Alors que les Américains d'
Hate Eternal profite d'un moment de répit après avoir assommé un monde resté incrédule face à la bestialité féroce et précise d'un excellent Conquering the Throne (1999), Jared Anderson, bassiste de cette entité éternellement haineuse, décide qu'il ne saurait se laisser bercer par cette oisive inactivité. Bien décidé à combler une avidité musicale addictive, l'artiste va s'associer à deux autres comparses au cursus impressionnant : les batteurs Tony Loreano et Derek Roddy. Jared va aussi se faire épauler par Erik Rutan. Quatre vétérans dont le parcours se glorifie de quelques noms de groupes, et non des moindres, parmi lesquels il est de bon ton de signaler, entre autres,
Nile,
Malevolent Creation,
Morbid Angel et
Angel Corpse.
La synergie de ce quatuor est toute relative puisqu'en réalité ce Book of Lambs est surtout l'œuvre de Jared Anderson qui en est l'artisan principale. Néanmoins la communion, même succincte, de ces artistes jouissant d'une expérience redoutable, ayant officié au sein de certaines des formations les plus prestigieuses et parfaitement aguerris aux genres de
Death Brutal produit par
Internecine enfantera un unique album.
À ce stade de la rédaction, et afin d'affiner l'analyse du genre musical pratiqué ici et ainsi préciser les accointances qui lient cette œuvre à la scène
Death Metal d'alors, il nous faudra évidemment évoquer cette filiation étroite qui existe entre les travaux d'un
Hate Eternal et ceux d'
Internecine. On pourrait d'ailleurs aisément intercaler ce Books of Lambs entre les Conquering the Throne et
Kings of All
Kings dont Erik Rutan et ses acolytes sont les glorieux architectes. Toutefois, eu égard aux moments passés par Jared Anderson auprès de l'un des plus illustres pionniers du genre, dans lequel il officia au même moment que son complice Rutan, il ne pourra, de surcroît, pas totalement délester son
Internecine de ses quelques influences "morbidangelienne, certes, succinctes mais bien présentes.
Au-delà de ces considérations purement stylistiques, disons que ce Books of Lambs est une œuvre violente aux titres intenses et exaltés. Disons encore qu'il est un exercice délicieusement véhément au cours duquel Jared démontre tout l'étendu de ses talents de compositeurs, de bassiste, de guitariste mais aussi de chanteur. Tant et si bien que ce manifeste dévolu essentiellement à un
Death Brutal sans concession ne souffre d'aucune imperfection susceptible de venir gâcher, même brièvement, un plaisir plein.
Seul, bien évidemment, les néophytes ineptes prompts à dénigrer en se masquant derrière cette sacro sainte originalité dont ils sont si imbécilement avides, condamneront un opus au nom de ces liens familiaux évidents déjà abordées.
Afin d'illustrer la bonne tenue de ce manifeste, citons les ardents et superbement virulents
Ceremony of Deceit (Effulgence Rituals), Hallowed Guidance,
Inverted, ou encore, par exemple, Callings of the
Horde.
Souvent vif et âpre, loin de toute musicalité superflue,
Internecine ne dédaigne pourtant pas l'alternance et s'égare volontiers sur ces mornes plage aux lourdeurs sombres et divinement malsaines, délaissant ainsi sa furie ambiante. De telle sorte que certains des recoins nauséabonds de certains titres s'alourdissent de cette pesante atmosphère propice à la nuance parcimonieuse mais, ô combien, nécessaire. Citons donc Hallowed Guidance, ...For the I
Bleed, mais surtout l'excellent Encrypting the
Vehemence.
A l'évidence le caractère unique, et le destin tragique de Jared Anderson qui décédera en 2006, confère une dimension très particulière à cet opus. Ces éléments participent à sa légende. Néanmoins, l'œuvre n'a nul besoin de ces artifices pour s'imposer comme un excellent album de
Death Metal Brutal.
Fabien.
Complètement d'accord avec ce papier qui rend justice à cet album. Les effluves Hate Eternal/ Morbid Angel sont bien pregnantes et comme c'est bien fait et très lisible, on ne peut qu'apprécier les riffs supersoniques de "Ceremonies of Deceit" ou les dissonances de "Hallowed Guidance" typiques de la Floride.
Une grosse demi-heure de death brutal mais néanmoins facile d'accès pour les fans des deux groupes précités. The Book of Lambs propose le même niveau de qualité et assume son propos effréné ("Inverted") avec talent et sans linéarité. Un album coup de poing réussi dans le genre. J'aime particulièrement les passages les plus plombés, cassant efficacement les parties les plus rapides ("Ecrypting the Vehemence") avec un séquencement judicieux.
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