Emanant de la mythologie grecque,
The Erinyes, également connues sous le nom de Furies dans la mythologie romaine, sont trois déesses de la vengeance et du châtiment. Par assimilation, ces divinités se voient incarnées par trois chanteuses expérimentées issues de la scène metal, ici venues conjuguer leurs talents. Aussi, fusionnent les empreintes vocales de : Nicoletta Rosellini, des groupes de metal symphonique italiens
Walk In Darkness et
Kalidia ; Justine Daaé, du groupe de metal alternatif et industriel français
Elyose ; Mizuho
Lin, du sextet de dark symphonique brésilien
Semblant. A ces trois déesses s'adjoignent quatre musiciens aguerris, dont : Aldo Lonobile (
Secret Sphere,
Archon Angel,
Edge Of Forever...), aux guitares ; Andrea Buratto (
Eternal Idol,
Secret Sphere,
Hell In The Club...), à la basse ; Michele Sanna (
Sunstorm,
Coma, ex-Shardana...), à la batterie ; Antonio Agate (
Timo Tolkki's Avalon, Sweet Oblivion, ex-
Secret Sphere...), aux claviers. Ainsi constitué, le septet nous livre ici son introductif album full length, éponyme du nom du groupe, signé chez le puissant label italien Frontiers Records.
Message fort serait ainsi lancé à la concurrence d'où qu'elle vienne.
A l'instar des douze pistes de ce concept album aux lignes mélodiques aussi entraînantes qu'épurées et à la technicité instrumentale éprouvée, la troupe nous immerge dans un projet rock'n'metal mélodico-symphonique aux relents pop, cinématiques et opératiques, non sans rappeler
Delain,
Beyond The Black,
Xandria,
Elvellon,
Exit Eden, Volturian et
Walk In Darkness. Produit par Aldo Lonobile, le méfait jouit d'une qualité d'enregistrement ne laissant pas transparaître l'ombre d'une sonorité résiduelle, bénéficie parallèlement d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, tout en offrant une saisissante profondeur de champ acoustique. S'y ajoutent des arrangements orchestraux de fort bonne facture et des finitions passées au crible. Tous les voyants seraient donc au vert pour nous embarquer dans une croisière en eaux limpides à la profonde agitation intérieure, ponctuée, espérons-le, de quelques terres d'abondance...
Le combo semble doté d'une rare faculté à concocter ces arpèges d'accords aptes à nous retenir plus que de raison, à commencer par ses passages les plus enflammés. Ainsi, passée la brève, soyeuse et somme toute répétitive entame oratoire, «
Life Needs Love », servie par un trio en parfaite osmose, c'est un déferlement de hits en puissance qui attend le chaland. Ce qu'atteste, tout d'abord, l'entraînant et ''delainien'' «
Drown the Flame » eu égard à son refrain catchy mis en exergue par les chatoyantes impulsions des trois sirènes. Un headbang bien senti sera également décoché sur « Death by a Broken
Heart », solaire, organique et invitant effort pop metal dans le sillage de Volturian, comme sur « It's Time », pimpant et ''xandrien'' manifeste à l'inaltérable dynamique rythmique et à l'enveloppante mélodicité. Enfin, se calant tous deux sur un infiltrant cheminement d'harmoniques, et non sans rappeler
Exit Eden, ni l'aérien «
Betrayed » ni l'engageant « My
Kiss Goodbye » ne sauraient davantage être éludés.
Lorsqu'il ralentit un tantinet la cadence, le vaillant collectif trouvera à nouveau matière à aspirer le tympan. Ce que prouve, d'une part, « On My Way to Love », mid tempo dans la veine de
Beyond The Black, au regard de ses enchaînements intra piste ultra sécurisés et de son refrain immersif à souhait, mis en habits de lumière par l'inspiré trio de déesses. Dans cette énergie, on pourra encore se laisser porter par les vibes enchanteresses insufflées par le ''delainien'' « Where Do We Go », tant pour ses sensibles gammes au piano et ses riffs félins que pour la fine ciselure de ses couplets. Non moins fringant, livrant d'insoupçonnés changements de tonalité et encensé à son tour par les suaves volutes de trois interprètes bien habitées, l' ''elvellonien'' mid/up tempo syncopé « Someday » recueillera non moins l'adhésion du chaland. Et comment ne pas se sentir happé par le grisant paysage de notes exhalant des entrailles de « Take Me » ? Doublé de délicates rampes pianistiques, ce charismatique mid/up tempo au carrefour entre
Walk In Darkness et
Delain laissera non moins des traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon.
Quand ils en viennent à tamiser leurs ambiances, nos acolytes se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre, en premier lieu, «
Paradise », ballade romantique jusqu'au bout des ongles, que n'auraient reniée ni
Exit Eden ni
Xandria. Greffé sur une sente mélodique, certes, convenue mais des plus poignantes, inscrivant de troublants gimmicks guitaristiques dans sa trame, et recelant un fondant refrain, mis en habits de soie par nos trois princesses, l'instant privilégié fera plier l'échine à plus d'une âme rétive. Non moins fortement chargée en émotion, « You and Me Against the World » se pose, quant à elle, telle une ''elvellonienne'' ballade d'une sensibilité à fleur de peau, nourrie d'un léger accent ''floydien'' et d'un chavirant sillon mélodique. Un moment de pure jouissance auditive que l'amateur du genre ne quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
En définitive, l'inspiré collectif nous immerge au cœur d'une œuvre à la fois pulsionnelle, pétrie d'élégance, un brin romantique et, surtout, d'une efficacité diabolique. Si le propos se fait varié sur les plans rythmique et vocal, d'aucuns auraient peut-être souhaité davantage de diversité en matière d'exercices de style, fresques, instrumentaux et autres duos mixtes manquant ici cruellement à l'appel. Demeurant délectable de bout en bout de notre parcours eu égard à ses lignes mélodiques et jouissant d'une ingénierie du son de bon aloi, mais essaimant des harmoniques aisément lisibles, c'est dire que le seyant méfait témoigne de peu de prises de risques, in fine ; état de fait qui, pour l'heure, ne peut démarquer le groupe de ses si nombreux homologues stylistiques. Si le concept de fusion de voix féminines n'est guère novateur, les prestations hors pair de nos trois déesses pourront néanmoins retenir plus d'un tympan déjà familiarisé avec les vibes de leurs sources d'influence. Bref, un message musical aussi palpitant et subtil qu'enveloppant, apte à éveiller d'authentiques plaisirs...
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