Liste des groupes Metalcore Like Moths To Flames The Cycles of Trying to Cope

L’art abstrait est un mouvement dont les formes et les couleurs sont libérées de la nécessité de représenter des objets réels. Ce style artistique permet de s’affranchir des contraintes de la représentation figurative pour explorer des concepts plus profonds et des émotions intangibles. Ses œuvres permettent de pouvoir communiquer des états d’âme et des impressions sans recourir à des images reconnaissables. Chaque élément possède son propre langage, capable aussi de transmettre des sensations pures que des idées complexes. Ce style offre une liberté créative immense puisque qu’il s’affranchit des conventions et permet d’explorer des territoires inconnus. Cette approche ouvre un dialogue direct entre la toile et le spectateur, où chacun est libre d’interpréter et de ressentir le résultat de manière personnelle et unique.

C’est dans cette expression où réside l’invisible et l’intangible que le groupe américain de Like Moths To Flames a publié son sixième opus prénommé The Cycles of Trying to Cope sous le label UNFD (Northlane, Erra, Silent Planet …). Ce concept est perceptible en premier lieu dans un artwork très original et, de mon point de vue, somptueux. Mais là où les Américains enrichissent principalement l’idée de distraction et de déconnexion à la réalité se révèle dans l’écriture de ses travaux. Si, de prime abord, ce disque paraît caricatural et conventionnel, celui-ci est pourtant d’une profondeur et d’une générosité qui sont désormais des denrées rares et qui permettent d’exposer de bien belles qualités.

Cette grande richesse s’exprime en premier lieu sur la structure des morceaux. Bien qu’elle s’approche d’une écriture assez classique, ce sont ces quelques petits détails et exécutions instinctives qui permettent au quintet de tirer son épingle du jeu. Le titre d’ouverture Angel Weeps est typiquement dans cette optique avec une légère expérimentation électronique, un jeu de batterie dynamique ainsi que des breakdowns d’un tempérament spontané. Cette authenticité s’illustre également dans une certaine créativité sur certains riffings. Over The Garden Wall s’inscrit dans cette séduisante extravagance avec une introduction djent, querelleuse mais terriblement entrainante. Par la suite, les guitares prendront une directive mélodique, plutôt inattendue et toujours dans cette quête de singularité.

Cette générosité est également le fruit d’un travail vocal assez impressionnant avec une palette assez variée. Nous aurons certes des prestations assez ordinaires, principalement au chant clair à l’instar d’un Gone Without A Race qui, même sur un plan instrumental, ne parvient pas à se montrer véritablement marquant faute de diversité. Dans un registre similaire, on préférera largement un Dissociative Being où cette voix, utilisée avec parcimonie, s’avère plus poignante et plus embellie par la mélodie. Mais dès lors que le screaming est mis à l’honneur, qu’il s’agisse d’une présence totale ou partielle, on entre dans une toute autre dimension avec des compositions incisives et percutantes.

Dès lors que ces propositions hurlées sont couplées avec un gain en technicité en termes d’instrumentaux, nous avons affaire à la recette gagnante et aux meilleurs instants de l’album. Ainsi, un To Know Is To Die nous infligera une sacrée baffe par son blastbeat et ses percussions indomptables. Everything That Once Held It Together procure cette même sensation avec en plus quelques guitares dissonantes pour accentuer cette animosité. Sans même être dans la plus grande virulence, nos Américains savent aussi se distinguer par des atmosphères sombres et inquiétantes. L’introduction d’Over The Garden Wall ou l’outro de Everything That Once Held It Together sont autant d’illustrations à cette prédisposition plus morose et anxieuse.

The Cycles of Trying to Cope se révèle être bien plus qu'un banal album de metalcore. Ce sixième opus s'affranchit de conventions pour se concentrer davantage sur les émotions et ses perceptions pour peindre une œuvre finale à la fois libre et luxuriante. La tangibilité et l’imagination du groupe s'expriment tant dans les riffs audacieux que dans les expérimentations et la rythmique. La diversité vocale, bien que parfois inégale, atteint des sommets lorsque le screaming est sur le devant de la scène et transforme les compositions en véritables moments de pure intensité. La technicité et les ambiances taciturnes de cet album sont aussi un apport non-négligeable à l’album et permettent de renforcer ce sentiment anticonformiste. En définitive, si quelques irrégularités se déclarent ici et là, Like Moth To Flames tient sans conteste son point de référence, une esquisse qui ne reste plus qu’à peaufiner pour atteindre l’excellence.