S'attaquer à un groupe comme
Sikth, c'est comme essayer d'abattre une montagne. Il est indéniable que les anglais ont marqué au fer rouge les genres que sont le mathcore ou le Djent,
Sikth, c'est la pure folie en parfaite harmonie avec une douce mélancolie. "
The Trees Are Dead and Dried Out Wait for Something Wild " et "
Death of a Dead Day " ont tous les deux été encensés par la critique, mais c'est à partir de leur split-up que leur légende à réellement pris vie.
Sikth est devenu une véritable référence et source d'inspiration infinie pour des groupes comme
Animals As Leaders,
Tesseract,
Periphery,
Textures ou encore
Protest The Hero ... en bref, tout le Djent qu'on connait aujourd'hui.
Leur retour avec "
Opacities " en 2015 était attendu au tournant. Un retour triomphal ?
Pas tellement, mais il était évident que cet EP était un avant-gout de quelque chose de bien plus ambitieux en cours, et ce quelque chose se nomme " The Future In Whose
Eyes ? "
Disons le tout de suite, c'est un album très spécial, dans le bon sens du terme. L'album démarre sans intro, sans fioritures, avec le premier trio surpuissant de "
Vivid ", "
Century Of The Narcissist ? " et " The
Aura " .
Trois Titres démontrant la technique et la forme olympique des anglais. Mike Goodman et Joe Rosser (le nouveau chanteur après le départ définitif de Justin Hill) forment un duo monstrueux, mélangeant le chant clair, le scream, et les chants saturés complètement barrés.
La production est irréprochable, à la fois intense et claire. C'est le légendaire Adam " Nolly " Getgood de
Periphery ( S'il est encore utile de le présenter ... ) qui s'est occupé du mix et du mastering, sa réputation est assurée depuis quelques temps maintenant, et il n'est pas étonnant que les plus grands fassent appel à lui tant son talent de l'enregistrement touche du doigt la perfection.
La structure de l'album se découpe en trois parties, séparées par trois interludes vocaux: " This Ship Has Sailed ", " The
Moon's Been Gone For Hours " et " When It Rains ". Et c'est ici que se trouve la force de l'album, là où le premier trio était composé de petite perles de violence, le deuxième et le troisième sont eux aussi dans des ambiances totalement différentes. " Weavers Of
Woe ", " Crack Of Lights " (avec Spencer Sotelo de
Periphery, qui fait un sans faute) et " Golden Cufflinks " sont dans une ambiance beaucoup plus technique et Math Rock, il y a un tas d'information, que ce soit dans les guitares ou la batterie, et Mike Goodman est majestueux dans ce trio. Ces trois chansons sont le deuxième pas dans l'avancée de l'album, un pas de plus dans la démence.
La démence, le troisième trio. Composé de " Riddles Of Humanity ", " No Wishbones " et " Ride The
Illusion ". Ces trois titres sont un peu moins violents, peut-être un peu moins techniques, mais possèdent une
ambiance complètement malsaine et un arrière goût de folie de l'esprit qui a fait la renommée du groupe.
Que dire de cet album ? " The Future In Whose
Eyes ", c'est l'autopsie d'une époque où devenir fou, perdre son futur de vue, et mettre en arrière plan sa propre personnalité est devenu presque normal. C'est une longue descente de la colère vers la démence, racontée par des musiciens au paroxysme de leur art. Ce qui est certain, c'est que
Sikth, au fur et à mesure des années, ont été touché par la sagesse, ce qui a rendu leur musique bien plus intense et maitrisée. Cet album est doux et dérangeant, Violent et mélancolique.
Sikth est de retour, plus dément et sage que jamais.
Après tout, c'est la sagesse qui donne un sens à la démence.
17/20
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire