Thomas Liénard (chant et basse), Jacques-Philippe Pelletier (batterie) et Julien Desjardin (guitare) composent le trio de
The Black Tree. C'est en 2015 qu'ils commencent à oeuvrer dans un genre qui prend sa source et leur inspiration dans les années 90. Ils arrivent en ce début d'automne 2016 avec un EP produit et enregistré au studios Marmelade Production (Saran-45). Un Artwork, réalisé par un certain ABBYS, où le rouge sang mêlé aux motifs noirs très contrastés nous captivent sur un fond de nuages sombres et menaçants. Que d'inconnus dans ce monde où trois êtres veulent vous emporter au fin fond de leur musique avec seulement un triptyque aux consonances étrangement familières. Pour vous convaincre de vous égarer sur ces terres lugubres, je vais tacher de disséquer cet EP au mieux. Car, là où le chemin vous semble court (17 mn), la façon et la densité du propos sont bien loin d'être faciles à saisir. Un peu comme cette proche lumière qui filtre à travers les feuillages de vos rêves, mais qui, à tout moment, peuvent se transformer en branchages retenant chacun de vos membres alourdis.
Pour ne pas vous gâcher la surprise de l'instrument qui va venir déchirer votre tympan, j'utiliserai, plutôt que le bistouri, la scie du bûcheron pour faire de grosses coupes. En commençant par l'intensité de leur musique aussi variée que la carrière d'un Alice in Chains où
Suicidal Tendencies. Quel écartement dans les genres me diriez-vous ? Et je vous répondrai effectivement ; autant, les premiers ont traversé le temps en passant du Rock au Grunge. Alors que les seconds ont transpercé cette même période en proposant une musique puissante et efficace.
The Black Tree, c'est exactement ça. Une compréhension de ce passé fougueux, crasseux et s'affranchissant des limites pour une musique qui tend vers un futur sombrement incisif.
Là où Soudgarden aurait été facile, citer
Suicidal Tendencies pour illustrer leur musique est un peu extrême, mais, outre la voix de Thomas qui sonnerait par moments comme celle de Mike Muir, il y a cette impression que les titres les plus traversants et brumeux de ce groupe légendaire sont venus frapper les rythmiques lourdes et acérés de
The Black Tree. Associée à cette voix aux intonations traduisant avec précision des paroles inspirées, la basse écrasante qui ouvre « Wicked Maid » saura se faire également l'écho des ombres s'allongeant au rythme de la lumière qui décroit. "Until The Sun Goes
Down", titre phare si il en est, vous surprendra par ces cordes qui tranchent la mélodie à maintes reprises. La basse venant alourdir l'atmosphère tel le
Metal noir faisant couler le liquide écarlate d'une mélodie presque torturée. Puis, nous percevons une lueur d'espoir quand le serpent, aussi persuasif que le mordant de la guitare, vient frapper certains moments de « Feel The
Snake » pour un plaisir presque libérateur. Mais ce serait sans compter sur les toms basses qui plaqueront les rythmiques les plus pesantes et la cymbale qui tintera au creux de douloureux silences.
Les pensées, les voix et la musique de ces trois musiciens traversent les âges et les genres pour nous emmener dans un univers qui leur colle à la peau comme le sang coagulé de leurs victimes. Car, soyez-en certains, au delà des instruments qu'ils utilisent pour vous ensorceler, leurs notes, lourdes de sens, sauront percer votre nature méfiante. Espérons maintenant que cette vague, avançant sur une production solide, saura prendre de l'ampleur et nous emporter vers des horizons aux lignes perturbantes.
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