En l’espace de quelques albums,
Winterfylleth s’est imposé comme l’un des groupes les plus talentueux de la scène pagan black britannique grâce à des sorties régulières à la qualité constante. Si certains reprochaient parfois au quatuor une propension à s’égarer dans de longues plages atmosphériques dispensables, le dernier album de la formation anglaise,
The Divination of Antiquity, avait mis tout le monde d’accord.
C’est désormais sur Spinefarm que nous reviennent les Mancuniens, avec leur cinquième album long format intitulé
The Dark Hereafter. A priori, pas de changement notable, on a toujours une superbe photographie de paysage en guise de pochette, et ceux qui ont aimé l’album précédent ne seront pas dépaysés et aimeront très certainement celui-ci.
Le titre éponyme démarre en trombe avec ce blast tonitruant et ce riff poignant, épique et guerrier à souhait. La voix de Christopher Naughton est toujours aussi arrachée, vibrante de mélancolie et de colère, et sied parfaitement au propos païen du groupe, lui apportant cette sincérité et cette authenticité palpables qui font si souvent défaut au genre. Ce premier morceau nous fait délicieusement frissonner, esquissant une longue chevauchée héroïque sur des plaines brumeuses et désolées jonchées de cadavres. Pariah’s
Path est plus contemplatif, s’ouvrant sur un riff à la majesté lancinante, mais n’oublie pas de dispenser certaines accélérations salvatrices, variant entre blasts lourds et tempi plus lents.
Il convient également de citer Green
Cathedral, pièce centrale de 13,08 minutes, démarrant sur ces arpèges sensibles mélangeant subtilement cordes acoustiques et électriques et montant paisiblement en intensité sur cette mélodie champêtre que vient tourmenter la voix vibrante de Naughton. Bien moins violent, plus nuancé et contemplatif, presque langoureux dans ses enchaînements de riffs traînants et de notes rêveuses, ce morceau incarne à lui tout seul le pendant aux morceaux directs et guerriers qu’affectionne
Winterfylleth, démontrant que les Anglais sont aussi habités sur les passages calmes que lorsqu’ils déchainent leur fureur en de brusques et violentes bourrasques. La fin du morceau surtout nous marque, avec ces chœurs solennels, ces mélodies désespérées et ce rythme lent, froid et implacable comme la mort.
Les titres ont beau être plutôt longs, on ne s’ennuie pas une seconde, les Anglais nous servant une musique très intense et gorgée d’émotions qui parvient à rester toujours sobre et juste. La beauté mélancolique qui se dégage de ces 40 minutes nous submerge, notamment grâce à un riffing incroyable, aussi simple et efficace que sensible (les guitares ensorcelantes et conquérantes de Ensigns of
Victory) et à ce chant hurlé très expressif. A la fois varié et cohérent, ce dernier
Winterfylleth est une excellente réalisation de black pagan à la fois furieux, intense, mélancolique et épique, parvenant à gommer les longueurs que l’on pouvait reprocher à certaines de leurs réalisations précédentes.
Finalement, le seul reproche que l’on peut faire à cet album, c’est sa durée ridicule. En effet, si 40 minutes en soit, ce n’est déjà pas énorme, on frôle carrément l’indécence quand on sait que Pariah’s
Path était déjà présent sur l’édition limitée de
The Divination of Antiquity et que
Led Astray in the
Forest Dark n’est autre qu’une reprise d’
Ulver. Disons que
The Dark Hereafter aurait fait un excellent et très copieux EP, mais pour un full length, c’est un peu juste…
Quoi qu’il en soit, voilà un très bon album à écouter sans modération qui confirme une fois de plus le talent d’un des meilleurs groupes de pagan black actuels.
Wodensthrone est mort, vive
Winterfylleth…
J'ai également apprécié cet album, les 40mins ne me dérange pas, au contraire !
Je te rejoins en grande partie sur la qualité de ce groupe qui s'affirme vraiment comme une référence du black pagan actuel !
Je suis un peu mitigé avec ce nouvel album... pas qu'il soit mauvais mais seulement 5 titres (quand on est habitué à leur disco c'est surprenant) dont un bonus de l'album précédent et une reprise de Ulver bah ça fait peu de neuf à se mettre sous la dent.
Après les titres sont pas dégeu'loin de là, ça réinvente rien, le groupe ne prend pas vraiment de risque même s'il innove un peu avec le très bon Green Cathedral... En fait c'est avec ce titre et la reprise d'Ulver que Winterfylleth sort un peu des sentiers balisés qu'il suivait jusque là ! D'ailleurs ces deux derniers titres plus contemplatifs sont particulièrement réussis !
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