Lorsque l’on se replonge dans le thrashmetal des années 80’s, on pense immédiatement à l’Allemagne ou aux Etats-Unis, mais pas instinctivement à la Suède, s’étant davantage affirmée peu avant les nineties sur une scène deathmetal en pleine effervescence. Parmi les rares formations thrash du pays ayant obtenu un contrat d’envergure lors de cette période, on retrouve fatalement
Agony, fort d’une signature avec la puissante écurie Music for Nations. Initialement formé à Stockholm sous le nom d’Agoni en 1984 autour du chanteur Peter Lündstrom, le groupe pratique a ses début une musique sous influence punk, partageant notamment l’affiche avec les crusties d’
Anti-Cimex ou MOB47, puis change légèrement son patronyme tout en s’orientant vers des sonorités foncièrement métalliques, lors de l’arrivée du batteur Tommy Moberg et du soliste
Magnus Sjölin, en renfort du guitariste rythmique Pelle Ström.
C’est grâce à sa démo-tape
Execution of Mankind parue en été 1986 qu’
Agony décroche ce fameux contrat avec le label britannique, désireux d’étoffer le catalogue speed/thrash de sa branche Under One Flag plus extrême, qui regroupe déjà de sacrées formations comme
Bathory,
Onslaught,
Nuclear Assault,
Dark Angel ou
Possessed (dont une majeure partie sous licence nord-américaine de Combat Records). Capturé au
Silence Studios en Suède durant la fin d’été 1987, le premier album de notre formation parait en tout début d’année suivante en vinyle et CD, alors que Pelle Ström présent durant les sessions ne fait déjà plus partie du line-up. Pour l’anecdote, le guitariste navigue ensuite dans diverses formations thrashmetal, avant de fonder plus précisément avec Rasmus Ekman le groupe
Comecon, qui accueillera en son sein de sacrés growler comme LG Petrov, Martin van Drunen et Marc Grewe (
Entombed,
Asphyx,
Morgoth).
Bref, retour chez
Agony et son album
The First Defiance, muni d’une célèbre peinture "The Great Day of his Wrath" de John Martin (1789-1854). Notre quintet y pratique un thrashmetal mâtiné de heavy/speed, sous influence directe de la redoutable scène Bay-
Area californienne, dont l’emprise est particulièrement forte durant cette seconde partie des eighties. On retrouve ainsi une couleur assez proche de
Metallica ou
Testament sur ces titres assez longs et alambiqués, dépassant généralement les cinq minutes. Notre formation bâtit ses compositions sur une recette globalement identique, faite de parties relativement techniques, de changement réguliers de tempo, de relances & d’accélérations bienvenues, d’une opposition adroite entre la guitare rythmique de Pelle Ström et les leads assez éclatantes de
Magnus Sjölin, de vocaux en rappel si chers à de nombreuses formations thrash, le tout avec le chant rageur de Peter Lündstrom. Le groupe nous livre ainsi des morceaux de bonne facture, pour citer le solide Storm of the
Apocalypse en ouverture, le titre éponyme tout aussi convaincant, le long
Execution of Mankind que l’on retrouve sur la terrible compilation Speed Kills vol.IV de Music for Nations, ou le nerveux Deadly
Legacy qui clôture idéalement l’album.
Si
The First Defiance renferme ainsi un thrashmetal solide pour metalheads,
Agony reste en revanche assez scolaire, reprenant fidèlement les codes des scènes thrash et heavy/speed de l’époque, sans cette étincelle ni cette singularité lui permettant de sortir du lot et de rester dans les mémoires, sa séparation assez rapide n’améliorant pas les choses. Pour son actif, rappelons que notre quintet reste l’un des rares groupes de Suède ayant réussi à exporter son thrash en dehors de ses frontières durant les eighties (aux côtés de Midas Touch ou
Hexenhaus), et rappelons également combien la concurrence est rude à cette époque, en témoigne le fameux double-LP Speed Kills vol.IV auquel la bande Peter Lündstrom participe, coincée rien que sur sa face C entre
Nuclear Assault,
Hexx et
Exodus, sans parler entre autres de Death,
Bathory,
Dark Angel,
Forbidden ou
Possessed, qui garnissent les trois autres sillions.
Fabien.
Merci pour la chro. Un disque que je découvre hyper tardivement et qui me plait énormément. Moi qui ne suis pas toujours fan des titres qui s'étirent, je ne m'ennuie pas une seule seconde ici, il y a toujours quelque chose pour relancer les morceaux (une rythmique par ci, un lead par là, une ligne de chant, etc.). Très belle surprise!
Oui Sam, un album de chevet pour ma part que je connais par coeur, parmi les disques les plus mésetimés qui soient.
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