Nouvel entrant dans la sphère metal symphonique à chant féminin, ce jeune quintet italien originaire de Scorzè, en Vénétie, tout comme ses compatriotes et challengers
Walk In Darkness,
Sleeping Romance et
Rite Of
Thalia, entend, lui aussi, faire entendre sa voix à l'international. Inconnu hors de ses frontières et encore peu popularisé à l'échelle locale, le défi à relever est de taille, le collectif vénétien ayant aujourd'hui à faire face à de redoutables pointues à l'instar de
Beyond The Black,
Elvellon,
Metalwings,
Once, entre autres valeurs montantes de son registre metal d'affiliation. Toutefois, à une époque où les cadors du genre accuseraient une petite baisse de régime, et disposant déjà d'armes efficaces pour assurer leur défense, nos cinq acolytes disposeraient d'une marge suffisante pour caresser l'espoir de s'illustrer à leur tour dans cet implacable univers.
Créé en 2016, le combo transalpin a pris le temps nécessaire à la maturité de ses compositions, ne livrant ce premier mouvement que deux ans plus tard. Aussi a-t-il pris soin d'affiner ses enregistrements, de bien équilibrer son mixage et de peaufiner ses arrangements à la lumière de cet introductif message musical répondant au nom de « The
Blind Side » ; auto-production généreuse de ses 56 minutes où s'enchaînent sereinement douze pistes épiques, souvent toniques, parfois diluviennes, un tantinet romantiques. Accessible et magnétique offrande rock'n'metal mélodico-symphonique gothique, dans la veine de
Delain,
Nightwish,
Lunatica,
Sirenia et
Ravenscry, écrite et composée par l'ensemble de l'équipage, à savoir :
Angelica Pesce, frontwoman aux sulfureuses inflexions ; Alessandro Cappelletto, à la guitare ; Francesco Bortolato, à la basse ; Mattia Bastianello, à la batterie, et Paolo Pesce (
Vallorch), aux claviers. Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral, en quête d'éventuels trésors enfouis...
Si l'architecture de l'opus reste conforme aux standards du genre, le combo s'est néanmoins autorisé çà et là quelques libertés. Aussi, le manifeste s'amorce-t-il par une brève et classique entame, la bien-nommée « Intro » ; laconique instrumental symphonico-cinématique aux arrangements nightwhiens et témoignant d'une belle profondeur de champ acoustique. Par un fondu enchaîné, on pénètre dans les entrailles de l'entraînant et ''delainien'' « The
Blind Side », mélodieux titre pop metal symphonique aux airs d'un hit en puissance, doté de refrains certes convenus mais immersifs à souhait, mis en exergue par les chatoyantes patines de la sirène. Dans cette mouvance, on ne saurait éluder «
Gloria », galvanisante piste dotée d'un léger tapping et d'un fin legato à la lead guitare, et que n'auraient nullement reniée leurs maîtres inspirateurs. Propice à un headbang subreptice, cet instant privilégié poussera irrémédiablement à une écoute en boucle.
Mais, le plus souvent, la cadence s'accélère, et, là encore, la troupe n'a nullement tari d'inspiration, avec quelques petites digressions au programme. Ainsi, tant les riffs crochetés secondés d'une sanglante et intarissable rythmique que la ''sirénienne'' mélodicité du mordant « Oblivion » et des frénétiques « Miracle's Way » et « Shine » sauront retenir le chaland plus que de raison. C'est également sur des charbons ardents et sur une sente mélodique sécurisée que s'effectue la traversée de « Twin Spirits », sémillant méfait où se meut un captateur duo mixte en voix claires. On ne sera pas moins impacté par les vibes enchanteresses de l'énergisant «
The End of the World », les cascades de claviers du tempétueux «
Born to Fly » et les charmes des harmoniques de l'orientalisant « Unbreakable ». A mi-chemin entre
Ravenscry et
Lunatica, voguant sur d'enveloppantes nappes synthétiques, ces deux ogives recèlent chacune un flamboyant solo de guitare et ce petit brin de fraîcheur bienvenu et qui jamais ne s'affadit.
Quand il nous embarque dans ses moments intimistes, il le fait avec beaucoup de délicatesse et un zeste d'élégance. Ainsi, on retiendra « A Prayer from the
Abyss », touchante ballade atmosphérique dans la veine de Blackmore's
Night, pour ses couplets finement ciselés, son grisant solo de guitare et ses séries d'accords aussi magnétiques que le sont les troublantes modulations de la maîtresse de cérémonie. On ne pourra pas davantage se soustraire à l'appel de la sirène sur « Bliss » ; frissonnante et ''delainienne'' ballade a-rythmique et romantique jusqu'au bout des ongles qui, d'un battement de cils, saura faire chavirer plus d'un cœur en bataille. Et ce ne sont ni le sensible picking à la guitare acoustique, ni les enivrants arpèges au piano qui nous feront lâcher prise. Loin s'en faut...
A l'issue de notre parcours, force est d'observer qu'un réel potentiel technique et surtout mélodique se dessine et qu'en de très rares moments l'attention est mise à mal. On découvre alors une production propre, à l'ingénierie du son passée au peigne fin, un set de compositions diablement efficace et qui, assurément, trouvera un débouché favorable auprès d'un auditorat déjà sensibilisé aux œuvres de leurs sources d'influence. On aurait cependant souhaité une proposition plus diversifiée sur les plans vocal, atmosphérique et rythmique et une once d'originalité supplémentaire à la fois pour compléter l'offre et nous interpeller davantage. Leur projet devra encore gagner en épaisseur artistique, notamment par une mise à distance de leurs maîtres inspirateurs, pour caresser l'espoir d'une carrière à long terme dans ce si concurrentiel registre metal. Mais, pour un premier jet, nos cinq mousquetaires s'en sortent plus qu'honorablement. Bref, un sérieux espoir avec lequel il faudra désormais compter...
Note : 14,5/20
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