Il y a des styles de metal en particulier qui se mettent de plus en plus en valeur avec le temps, offrant des nouveautés ou renforçant un esprit. Si on prend le cas du death symphonique, on peut vite se rendre compte que les albums dans le genre sont en croissance, en témoignent les derniers Septic
Flesh ou
Fleshgod Apocalypse.
Enthring fait partie de cette nouvelle génération désireuse d'apporter plus d'éléments symphoniques dans le death metal, créant ainsi un ensemble on ne peut plus épique et grandiloquent. Formée en 2006 par Tommi Suutarinen et Petteri Eväsoja, les Finlandais ont sorti une démo « Maelstrom » en 2010 avant de s'attaquer à la construction d'un nouvel opus « The Grim Tales of the
Elder » auto produit et enregistré aux D-Studios (
Noumena, MyGrain,
In Silentio Noctis).
Enthring utilise le concept de la faucheuse pour nous raconter de sombres et sinistres histoires, séparant les huit titres en trois chapitres différents, comme si nous feuilletons les pages d'un livre musical. Malgré leur jeune âge, les membres du groupe arrivent à créer un album plutôt mature, progressif et subtil dans le jeu de guitare, sans non plus étouffer le tout avec un amas considérable d'éléments symphoniques. En clair, les Finnois arrivent à mélanger puissance et précision, sans devenir trop rasoir.
« The bright pyres of injustice enthrall my visions »
C'est avec grandiloquence que débute l'album avec « I, the
Exiled » et ses guitares syncopées. Très vite, l'auditeur entre dans un death metal à tendance mélodique, sans être mielleux. Il n'y a pas de chant clair, mais seul les growls criard du duo Tommi/Petteri et le caractère épique de l'ensemble, conséquence des visions qu'a le personnage principal à la lecture des récits, la terre semblant avoir été détruite par les mains d'une drôle de faucheuse. Le débit du chant est assez rapide, prenant souvent sur l'articulation et empêchant l'appréciation de l'orchestration ou des riffs tranchants. Mais cela se corrige sur un «
Silent Chanter » tournant autour du folk et parfois proche d'
Ensiferum, avec ce clavier plus discret, cette vélocité du rythme et des guitares ainsi que des soli remplaçant aisément les notes du violon.
Ce n'est qu'avec un « Mellowheart » que la fusion death et sympho est plus opérante au sein d'une progression en crescendo, alternance de parties posées et de parties plus agressives. L'ambiance est beaucoup plus sombre, les claviers plus offensives malgré de grandes parties symphoniques (harpe, flûte, piano). Les guitares frôlent le néo-classique en agissant elles aussi comme une symphonie, pas loin d'un
Children of Bodom, le tout fonctionnant comme un tout indéniable.
« The Instrument of retaliation feels frigid in my hands »
C'est avec des notes de clavecin que nous bercent « Rend Me
Asunder » et sa symphonie imposante sur un rythme mid tempo jusqu'à des accélérations du plus bel effet, avant de passer au puissant «
Citadel » et sa minute instrumentale dans laquelle les orchestrations sont à l'honneur. Les guitares et le rythme se montrent plus féroces et plus violents même si on n'est pas dans le domaine du brutal. Il n'empêche qu'on se rapproche d'une certaine ambiance moyenâgeuse avec son solo en arrière-plan, guidant le refrain du début à la fin. Déjà, une certaine linéarité se fait ressentir sur certains passages qui sont de trop, si bien qu'on peut regretter le fait qu'
Enthring mise sur la longueur et non l'efficacité.
«
And now I cradle death on my open palm »
Le ton se durcit lors de la troisième partie, mais les instruments sont plus variés et plus mis en avant. L'aspect épique et destructeur reste présent tout le long, surtout sur l'instrumental « The Grim Tales of the
Elder » et son semblant de BO de film d'heroic fantasy. Mais une fois de plus, des passages de trop sont à regretter comme sur « The
Vengeance Orchestra » et son refrain interminable et ennuyant sur la fin. Dommage car les montées et descentes des violons sont très adaptées à l'ambiance sombres et morne.
Enthring a bien ajusté ses cordes et offre un premier jet très prometteur, susceptible de faire un peu de remue ménage sur la scène finnoise. Hormis quelques linéarités et quelques soucis d'originalité sur certains titres (les influences
Wintersun/
Ensiferum se faisant ressentir), ce « The Grim Tales of the
Elder » reste très bien ficelé et dans une bonne optique death symphonique, pas ultra transcendante pour autant, mais bien à même de satisfaire quelques âmes avides de sympho extrême « soft ».
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire