The Failing Light

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10/20
Nom du groupe Season's End
Nom de l'album The Failing Light
Type Album
Date de parution 2005
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1.
 Touch
 08:31
2.
 Ghost in My Emotion
 06:29
3.
 One Sadness
 10:05
4.
 Innocence
 05:15
5.
 Nothing After All
 07:51
6.
 Celestia
 09:43

Durée totale : 47:54

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Season's End


Chronique @ ericb4

10 Mars 2018

Une délicate et sensuelle mais inégale esquisse...

Suite à leurs deux discrets EP « These Are Blacker Times » et « A Tear Away from Sadness » sortis il y a cinq ans déjà, le collectif britannique n'a pas abandonné le navire. Au contraire, il revient dans la course plus boosté que jamais, ayant élevé d'un cran le niveau de ses exigences non seulement quant à la qualité de la production d'ensemble mais aussi à la lumière de leurs compositions et de leur jeu d'écriture, bien plus affinés qu'ils ne le furent jadis. Et ce, à l'instar de ce tout premier album full length répondant au nom de « The Failing Light » ; auto-production où s'enchaînent sereinement 6 pistes de longue durée sur un parcours auditif de 48 minutes. On comprend que, depuis leurs débuts en 1998, de l'eau a coulé sous les ponts...

Tout d'abord, de sérieux changements de line-up se sont opérés, ce qui n'a pas été sans effets sur l'évolution stylistique du projet. Cette formation initialisée par Tim Gifford-Hull (guitare et chant) et Danny Russel (guitare) a vu la soprano et violoniste/violoncelliste Becki Clark et le vocaliste/guitariste/bassiste/claviériste David Stanton (Dendera, Tempus Fusion, ex-Sorcerer's Spell...) prendre les commandes ; les pères fondateurs jouant alors, tout comme Matt Marriage, le rôle d'auteurs/compositeurs de support sur la majeure partie de l'opus. Dorénavant, escortés par Dave Smith aux claviers et Paul White (ex-Blitzkrieg, ex-Reign Of Erebus) à la batterie et aux percussions, et ayant également sollicité les talents de la violoniste Laura Moors sur l'une des pistes, nos acolytes ont conféré une coloration différente à leur message musical. Ce faisant, le quartet nous entraîne au sein d'un panel de pistes sensuelles, au cheminement mélodique infiltrant.

Soucieux d'asseoir confortablement le chaland à bord du vaisseau amiral, notre équipage a passé au peigne fin sa logistique et assaini son espace sonore. On comprend que l'ingénierie du son n'a pas été laissée pour compte, loin s'en faut. D'une part, coproduit et enregistré aux Pale Cow Studios par le groupe lui-même en collaboration avec Dean Cracknell, l'opus ne laisse filtrer que de rares notes résiduelles. Mixé par Adi Winman à The Lodge et mastérisé par Clive Cherry au Tongue and Groove, le manifeste nous octroie une belle profondeur de champ acoustique et un ajustement de bon aloi entre lignes de chant et instrumentation. Parallèlement, un habile usage de la palette graphique inscrit l'oeuvre dans une démarche originale et circonstanciée. Ainsi, l'esquisse d'une main tendue et d'un visage quasi transparents se superpose à un apaisant paysage maritime ennuagé, à l'image du titre de la rondelle. Artwork relevant de la patte de Kevin Ashworth, assisté par Alex Stockwell quant au concept de la jaquette et par Mark Higgins pour la partie photographie. Au vu de ces indices, le groupe semble avoir mis les petits plats dans les grands...

A la lumière de cette livraison, nos quatre gladiateurs se sont progressivement rapprochés d'un rock'n'metal atmosphérique gothique et mélodique aux relents symphoniques et progressifs au détriment d'un doom ambient estampé Avrigus ou d'un dark gothique dans la veine de Draconian, bien plus présents sur leurs précédentes offrandes. Aussi se côtoient des courants d'influence aussi éclectiques que savamment harmonisés. On y retrouve des sonorités gothiques dans la mouvance de The Gathering ou Autumn (seconde mouture), une touche symphonique dans la lignée de Nightwish, une coloration mélodique dans le sillage de Xandria, avec un zeste atmosphérique emprunté à One Without. Il s'agirait là davantage d'une graduelle évolution de style qu'un changement de fond par rapport à ce que furent leurs premiers pas doom et atmosphérique gothique.

Là où le combo parvient le plus naturellement à nous retenir plus que de raison sans avoir à forcer le trait concerne les plantureuses pièces en actes gothique prog. Jouant sur les contrastes atmosphériques à la manière de The Flaw avec des relents symphonico-gothiques dans la lignée d'un Nightwish à l'époque de « Angels Fall First », l'envoûtante fresque « Touch » en est une première illustration. En outre, d'opportuns et saisissants ponts technicistes s'intercalent entre de savoureux espaces oratoires dispensés par la déesse qui, eu égard à d'enchanteresses envolées lyriques aux faux airs de Tarja, nous embarque tout de go pour ne plus nous lâcher. Charismatique empreinte vocale mise en habits de lumière sur un refrain immersif à souhait et que pourraient bien leur envier leurs pairs, y compris leurs maîtres inspirateurs. Dans cette mouvance, on n'éludera pas davantage le plantureux et mélodieux low tempo progressif « Celestia », à la fois pour ses couplets finement ciselés relayés par de fondants refrains qu'au regard de ses soudaines accélérations. Investi par un duo mixte en voix claires bien assorti et évoluant à l'unisson, ce complexe et sensible effort conjugue savamment le Yin et le Yang. Les 10 minutes du méfait aussitôt écoulées qu'on remettrait le couvert... Tout comme celles de l'enivrant « One Sadness », titre polyrythmique dans la veine de Xandria. Une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées entretenue par de délicats arpèges au piano...

Dans une visée atmosphérique gothique et progressive, si le groupe nous réserve encore quelques surprises, l'art semble ici moins naturel, et parfois déconcerte. Ainsi, à mi-chemin entre One Without et Autumn, « A Ghost in My Emotion » décoche ses riffs saccadés alternativement à un fluide picking à la guitare acoustique. Si le refrain, enjolivé par d'angéliques volutes, tire son épingle du jeu, l'enchaînement avec ses couplets adjacents reste, lui, plutôt flottant. Etat de fait qui en atténue d'autant l'effet. D'autre part, si les suites d'accords s'avèrent délicatement échafaudées et l'atmosphère un tantinet orientalisante, la sente mélodique empruntée, quant à elle, témoignant pourtant de fines oscillations, trahit également d'éprouvantes linéarités sur les ponts. Dans cette énergie, le magnétique refrain de « Nothing After All » s'imposera de lui-même dans nos tympans alanguis. En outre, lorsque le convoi instrumental s'emballe, il nous secoue pour mieux nous aspirer en son sein. Mais quand il s'engage dans de technicistes conjectures, que les variations rythmiques se font incessantes, et parfois malhabiles, le risque d'une désaffection précoce guette.

Lorsqu'il nous mène en d'intimistes moments, le collectif britannique n'a tari ni d'élégance, ni d'esthétique mélodique, même si certaines irrégularités viennent quelque peu assombrir le tableau. D'une part, la très lente introduction instrumentale de « Innocence », sulfureuse et sensuelle ballade atmosphérique, pourrait avoir raison d'une oreille distraite ou empressée. Par ailleurs, si l'on apprécie les fines modulations de la sirène ainsi qu'une belle gradation du corps orchestral à mi-morceau, on déplorera la brutale césure à laquelle succéderont quelques gammes au piano une bonne minute avant la clôture de l'acte. Bref, un secteur non sans inspiration mais dont les finitions restent à parfaire.

Au final, on effeuille une œuvre pléthorique en arrangements, jouissant d'une qualité de production difficile à prendre en défaut, mais qui doit se laisser le temps de l'assimilation, notamment pour des pavillons non avertis. Le combo a également veillé à varier ses atmosphères, diversifier ses phases oratoires et instrumentales, pluraliser ses exercices de style, tout en témoignant d'un réel potentiel technique et d'un sens mélodique que d'aucuns pourraient lui envier. Cependant, il leur faudra gagner encore en épaisseur artistique, assainir les finitions et les enchaînements intra pistes pour espérer s'imposer dans un registre aussi concurrentiel que le leur. De plus, éradiquer d'alourdissants passages technicistes, évacuer d'ennuyeuses zones de remplissage, et gagner en dynamique percussive contribuerait à fluidifier leur propos, et donc à le rendre plus impactant qu'il ne l'est. Quelques erreurs de jeunesse qui, selon votre humble serviteur, s'effaceront pour laisser place à un message musical moins lacunaire et plus rayonnant. Du moins, on ne peut que le leur souhaiter...


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