La création musicale en générale se heurte souvent à l'heure actuelle à une sorte de dilemme, à savoir que faire à l'heure où rares sont les voies inexplorées, soit s'inscrire dans une mouvance, une sorte de ces catégories décrites et bien définies, afin de s'adresser à un public précis et du coup les toucher facilement, via des labels undergound spécialisés, soit poursuivre un chemin plus tumultueux et souvent poussif initialement pour essayer de se trouver une position, en étant à peu prés partout cohérent sans être jamais tout à fait à sa place...
Ainsi pour les canadiens de
Bushwhacker, malgré le background « embierré » de leurs photos qui pourraient les faire passer pour le premier combo de revival-thrash venu, voir pour du crossover à la
Municipal Waste, les multiples influences évoquées :
Tool,
Meshuggah, Pink Floyd, Jethro Tull,
Mayhem,
Yob,
Gojira, Al Di Meola,
Led Zeppelin, Gustav Holst et j'en passe, rendent compte de manière franche que c'est plus compliqué que ça et que l'on est dans cette mouvance de metal progressive mais extrême qui sort régulièrement des groupes plus ou moins inspirés...
Les canadiens n'en sont pas à leur coup d'essai puisqu'ils ont déjà sorti un album et un EP méritants dans un registre plutôt sludge, mais qui ne leur ont pas permis de passer le cap de trouver un label et c'est encore de manière autoproduit que ce « The False Dilemma » se retrouve sur le marché. Les éléments menant vers un certain professionalisme de production sont toutefois présents avec un artwork bien conçu et intéressant, et un enregistrement dans un studio professionnel.
La mixture est donc un ensemble de metal extrème aux influences tour à tour death metal, black metal voir thrash metal et de choses plus heavy. L'ensemble est plutôt porté sur les riffs, avec assez peu de soli et un coté technique qui est plus mis au service de ceux ci qu'envahissant leur bonne marche.
Les influences variées rendent l'ensemble assez hétérogène avec des compos arrache-tête par headbang interposé comme «
Tower » ou «
Dead's Man Waltz » et des choses bien plus posées comme sur le très post « The
Return » assez Neurosien qui aurait tout à fait sa place chez un « A
Storm of Light » par exemple, avec un petit coté Joe Duplantier dans la voix. Deux morceaux instrumentaux seront également là pour démontrer un surplus de variation là où le très thrash « Shikadance » sonne plus maladroit mais est rattrapé par un solo de guitare plutôt convaincant.
Pour un groupe auto-produit, les petits gars de
Vancouver, mais natif du Yukon, cette province montagneuse qui touche l'
Alaska, en ont sous la pédale en terme de technique, avec une section rythmique très précise et des guitaristes plutôt tranchants, ce qui leur permet de servir au mieux leur propos, et de donner une certaine profondeur à leur musique. La voix est par contre nettement plus convenue et si elle bien en place et cohérente avec le style, elle n'apporte pas de vraie dimension supplémentaire à une musique, qui ne parvient pas tout à fait à passer le cap du morceau vraiment marquant.
Bushwhacker se pose donc avec cet album, comme un outsider véritable de la scène extrême, qui mérite encore probablement de mûrir un peu leur propos car avec toute la variété d'influences qu'ils supportent, trouver une voie propre n'est pas une sinécure. S'il n'y a pas de quoi leur prédire à coup sùr un avenir radieux, cet album possède les éléments pour leur porter une oreille attentive et probablement leur offrir un soutien mérité, car derrière l'apparente décontraction, il y a du talent à revendre...
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