L’auteur de cette chronique est amateur de Black en provenance des US (et parle de lui-même à la 3ème personne, oui). Le pays de l’Oncle Sam est un terreau fertile pour pas mal de formations proposant une vision différente de l’art noir originaire du vieux continent (on pourra citer
Cobalt, WITTR,
Krallice parmi tant d’autres...). Alors quand ce dernier est tombé sur un dénommé
Tombs, originaire des terres de la « Scar-Spangled Banner », sa curiosité s’en est retrouvée piquée, d’autant plus quand l’objet incriminé est étiqueté « Avant-Garde » / « Post-Black ».
The Grand Annihilation est le dernier bébé en date d’un certain Mike Hill, tête pensante et principal compositeur de
Tombs si l’on en croit la bio de leur site, et fête l’entrée du groupe chez MetalBlade Records (après 4 Full-Lenght et un EP chez Relapse, ça commence à faire au compteur). Le concept de la bête, auquel l’album doit son titre particulièrement fringant et original pour un groupe de
Metal, puise ses racines dans la mythologie Hindou : la déesse Kali (ou Kali Ma) détruisant l’univers pour mieux préparer la venue du nouveau monde et sur un autre plan plus introspectif, la destruction de son soi intérieur pour renaître. Pour votre chroniqueur favori, cela évoque plutôt la fois où ce dernier, alors âgé de 4 ans, avait laissé son élevage d’escargots sous le soleil du midi, un jour de grande chaleur estivale. Mais chacun ses références, pas vrai ?
« Et musicalement, ça donne quoi ? »
La recette est simple : prenez une pincée de
Rotting Christ (période post-Theogonia) en maison de retraite, une pointe de
Triptykon caricaturé au possible, une production lissée et impersonnelle, des paroles indignes de mon petit cousin Emo de 13 ans (que j’irai flageller après, parole de pingouin scout) et vous aurez une petite idée de ce que vous pourrez trouver sur ce Grand
Annihilation.
Pourtant, ça commençait pas si mal avec un petit blast-beat des familles (histoire de montrer qu’on en a dans le caleçon) sur
Black Sun Horizon, un torrent de guitares avec le petit trémolo épique qui va bien, on en enchaîne sur un mid-tempo pesant et un gros hurlement dans ta face avant de reprendre à toute berzingue avec un arrière feeling presque Behemothien (ces arpèges en fin de morceau sonnant un peu trop comme le final de « O Father! O
Satan! O Sun! »). Mais ça se gâte déjà un peu, l’horizon est couvert, notamment à cause de cet espèce de riff sludgy qui s’intègre assez mal au morceau... Passons.
La suite consiste en un enchainement de morceaux plutôt mid-tempos aux riffs un tantinet biscornus (
Cold par exemple) mais souvent assez convenus et pauvre d’inspiration (la triplette
Old Wounds,
November Wolves et
Underneath). Si Mike Hill éructe sur les premiers titres et présente un chant Black/Death plutôt convaincant, c’est la catastrophe lorsqu’il s’essaie au chant clair (et ça ne date pas d’hier, pour m’être aventuré à écouter ce qui se faisait sur les opus précédents). L’exercice va même jusqu’à desservir le propos : les titres à ambiances et teintés «
Dark Metal », se voulant moins rentre-dedans comme la Black’n’Roll
Underneath (ou blague’n’roll ! Qu’est-ce qu’on se marre...), Walk With Me In
Nightmares ou encore Way Of The Storm s’en trouvent complètement ruinées (mais hilarantes, je dois l’avouer). Walk With Me In
Nightmares est un véritable sketch (si on demandait à une personne quelconque dans la rue de faire une imitation d’un morceau de
Metal, c’est probablement ce titre qui verrait le jour). Non, sérieusement, prenez votre plus belle voix de maître du Donjon diabolique et chantez avec moi : “The moon is low in the skyyyyy. Across the cosmic oceaaaan, across the deep blue seaaaaa.”
Seulement, le bât blesse également du côté instrumental avec des riffs et des morceaux interminables ; d’accord c’est le côté Post-
Metal/Sludgy qui parle, ça donne un côté hypnotique, ça symbolise la lente agonie du monde avant son inexorable fi... Balivernes ! 2 minutes de Walk With Me In
Nightmares c’est déjà 2 minutes de trop, 6 minutes de
November Wolves avec ses riffs simplistes et déjà vus un bon millier de fois dans l’histoire du
Metal, dehors ! La production n’aide pas vraiment non plus : convenue, trop lisse, elle manque d’identité et sonne comme celles de la moitié des groupes de Black 2000’s, l’authenticité et le côté « true, dirty & roots » en moins.
Ce qui m’attriste le plus, c’est que les bonnes idées côtoient des fautes de goûts énormes et le manque d’inspiration : certains riffs/leads poutrent et rendent des morceaux intéressants (
Black Sun Horizon,
Old Wounds, la fin de
November Wolves...) mais la plupart du temps
Tombs se perd dans ses morceaux et son propos, là où il est plus souvent efficace en étant rentre-dedans. Le très mauvais (
Underneath, Walk With Me In
Nightmare, Saturnalian,
Temple Of Mars) rend le tout assez fade et sans véritables surprises, si bien qu’on finit par s’ennuyer avant même d’avoir atteint la fin de l’album (ce qui n’est pas plus mal, puisqu’il semble que Hill ait perdu toute inspiration passé les 4 premiers titres).
The Grand Annihilation n’est pas totalement raté et possède de bonnes idées, mais laisse un arrière-goût d’œuvre prématurée, voire bâclée, en bouche. L’auditeur pressé passera rapidement son chemin alors que celui avertit s’ennuiera. La production empêche le tout d’être cohérent et accrocheur, quand le chant clair ne se charge pas de vous achever à grands coups de fou-rires. On sent les influences nombreuses (avec de bonnes références) mais trop mal intégrées, rendant le tout indigeste.
Le mieux reste encore de vous faire votre propre idée (l’album est disponible en streaming un peu partout). Peut-être suis-je passé complètement à côté de ce
Tombs.
P.S. : je n’ai pas parlé de la pochette de l’album on purpose, parce qu’on va pas se fâcher, pas vrai ? Mais si quelqu’un peut m’expliquer le rapport entre un guerrier spartiate, la déesse Kali Ma et la lune qui est basse dans le ciel, je suis preneur.
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