Liste des groupes Drone Slomo The Creep

Attention, là on entre dans le type de disque dont j’ai la plus grande affection. Le problème aussi c’est que c’est aussi le genre d’album dont je suis le seul capable d’apprécier, mis à part quelques phénomènes dispersés à travers le monde. Pourquoi ça ? Tout simplement parce que Slomo fait partie de ces groupes à proposer des contenus déroutants, iconoclastes qui s’ils ne font pas l’unanimité ne laissent en aucun cas insensibles... Alors préparez vous à entrer dans ce type d’objet dont on ne sait pas comment (et pourquoi) définir, un objet qui laisse son auditeur dans l’expectative la plus totale car, il faut bien l’admettre, peu de personnes comprendront le but, l’idéal de « The Creep ». Premier point : l’album se compose d’un seul titre de plus d’une heure, ça vous laisse déjà deviner. Et si vous rajoutez par la même occasion que la « musique » du groupe anglais se rapproche de certains artistes tels Julian Cope ou Stephen O’Malley vous pouvez être sûr que « The Creep » sera un disque hors norme. Nulle trace de structure, effacement de preuves matérielles d’instrumentalisation, étirement du temps et de l’espace, décidément cet objet surprend. On pourrait même comparer ce disque à la terreur magmatique qu’est Sunn O))). Cependant faut-il voir par là non pas un déballage de son drone qui vous explose les tympans et remonte vos tripes au gosier. Non ici l’ensemble se fait lent, posé, mélodique même, tout en n’omettant pas le rôle des réverbérations instaurant une angoisse sourde, poignante et néanmoins curieuse qui fonctionne comme un battement incessant et dérangeant. Car, ajoutons encore que « The Creep » est de ce fait un titre qui prend son temps, très (trop) répétitif ce qui ne favorise pas une accroche immédiate. Il est d’ailleurs évident que plein de gens vont scander que ce type de disque, ce n’est que de la branlette intellectuelle qui brasse du vent sans chercher un quelconque intérêt à ce « truc ». On ne peut que difficilement leur en vouloir. Ici, la texture du son se fait obsédante et par là même outrancière dans sa démarche avec des relents psychédéliques (le visuel graphique s'y rapporte) qui vous expulsent et vous plonge dans un univers panthéiste où la nature dicte ses règles. Finalement « The Creep » se ressent comme un trip bizarre, une sensation fantomatique et pénétrante et c’est pour ça que ce genre de disque me plaît tant. C’est tout oublier, s’oublier, s'effacer s’évader d’un quotidien morne et sans envergure, c’est un disque qui s’écoute comme bruit de fond, dans le calme, la détente et la concentration. En cela, « The Creep » n'attirera et ne plaira qu’à une marge très réduite d’intéressés mais quand on prend la peine de se perdre dans les méandres de ce disque on ne regrette nullement le voyage...