En cette année 1986, la maison de disque américaine Combat Records, sort le premier EP d'un quintet de Thrash
Metal originaire de Baltimore. Cette formation répondant au nom de
Have Mercy ne trouvera jamais véritablement le chemin de ce succès tant escompté et finira par s'éteindre deux ans plus tard, en 1988, après une énième tentative infructueuse. Son chanteur, Lonnie Fletcher, et son guitariste, Nick Ellingson, bien décidé à forcer ce destin capricieux et cynique, feront le choix de se convertir à d'autres croyances. Pour ce faire, ils abandonneront leurs velléités agressives au profit de celles plus douces et mélodiques d'un Heavy Progressif très influencé par Queensryche,
Crimson Glory et, toutes proportions gardées, par
Dream Theater. Ce revirement est rendu d'autant plus facile que le vocaliste de ce collectif a quelques aptitudes non négligeables dans l'expression de cette voix aux aigus si singuliers et si naturelles nous évoquant immanquablement
Geoff Tate, Todd La Torre ou Tony Mills alors qu'il exerçait ses talents avec
Siam. Afin d'achever complètement cette mutation, complété par Cliff Saunders à la batterie, Jody Lewis à la basse et par Charles Parker aux claviers, ils renaîtront sous le patronyme d'
Enforce.
Une première demo sortira en 1990 mais là encore la reconnaissance tant espérée ne sera pas au rendez-vous. Une seconde sera bien composée en 1991 mais elle ne sortira finalement pas. L'oubli sera donc le cruel sort auquel
Enforce sera destiné.
Pas sûr.
En
Octobre 2013 le label Divebomb Records inaugure une série d'album dont l'objectif est d'exhumer de ce passé oublié quelques raretés méconnues afin non seulement, bien évidemment, de rendre hommage aux groupes et aux oeuvres en question mais aussi à la maison de disque Combat Records coupable de ses fameux vynil 33 tours ?, ou maxi 45, sortis dans la deuxième moitié des années
1980 (
Agent Steel,
Bathory,
Nuclear Assault,
Helloween...). Le premier disque de cette rétrospective nommée Divebomb Bootcamp Serie sera consacré au
Visions Of Towering Alchemy de Manta Ray. Tout naturellement viendra le moment de s'intéresser à
Have Mercy, et donc, par extension, à
Enforce auquel le label décidera de rendre justice en sortant un opus regroupant les deux uniques démos de ce collectif, agrémenté de quelques bonus.
The Final Sign sort finalement en cette année 2014.
Techniquement, le son quasi professionnel dont sont pourvus ces enregistrements est admirable. Rien n'indique, en effet, que nous sommes ici en présence de démo tant tout y est parfaitement maîtrisé d'un point de vue de l'équilibre.
Musicalement aucune surprise ne viendra nous bouleverser outre mesure tant nous évoluerons dans l'expression déjà décrite, inspiré par ces illustres précédemment cités. Le plaisir sera donc bien présent tout au long de ce voyage aux escales éminemment séduisantes. Citons, par exemple, I'll Walk Alone, Pleasure Of
Pain, le sublime À Time Of Change au refrain remarquable ou encore
Lonely Child qui sont autant de titres ou
Enforce démontrera tout l'étendu de son savoir-faire. Même So
Far Away, une "ballade" pour laquelle on aurait pu craindre le pire après un démarrage aussi mielleux, demeure suffisamment âpre pour nous convaincre.
En revanche on ne pourra que s'interroger sur la présence ici des morceaux Meet The Band et
Live on 98 Rock qui ne sont, en réalité, que de minuscule virgule à l'intérêt très limité. Même d'un point de vue strictement historique, elles n'apporteront que peu d'informations.
L'artwork de ce manifeste est l'œuvre de Steven R. Cobb à qui l'on doit, notamment, certains travaux comme ceux illustrant, par exemple, le superbe
Unholy War de Forté, le
Winter of Probator de
Savage Choir, le Fearfull
Symmetry des Suédois de
The Hidden ou encore le
Suffer My Wrath de
Killwhitneydead. L'artiste aura ici, une fois encore, laissé magnifiquement exprimé son talent et l'on ressentira parfaitement la détresse de ce séraphin à l'âge, visiblement, séculaire promis à sa fin laissant s'échapper un volatile vers un ultime salut illusoire matérialisé par un rai de lumière crevant les cieux de cette apocalypse. On notera aussi la présence d'un masque poupin et ivoirin fissuré, lui aussi, voué à une perte certaine prêt à être submergé par ces flots écarlates.
Avec un discernement implacable, et une justesse tout aussi fondée, d'aucuns n'ont de cesse de fustiger les attitudes excessivement rétrogrades d'une frange de vieux frondeurs nostalgiques au leitmotiv tatoué aux frontons de leurs esprits fermés. Cela étant quand le passé est aussi agréable que celui que nous offre
Enforce et
The Final Sign, il serait imbécile de se priver. En d'autres termes, avant n'était pas nécessairement mieux, mais c'était quand même pas mal...
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