8 ans, c’est le temps qu’il a fallu à
Mortal Decay et
Comatose Music, son nouveau label après avoir quitté Unique Leader, pour livrer un successeur à "
Cadaver Art". Après un tel délai, nous sommes en droit de nous demander si la nouvelle offrande des Américains est à la hauteur de nos attentes : que renferme ce nouveau méfait drapé d’une pochette pour le moins classique pour un album de death metal ?
A vrai dire, les entrailles de "The BluePrint for
Blood Splatter" se révèlent assez ordinaires malgré quelques petites surprises tout le long de cette boucherie de 31 min. Passons donc sans plus attendre à la dissection de ce nouveau méfait.
Mortal Decay propose tout d’abord comme base de sa musique un Death
Metal redoutable et rentre-dedans à l’image du morceau d’ouverture "
Anatomy Turned Chaotic Puzzle" qui porte un premier coup dévastateur derrière la nuque de l’auditeur. Cette puissance de feu contrôlée est en majorité due au marteleur de fûts Anthony Ipri qui livre tout au long de cet album une performance riche et impressionnante (l’intro de Mourning Euphoria ne serait pas ce qu'elle est sans son jeu sur la ride) malgré une production ne permettant pas de mettre en avant tout son talent. Pour un disque de death de cet acabit, il est dommage d’avoir à faire à un son de guitare en retrait, sans véritable épaisseur et une batterie assez synthétique. En contrepartie, les lignes de basse de Mukerri sont bien audibles et confèrent aux compositions un
Impact plus important ainsi qu’une atmosphère glauque et morbide. Quant à Danny
Nelson, il se retrouve au premier plan et apporte d’ailleurs un certain relief à la musique des Américains grâce à une palette de screams et de growls nuancés allant du profond guttural (proche du
Pig squeal) au grunt écorché.
Les compositions en elles-mêmes empilent riffs sur riffs, sans réelles structures régulières. C’est ce qui fait la force et paradoxalement la faiblesse de ce disque : on en a clairement pour son argent tant les changements de thème sont nombreux et surprenants mais certains passages passent alors inaperçus dans tout cet enchevêtrement pervers. On notera par exemple le dispensable "Altruistic Masochism" clôturant l’album de manière assez linéaire et sans réelle profondeur alors que certains morceaux renferment quelques prises de risque originales : un riffing plutôt black sur "Nocuous Compulsions" ou un break jazzy mené par un couple Ipri/Mukerri débordant de groove sur "Chloroform Induced
Trance". Les très bons "Juggular Gurgle" et "
Deviant" rappelant
Cannibal Corpse, sortent également du lot de par leur intensité et leurs excellents solos.
Mortal Decay remplit donc en partie son contrat et réussit son retour sur le devant de la scène death
Brutal américaine sans pour autant égaler les dernières sorties de
Deicide,
Suffocation ou
Devourment dans ce domaine. Cependant, le groupe devra peaufiner son jeu de manière à fournir un album plus homogène que ce "BluePrint for
Blood Spatter", un peu trop éparpillé par moment et mêlant riffs old school et expérimentations sans réelles cohérences malgré une exécution de bonne facture et un savoir-faire indéniable.
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