Pour une surprise, c'en est une ! Juste avant la période épidémique ayant frappé l'Europe, Sybille Colin-Tocquaine et son bébé
Witches (aujourd'hui enrichi de Lienj - basse et guitare - et de Jo à la batterie) se rappellent au bon souvenir des thrashers. Toujours un peu dans l'ombre, sans jamais avoir sorti l'album qui tue, par manque de constance ou de régularité dans ses sorties fluctuantes au gré des changements de line-up incessants depuis sa première demo en 1988,
Witches avait déjà bien surpris son petit monde avec
The Hunt, sorti plus qu'honorablement en 2015, et aussi avec la box éditée par Mighty
Spell Records il y a 3 ans, belle rétrospective de la carrière mouvementée des sorcières, adeptes d'un thrash direct à l'allemande (comprendre pas loin d'un
Destruction, avec un son moins gonflé) redevenu sans concession.
Timing parfait pour ce
The Fates, enregistré cet hiver et sorti juste après le hiatus rendu obligatoire par le confinement. Destin quand tu nous tiens.
Pas encombré par des sorties majeures dans le genre, loin s'en faut, le trio de thrashers semble avoir enfin le petit coup de pouce qui va bien. A l'image de certains albums thrash parmi les plus fameux,
The Fates dure moins de 30 minutes, est composé de 9 morceaux concis, bien speed, furieux et revanchards, portés par l'organe braillard de notre sorcière préférée. Jusque là, rien de vraiment nouveau. La surprise vient de la cohésion du trio, qui pond ici des missiles parmi les plus efficaces de sa carrière, sans la linéarité ou l'inconstance qu'on a pu trouver parfois par le passé. "
Off the
Flesh" et ses contours blastés, l'introductif "We Are" au refrain fédérateur (en écoute ci-dessous), le direct "Damned
Skin Is Mine" et son pont terrassant, possèdent cette force de frappe qui a souvent manqué au groupe.
Plus du tout dans l'ombre de son frère (pour les incultes, Alex d'
Agressor), Sybille et son
Witches n'ont sans doute jamais sonné aussi solides que sur ce disque. Une vraie surprise, tant on attendait pas le trio à ce niveau.
The Fates comporte, au delà de son menu principal assez fourni, des plages plus surprenantes, comme sur "Black From
Sorrow", au refrain scandé très réussi complètement raccord avec le groupe et son thème général, donnant une dimension presque blackmetal aux lignes de guitares, fusionné avec les blasts de Jo et la voix déclamatrice de Sybille, donnant à ce titre une coloration bienvenue. Un très bon point au cœur d'un album très rentre-dedans dans son rendu frénétique ("
Off the
Flesh" que n'aurait pas renié le
Holy Moses le plus furieux), même si les petits leads du vicieux "
Feared And Adored" ou le côté entraînant du plus mélodique "Let Stones
Fall" (enfin, pour
Witches, hein, car on est loin du
Kreator le plus récent) amènent diversité, intérêt et durée de vie à
The Fates.
Comme l'ensemble des 9 titres sont d'un niveau constant, et que l'impact ne faiblit guère (allez, un "Last Wishes" plus commun, quand même) jusqu'au furibard "Death in the Middle
Ages" qui termine de belle façon l'album, façon crescendo abrupt. Fort d'une production sèche mais adaptée au propos du trio, et d'une pochette bien plus inspirée que à quoi Sybille nous avait habitué par le passé,
The Fates se place directement parmi les disques thrash les plus passionnants en cette pauvre année 2020. Sans doute le meilleur de Sybille and co, en plus de 30 ans d'existence. Et, soit dit en passant, c'est plus que mérité pour la persévérante musicienne qui peut espérer ainsi un vrai retour sur un album au destin bien né, bien distribué, qui n'a pas à rougir face à la concurrence actuelle, et qui mérite toute l'attention des fans de thrash incisif.
En effet, et c'est d'autant plus remarquable que pas grand monde (et moi non plus) n'en attendait garnd chose, à priori. Bien vu, c'est corrigé. Il mérite le 16, et finalement, si la durée peut paraître un poil courte, l'album étant assez dense, ce n'est pas gênant.
Bonne chronique qui donne envie. je connaissais de nom uniquement, mais là il va falloir allez explorer cet album.
Album acheté sitôt une chro ! Bien Jéjé ! Je te l'avais dis que c'était une bombe ce skeud ! Hé hé ! Retour flamboyant pour ce groupe français mythique !
Merci pour la chro poto ;)
Pour "Fan de trash incisif" tu as dit? Eh bien, je sens que cet album ne va pas tarder à être mien! Merci pour la découverte.
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