victory March,
Awakening...)).
Notons encore que
Winterage a aussi, parfois, quelques envies qui, si elles ne sont pas totalement nouvelles, ont l'avantage de cultiver, un peu, sa spécificité (les quelques voix plus graves et hargneuses qui émaillent ce disque, l'utilisation de l'Italien, la présence de cuivre ou encore ces nombreux interludes instrumentaux qui bien qu'interminables n'en demeure pas moins intéressants (Overture in Do Minore, La Caccia di Turin, La Grotta di Cristallo,
Crown to the Crowds, Son of
Winter...)).
S'agissant des chants et de la production de ce disque, sans exceller, disons que les deux ont suffisamment progressé depuis ce premier EP gauche pour ne plus être matière à déception.
En définitive, pour résumer l'affaire, il suffirait de dire que lorsque
Winterage tente d'affirmer sa différence, il est séduisant. Lorsqu'il s'éloigne de ces références
Metal les plus manifestes et qu'il peut enfin exister loin des poncifs de ce Heavy Speed
Power Metal transalpin, en somme. Bien évidemment, ce constat rend la critique très compliquée en un lieu où d'aucuns louent, et peut-on les en blâmer, l'agressivité, la force, l'intensité, le riff, les aspérités, la guitare, la double-croche de grosse-caisse...En d'autres termes, autant d'éléments qui définissent le
Metal et qui, pour
Winterage, n'est rien d'autre qu'un carcan.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire