La Grèce est le seul pays au monde à ma connaissance dont la fête nationale célèbre le début d’une guerre et non pas sa fin. Cela peut paraitre étonnant, mais, hormis en dire beaucoup sur la nature des relations entre la Grèce et l’Allemagne (il semblerait que le conflit se poursuive sous d’autres formes de nos jours, mais ne nous éloignons pas du sujet), ce fameux « non » du dictateur Metaxas pourrait résumer l’esprit qui anime les membres de la communauté métallique Grecque. Refus des modes en cours, jusqu’au boutisme et authenticité. Plutôt spécialisée – pour ce que j’en sais- dans l’old-school bien noir voire satanique (
Dead Congregation, Embrace of
Thorns,
Nocturnal vomit) et le brutal death (
Inveracity,
Extreme Violence,
Mass Infection,
Terrordrome,
Abnormal Inhumane), la scène DM Grecque est bien florissante. La scène black également parait-il, mais comme je n’y connais rien, je m’abstiendrai d’en parler. Birth of
Depravity, quand à lui est à classer d’emblée dans la deuxième des deux catégories de DM précitées. Formé en 2005, il n’a à son actif que 2 démos avant de signer sur le label Russe Inherited Suffering qui abrite déjà d’autres formations de death metal de brutes telles que
Kastrated, Begging for
Incest, ou encore les poètes de Ukrainiens de Ezophagotomia, pour ne citer que les moins obscurs.
Comme bon nombre de musiciens de death de leur génération, les membres de BoD semblent avoir été élevés avec
Suffocation, mais, plutôt que de jouer une simple copie du maître New-yorkais, ils tentent d’y rajouter une touche personnelle et une technique qui pourrait les hisser au dessus de Suffo-like aussi agréables à entendre soit-ils que leur compatriotes de
Inveracity,
Mass Infection ou
Extreme violence, et à ce titre ils pourraient être rapprochés du premier album de
Terrordrome, toujours pour rester dans leur scène nationale.
Brutal death donc, mais pas que. Les 10 titres de ce « coming of the ineffable » sont basés sur un riffing forcement efficace (c’est quand même du death, hein), et de multiple changements de tempos qui si ils peuvent à première écoute désorienter l’auditeur, s’avèrent devenir un véritable drogue dure sur le plus long terme. Changements de rythme un peu abrupts quelquefois il est vrai, et qui mériteraient d’être un poil plus travaillés par moment. Il vous faudra un poil de persévérance supplémentaire pour en saisir tout le sel, même si chaque titre recèle son poids de riffing brutal et de matraquage rythmique propre à satisfaire l’amateur exigeant, un titre tel que « subconsciously confined » en est un bon exemple, avec ses riffs bien death entrecoupés de cassures et de passages plus lourdingues. Le gros bémol se situe au niveau de la précision des enchaînements, le groupe ayant tendance à empiler les riffs un peu à la va-vite dans les titres plus linéaires tels que « ingrained abnormality » qui du coup sonnent un peu basiques en regard de ce que ce groupe est capable de proposer. Et c’est le gros défaut de cet album, plein de qualités, de riffs et de puissance, mais bâti un peu facilement quand même pour durer. Restent quelques améliorations à apporter au niveau du son notamment, les guitares manquant un poil de tranchant, ainsi que sur le chant, pour lequel j’apprécierai un poil de gras supplémentaires, et la suppression des voix doublées que j’abhorre tout particulièrement dans le death.
Plus complexe que technique, ce premier skeud de Birth of
Depravity est donc assez prometteur, même si il a un peu le cul entre 2 chaises, semblant hésiter entre la divine efficacité du suffo-like de base tel que
Extreme violence ou
Mass infection, et les prétentions plus subtiles d’un
Terrordrome. Pour le moment, on en restera au premier cas. Il va toutefois mettre les mains dans le cambouis et sortir des compos plus sérieusement construites pour arriver au niveau supérieur de l’un ou l’autre coté
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