Parfois, alors que l’on ne s’y attend pas, certains groupes sortent de nulle part avec une technique et une envie d’en découdre qui font chaud au cœur – et aux tympans. Les amateurs de Heavy mélodique à la
Sonata Arctica (entre autres) ont pu, pour la plupart, apprécier au début 2010 l’excellent « Easton
Hope » livré par les Allemands de
Orden Ogan. En parallèle, un disque du même genre voyait le jour, en Italie cette fois, sous la bannière du groupe
Synthphonia Suprema. Je veux bien sûr parler de « The Future Ice-Age ».
Des groupes de Heavy mélodique (j’y inclus un peu arbitrairement le
Power mélodique et le Speed, on y retrouve énormément de caractéristiques semblables selon moi), on peut en ramasser à la pelle de nos jours, alors si l’on ne fait pas partie des leaders du genre et que l’on désire obtenir une certaine reconnaissance, il peut être important de se construire une identité musicale propre et facilement reconnaissable. Si
Orden Ogan a dans ce but opté pour l’utilisation d’une vraie chorale pour les chœurs épiques, les
Synthphonia Suprema ont, eux, adopté l’utilisation de nappes de synthé typées Electro en guise de marque de fabrique. Certains d’entre vous, en lisant ces lignes, penseront peut-être à Dol’ Ammad, groupe originaire de Grèce qui a eu la même idée. Toutefois, cette dernière formation reste musicalement très éloignée de nos Italiens tant vocalement que dans la composition.
On rapprocherait plutôt le groupe de
DragonForce à la première écoute, le côté supersonique et démonstratif en moins. En fait, suivant les morceaux, on aurait tendance à également rapprocher
Synthphonia Suprema de deux autres formations :
Rhapsody pour certains refrains, et
Stratovarius par moments. Heureusement que la prod’ n’est tout de même pas trop assimilable à celles de ces formations, parce que l’héritage des ancêtres c’est bien, mais il faudrait voir à ne pas dépenser tout au même endroit et à y mettre un peu de sa poche tant que l’on y est. Du point de vue de la composition, c’est franchement de très bon niveau (« I,
Storm », «
Phoenix’
Return », « Electrodoom », la belle
Power-ballade « Synthetic
Aurora » sur laquelle, d’ailleurs, chaque membre y met enfin réellement du sien …), mais, musicalement, on ne peut pas dire que le groupe soit reconnaissable entre mille. En ce qui me concerne, j’ai un peu de mal à comprendre pourquoi l’idée d’inclure des sonorités électroniques n’est qu’effleurée ! On pourrait obtenir tant d’ambiances, de sons intrigants ou, au contraire, amusants, mais on se cantonne souvent à un type de son, une simple nappe Electro pas très originale, qui joue un air parallèle à celui de la guitare. Le rendu est certes sympa, mais il est possible d’aller plus loin, ô combien plus loin.
Heureusement, les lignes vocales ont été confiées à un chanteur qui connaît manifestement assez bien son boulot, offrant une certaine fraîcheur avec une voix claire au timbre agréable, parfaite pour mettre en valeur des refrains qui vous restent en tête assez rapidement.
Nous avons également affaire à des musiciens de niveau respectable, surtout en ce qui concerne le batteur, très carré, et pareillement pour le bassiste – bien que la prod’ ne le mette pas franchement en avant… Si la guitare est, elle, plutôt à l’avant plan, on ne peut pas prétendre que son apport soit conséquent, se contentant de jouer les compos sans s’enrichir d’un feeling personnel, ni de soli marquants. Attention, c’est propre et sans faute de goût, agréable, mais pour les prises de risques on pourra repasser.
Cela étant, il est clair que l’écoute de ce disque reste un très bon moment à passer, sans temps morts, et que l’amateur du genre ne devrait dans la majorité des cas pas regretter l’achat de « The Future Ice-Age ». Je n’en démordrai toutefois pas : maintenant qu’ils ont posé les idées sur le papier, qu’ils ont les armes en main et le niveau, il faut en mettre un coup et nous pondre un album plus varié, plus surprenant à tous points de vue, car dans le cas contraire la formation pourrait vite devenir assez indigeste, et vu le potentiel, je ne leur souhaite vraiment pas pareil sort. Bonne chance à eux, en espérant qu’une aire glaciaire ne fait pas partie, musicalement parlant, de leur futur.
14/20
Il faudra que je réécoute...super chronique, comme toujours ;)
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