En cette première partie de l'année 2010, d'anciens membres d'
Aborted : BST (guitare) et Daniel Wilding (Batterie) renaissent de leurs cendres et se joignent à l'actuel bassiste d'Ackercocke (Pete Benjamin) et à un ancien membre de
Cradle Of Filth (James McIlroy) afin de s'unir sous une nouvelle bannière de black death metal : "
The Order Of Apollyon".
C'est par le biais de Listenable Records que cette première offrande musicale,"
The Flesh", voit le jour et autant vous le dire tout de suite, le quatuor n'est pas là pour expérimenter ou faire dans la fantaisie. Les messieurs ont de l'expérience, des moyens et du talent et ils vont mettre le tout à profit, tout au long de la dizaine de titres composant ce premier opus, nous offrant un son puissant, des blasts ravageurs, des riffs lourds et des growls variant d'une tonalité Death à une tessiture Black avec une grande facilité, le tout offrant une atmosphère imposante, mais pas dépourvu d'une certaine mélodie.
Si certaines formations jouent la carte de la violence à outrance, parfois pour cacher un manque d'inspiration, ou d'autres, dénaturent quelque peu l'essence du genre à cause d'un thème central parfois trop mis en avant, donnant alors un aspect progressif ou expérimental à la musique, on peut dès lors constater que TOOA a su faire la part des choses.
Une ligne directrice est bien présente, ce qui lors des premières écoutes peut s'avérer un peu décourageant étant donné que l'auditeur lambda aura du mal à discerner les différentes pistes les unes des autres. Ceci dit, cet effet s'estompe très vite et chaque titre parviendra à délivrer son message et son originalité tout en se faisant une place dans nos têtes sans que nous ayons besoin de nous forcer plus que ça, que ce soit grâce à des éléments extérieurs originaux ou tout simplement par le fait que les riffs sont de manière générale très entraînants sans pour autant tomber dans la facilité.
Dès l'intro "
God speaks", l'atmosphère principale de l'album, nous enveloppe sous les blasts de Daniel et les sonorités de guitare torturées offrent une belle entrée en matière et amenent judicieusement "Ich Bin Das Licht", celui-ci révélant un peu plus ce que sera le contenu de l'album par son refrain entêtant et sa rythmique imparable, ces deux points forts étant pour notre bonheur, un élément récurrent.
Si quelqu'un me disait qu'il voulait découvrir cet opus et me demandait quels sont les morceaux les plus jouissifs et entraînants, je le renverrais de suite vers "White
Dust" afin qu'il puisse profiter des élans vocaux de BST et du riff hypnotisant et de ses variations mélodiques mêlant alors la beauté à la brutalité. "
Never", serait également un bon choix pour une première écoute. Ici, les vocaux gardent l'aspect guttural en donnant parfois l'impression (très bien fichue) de toucher au chant clair. L'atmosphère est aussi propice à la mélodie brut de décoffrage que le titre sus-cité, bien que dans une ambiance plus sinistre, la violence s'élevant au milieu de la tristesse grâce à la lourde basse de Pete Benjamin et aux blast infatigables du batteur attitré.
À l'inverse, si quelqu'un désirait découvrir cet album par son aspect le plus violent, je le renverrais alors vers "Fifth" ou "Four Beasts". Le premier hausse le niveau de hargne d'un cran supplémentaire grâce à un chant tirant plus vers le black brutal et le rythme effréné et infatigable dans les guitares, ne ralentissant à aucun moment même pour le solo, doit être un vrai brise-nuque en live. Le second nous permettra d'apprécier le jeu de cymbale de Wilding à son juste titre à travers la barrière sonore du combo guitare/basse montrant que le titre porte bien son nom et que le quatuor doit avoir un côté bestial bien prononcé dans leur vie privée pour arriver à un mélange si équilibré.
Pour les férus d'atmosphères, je pense qu'ils trouveront aisément leur compte dans des morceaux comme "Word" où le riffing s'élance d'une superbe façon au milieu de chœurs très discrets (à écouter avec un minimum de qualité audio pour en profiter !). L'instrumental "Ex-Voto" amènera le titre final sur des sonorités macabres apportant alors l'élément sinistre qui manquait à la chose pour la rendre plus complète et permettra d'appréhender la fin sur de meilleurs bases afin de conclure cet album prometteur pour la suite.
"L'orgueil" et son riff tirant plus sur des sonorités black nous offrira un final à la hauteur du reste sur des lyrics en français, chaque membre du combo se donnant à fond sur son instrument respectif, offrant alors à l'auditeur un résumé de ce que fut l'album, mélangeant les sonorités et les rythmiques auxquelles nous avions eu droit durant la demie-heure précédente afin de conclure de manière presque ambiante cette première offrande qui s'annonce prometteuse pour la suite.
Nous pouvons donc dire que ce premier opus de TOOA est tout à fait valable pour un début. La brutalité laisse la place à la mélodie lorsqu'il le faut, sans que celle-ci ne vienne empiéter sur cette dernière. Les compositions sont carrées, sacrément bien fichues, laissant la place à une atmosphère lourde et impérieuse, la production renforçant cette impression tant elle est appropriée au style et rend le tout encore plus délectable.
On pourrait néanmoins regretter le manque d'un certain grain de folie qui aurait renforcé la puissance de l'album en terme d'ambiance et aurait affiné la pâte du groupe, le tout restant tout de même assez prévisible tout au long de l'écoute.
Pour ma part, j'attends une suite au tournant en espérant que le tout soit encore plus massif et dispose de ce petit quelque chose qui aurait pu faire de l'album un hit.
Valentheris.
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