Depuis les débuts du black symphonique, beaucoup de groupes se sont attelés à la composition d'un metal fortement inspiré par la musique classique au sens large du terme, des compositeurs classiques aux compositeurs contemporains en passant par les créateurs de musique de film. Des formations telles que
Limbonic Art,
Dimmu Borgir et plus récemment Septic
Flesh dans le death metal ont prouvé que metal extrême et musique classique n'étaient pas des termes antagonistes, conduisant vite à l'apparition de nombreux combos plus ou moins originaux. C'est le cas de
Morghash, petit groupe alsacien inspiré à la fois par le black scandinave et la musique classique du 19e siècle. Le trio s'est vite trouvé une personnalité et une envie profonde de développer un metal ambitieux et riche dans ses compositions. Ainsi naquit «
The End of Flesh Divine » en 2011, sa deuxième démo.
Morghash distille une aura épique tout en installant une ambiance quasi dramatique. On retrouve l'alchimie des grands auteurs du 19e siècle avec ces mélopées enivrantes et majestueuses, plutôt bien retranscrites dans les claviers. On dénote une grande qualité dans les orchestrations, même si certains sons ont l'air un peu trop synthétiques, cependant, rien que dans l'introduction – et dans les morceaux qui suivent – on se rend vite compte que les orchestrations occupent une grande place dans le black symphonique de
Morghash.
Ainsi, on peut dire que les guitares sont reléguées au second plan et il faut dire que ce sont les parties metalliques les moins bien réussies. En cela, la production pêche un petit peu et les grattes et la voix black ont du mal à tirer leur épingle du jeu. Il ne faut toutefois pas négliger leur apport car de ce côté, on peut dire que tout se compense. Le manque de panache de l'un est caché par la fougue et le côté ambiancé de l'autre. Pourtant, le rythme est dynamique et embarque l'auditeur dans le concept sombre de
Morghash.
Petit exemple avec « Archaic
Mechanism » prouvant que les Alsaciens peuvent être, à la fois, forts et faibles. Les guitares peinent à se démarquer même si elles conduisent le rythme, la voix black est tranchante et suffisamment présente pour nous prendre aux jeux, mais ce sont bien évidemment les claviers que l'on retient le plus. Omniprésents, ils créent tout, si bien qu'on s'imagine bien la musique sans guitares, un peu comme
Profanum. Cependant, il ne faut pas renier certains arpèges et riffs typiquement black et qui apportent un peu de piment.
Contre exemple avec « The Canvas of the Battle » qui bluffe du début à la fin. Ensemble épique, entre tradition et modernité, porté de bout en bout par des guitares et une voix présentes, ainsi qu'un rythme efficace et des claviers extrêmement maîtrisés. L'interlude atmosphérique, carrément spatial, mélange l'électronique au symphonique avant de repartir avec le black symphonique à la sauce
Morghash.
Tout est là : une démo de metal extrême symphonique avec un grand S, avec ses qualités et bien sûr ses défauts. Dommage que la production ne soit pas au rendez-vous, ce qui nous empêche de bien apprécier les parties véloces et agressives, mais pour ce qui est de l'assemblage, de l'ensemble en tant que « tout », c'est plutôt pas mal, voire même plutôt bon.
Morghash est donc un groupe à suivre, en espérant qu'il trouve un équilibre, histoire de parfaire ses compositions.
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