Une pochette kitch aux tons vifs, un logo volé à la scène thrash (qui a dit Voivod ?) et un nom de groupe au goût douteux ?
Pas de doute, il s’agit bien des américains de
FaithXtractor. Formé en 2005 dans l’Ohio, ce projet est l’œuvre de deux frères,
Marquis et
Ash Thomas souhaitant délivrer un death metal efficace, propice au remuage de nuque.
Mais produire un album minimaliste et accrocheur n’est pas aisé et s’avère même être un exercice périlleux : ne pas trouver le riff mémorable est souvent synonyme de déchéance due à un manque d’identité, d’ambiance ou de bagage technique minimal. Est-ce que les gus de
FaithXtractor ont atteint leur objectif sachant qu’après 8 années d’existence de l’eau a coulé sous les ponts et qu'un album est déjà sorti il y a 5 ans ?
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : ce «
The Great Shadow Infiltrator » n’est rien de plus qu’un pétard mouillé, évoluant dans un death castré et simpliste. Premier constat, la production, à défaut d’être indigeste et brouillonne, se révèle bien trop légère : la caisse claire manque de claquant, les guitares sont trop en retrait et les toms sont trop saturés sur certains morceaux (comment prendre du plaisir à écouter "The
Six Knives of Redshield" quand une avalanche de toms vous agressent les tympans toutes les 10 secondes ?). Alors certes, de très bons albums existent avec une production peu puissante, mais au moins ils possèdent une ambiance particulière, une saveur. Ici, les riffs visant principalement à être efficace, les passages malsains et empreint d’une quelconque atmosphère sont en conséquence peu nombreux. Les thèmes développés en pâtissent et sont dénués de tout feeling typiquement death metal, de dissonances ou de leads glauques. L’éponyme à tendance doomy essaie de contrebalancer cette lacune du haut de ses 6 minutes en faisant tourner peu de riffs en boucle de manière à hypnotiser l’auditeur : ce n’est pas mauvais, mais on est encore loin de l’excellence.
Cependant l’ensemble du disque n’est pas mauvais et
FaithXtractor a quand même quelques atouts dans sa manche. "
The Beast Holographic" ouvre de manière tout à fait acceptable la galette avec son introduction qui gagne en intensité peu à peu pour déboucher sur un solo de bonne facture. A ce propos, les nombreux solis parsemant l’album sont réussis et très mélodiques, plus proches de la scène thrash ou power que death. On ne pourra également pas reprocher à ce disque d’être homogène ou monotone tant les idées sont nombreuses. Par exemple, "In All
Forms Reptilian" arrive à passer d’une mélodie mélancolique et lente à une accélération fulgurante sans accroc (certainement le meilleur titre avec le lourd "With
Cold Calculation"). Mais la tendance générale est tout de même au remplissage avec des morceaux académiques, sans réelle touche de folie ("
The Eye at the
Divide" et son refrain qui tombe à plat par manque d’intensité).
Finalement, ce «
The Great Shadow Infiltrator » se révèle être un album assez fade, sans saveur, la faute à une production sans matières grasses et à un riffing trop conventionnel dans l’ensemble. On appréciera ce disque éventuellement pour ces solos et son côté death gentillet flirtant avec le thrash et le heavy, mais est-ce vraiment ce que l’on cherche lorsque l’on a un disque de death metal dans les mains ?
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