Sur la carte mondiale du
Doom, le Pérou est très loin de faire partie des pays les plus côtés. Et pourtant, il nous a donné les excellents Reino Ermitaño. Et depuis 2008, El Hijo De La
Aurora. Le deux groupes partagent un même amour pour l'Occulte et l'ésotérisme, mais parlent de ces thèmes en termes très différents : là où Reino Ermitaño s'intéresse plus aux légendes et à l'aspect poétique, El Hijo De La
Aurora est plus sérieux dans sa démarche, plus spirituel aussi.
Musicalement, les deux groupes utilisent les mêmes bases : un
Doom très classique, qui doit évidemment beaucoup à
Black Sabbath et Saint-Vitus. Pour El Hijo De La
Aurora, les albums référentiels sautent immédiatement à l'oreille : "
Master Of Reality" et "Volume 4". Car le
Doom de El Hijo De La
Aurora est très psychédélique, très riche en fuzz et en lo-fi. Mais à la différence d'un
Electric Wizard qui va conjurer un mur sonore incroyable dans le but de vous broyer le cerveau, El Hijo De La
Aurora préfère développer des ambiances et un type de son assez caractéristique. la filiation avec des groupes dans le genre de
Jex Thoth saute aux oreilles dès le riff d'ouverture de "Fohat", mais on pense aussi à
Bedemon,
Sleep ("The Buddha From Mars", tout un programme) et toute la clique de l'
Acid Rock des sixties.
Car oui, ce "The
Enigma of
Evil" est totalement cramé du cerveau. Les idées jaillissent à chaque morceau, qu'il s'agisse de placer une ambiance champêtre propice à la détente (la superbe pièce acoustique de "
The Awakening Of
Kosmos" donne l'impression d'entendre le "No Quarter" de
Led Zeppelin rejoué par
Acrimony avec Neil Young à la slide guitar) ou de vous raboter le cerveau (le très
Acid King "Fohat"). El Hijo De La
Aurora assume jusqu'au bout son statut de groupe psychédélique en n'hésitant pas à utiliser des instruments peu orthodoxes (bol chantant tibétain, chant de gorge mongol) et le chant en espagnol (dont on sait depuis longtemps qu'il s'agit probablement de la plus belle langue pour le
Doom traditionnel).
Le groupe aura pris son temps, presque cinq ans, pour pouvoir accoucher de ce troisième album, mais l'attente en valait la peine. Si l'on peut regretter une durée assez courte (seulement 42 minutes), il faut reconnaître à El Hijo De La
Aurora un talent énorme pour la mise en valeur du temps imparti et la création d'ambiances réellement uniques. Alors que la scène
Doom traditionnelle stagne, voire se converti soudainement au Rock Occulte dans l'espoir de récupérer la place laissée vacante par la disparition de
The Devil's Blood, qu'il est bon d'entendre un groupe qui pisse allègrement sur les modes et se contente simplement de faire ce qu'il lui plait. Surtout, qu'il est bon de de l'entendre le faire avec une personnalité si affirmée.
Epatant du début jusqu'à la fin, "The
Enigma of
Evil" rejoint le "Middle Of
Nowhere, Center Of Everything" de
Acid King et le "Ecate" de UFOmammut dans le trio des albums qui vont régner sur l'été 2015. L'exemple parfait que le Stoner
Doom peut proposer autre chose que de mauvaises copies d'
Electric Wizard.
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