Ami lecteur, voici un petit jeu pour toi : quel est le point commun entre
Sorrows Path, Chtonian Alchemy, Fields Of Locust, Rituals Of
The Black Sun et Doomocracy ?
Ce sont tous des groupes de
Doom grecs. Car oui, le pays du Parthénon et de la moussaka géante dispose d'une scène
Doom plutôt élargie (tous les sous-styles du genre, des copieurs de
Black Sabbath aux machins vaguement
Drone, sont représentés) et surtout assez vivante. Esprit méditerranéen oblige, les deux genres les mieux représentés (que ce soit en terme de nombres de groupes pratiquants autant que de qualité) sont le
Gothic Doom et le
Doom épique. Sans trop de surprise, Doomocracy boxe dans la dernière catégorie.
Il faut l'avouer, le nom m'avait d'abord fait penser à une résurrection possible de
Doomsday Gouvernement, projet Rock/doom hyper-politisé de ce vieux briscard de Dan Fondelius (de
Count Raven). Mais non, ici le nom est un porte-manteau qui est censé montrer ce que les membres du groupe pense de l'état de leur pays.
Ambiance, que les textes apocalyptiques du groupe mettent bien en lumière.
Mais musicalement, Doomocracy ça riffe comment ?
Aussi curieux que cela puisse paraître, ça riffe à la suédoise : de
Candlemass à
Memento Mori, tout y passe dans le déluge de guitares pleureuses. Si les solos sont parfois un poil trop démonstratifs (l'école
Symphony X dans ce qu'elle peut avoir de plus gonflant pour le non-musicien) et clichés, au niveau rythmique on lorgne vers les groupes influencés par le Heavy
Metal classique avec des références plus américaines (
Solitude Aeturnus et
Trouble en ligne de mire).
Plus d'une fois le groupe s'adonne d'ailleurs avec un certain bonheur à l'accélération de tempo qui les font basculer dans le pur
Power Metal US version années 80. Au point que votre serviteur s'est surpris plus d'une fois à hocher la tête en rythme avec la musique.
L'ensemble est porté par le timbre vocal absolument superbe de Michael Stavrakakis. C'est définitivement lui le point fort de l'album : capable sans effort de moduler son timbre avec une facilité déconcertante (loin de moi l'idée d'être sexiste ici, mais quand il monte dans les aigües sa voix prend une tessiture quasiment féminine qui se marie à merveille avec la musique), il s'approprie chaque chanson et donne l'impression de littéralement vivre les textes qu'il chante.
On entend à l'écoute que les deux ans qui furent nécessaire à l'élaboration de ces 8 morceaux ont été bien employés. Chaque morceau est un diamant finement ciselé, qui a tout du classique absolu. Ne serait-ce le fait que les influences sont encore un peu trop évidentes pour l'auditeur, on pourrait tenir là un prétendant sérieux au titre d'outsider de l'année 2014. Ce n'est pas encore complètement çà, mais ça en prend très sérieusement le chemin.
Doomocracy n'invente donc rien, mais en même temps ce n'est pas ce qu'on leur demande. Il y a bien longtemps que tout a été dit dans le genre, et ceux qui veulent se faire une place dans le cimetière aujourd'hui se doivent de pratiquer leur musique avec énormément de feeling. Sur ce plan-là, Doomocracy s'en tire avec les honneurs. Un peu plus de personnalité la prochaine fois, et je ne doute pas que le groupe fera alors carton plein.
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