Liste des groupes Black Death Symphonique Arcanorum Astrum The Great One

Ca fait longtemps que les Russes d'Arcanorum Astrum ne nous avaient pas donné de nouvelles ! Le dernier méfait "Enlightenment" remonte à 2012, date à laquelle la bande avait commencé à marquer son empreinte sur la scène black symphonique russe. La plupart des combos de black metal qui naissent dans ce froid pays se dotent souvent d'éléments atmosphériques ou orchestraux, et le sextet s'oriente plutôt vers le dernier cité. On se souviendra de leur musique brutale, à cheval sur le death, très ambiancée et diversifiée, avec quelques légères touches cosmiques. Mais en cinq ans d'absence, la formation a eu le temps de changer. D'ailleurs, il y a eu du remue ménage dans le line-up. On se retrouve avec de nouveaux bassiste, guitariste et batteur, mais aussi avec un nouveau vocaliste. L'ancien Grey Heaven Fall Eazas a laissé sa place à l'omniprésent Demether Grail (ex-Armaga, Emerald Night, Arcane Grail et bien d'autres). Ceux qui s'intéressent un petit peu à la scène russe trouveront peut-être lassant de retrouver encore une fois le père Demether au chant.

Arcanorum Astrum revient donc fin 2017 avec "The Great One". Leur son redevient plus classique avec des thématiques blasphématoires et antichrétiennes. Il s'imprègne d'éléments death metal ("Tide of Plague") et varie aussi la palette vocale, bien plus que dans les opus précédents. Les orchestrations sont moins brutales mais plus virevoltantes, avec des mélodies souvent assez typiques du genre ("Invocation"). On est un peu moins surpris dans la forme, qui laisse plus de place à quelque chose de simple, moins enrichi, et moins cosmique. On a moins de prise de risque dans les ambiances (pas de touches cosmiques et pas d'éléments industriels) et plus de passages bourrins en blast beats censés nous décoiffer.

D'ailleurs, le piano a perdu son empreinte toute particulière qu'on retrouvait dans des pistes comme "Warrior of Darkness" ou "Path to Myself". Ici, "Asmodeus" le met en avant mais dans des tonalités plus occultes, et "The Great One" lui donne un rôle pour son introduction mais c'est Karl Sanders (Nile) en featuring qui prend beaucoup d'importance. Dans l'ensemble, il sera remplacé par plus de choeurs sombres comme sur "Zikkurat" qui ne fait pas dans la dentelle. Ces choeurs masculins sont accompagnés de riffs typiquement black et d'une grosse force de frappe. Arcanorum Astrum mise énormément sur l'agressivité pure de sa musique, mais cela mène inévitablement à quelques linéarités et une lassitude vers la fin de l'opus.

Il y a tout de même des moments sympathiques sur ce "The Great One". On apprécie certains passages brutaux qui défoncent tout sur leur passage, les mélodies et ambiances sataniques relevées par de bons arrangements orchestraux et la pluralité des vocaux, même si le registre du cri black n'est pas le plus maîtrisé et le plus intéressant. Mais on a du mal à reconnaître Arcanorum Astrum qui nous avait habitué à autre chose par le passé. Le changement de line-up a donc bel et bien eu un impact sur l'ensemble de l'oeuvre du groupe. Les amateurs du style black/death antichrétien aux touches symphoniques et aux consonances Behemoth devraient malgré tout y trouver leur compte. Pour ceux qui aiment la scène russe pour leur éclectisme, il y a aura une pointe de déception.