Oeuvrant dans le registre metal alternatif, le groupe australien
Amaronix (originellement Onix), tout en discrétion, cultive les complémentarités stylistiques, entre rock symphonique et metal progressif atmosphérique, un poil power, au rang d'un art. Le quartet nous convie alors à une humble entrée en matière à l'instar des cinq pistes, relativement brèves et d'égale longueur, que compte cet introductif EP auto-produit. Il en ressort une menue galette de dix-huit minutes aux sonorités d'un agrément avéré, quelque soit le tempo sollicité. La qualité de l'enregistrement, signé Sam Hannan, et celle des arrangements ne sont pas étrangères à cet état de fait.
On perçoit bien l'empreinte stylistique du combo à l'aune des pistes où l'embrasement s'effectue par paliers successifs. Et ce, à commencer par le titre introductif. Ainsi, la douce entame en guitare acoustique/voix claire masque à peine un plombant « For Now », nous embarquant à bord d'une rythmique épaisse en mid tempo escortée par des riffs échevelés, sans se départir d'une lead guitare à l'expert toucher. Les couplets comme les refrains suivent un chemin mélodique plutôt agréable, servi par les inflexions aériennes et infiltrantes de Jessica Renne Kirby, l'un des membres fondateurs du groupe. Et ce, non sans rappeler
Autumn. De même pour son voisin, où un sensible piano nous accueille sur « Breathing
Down My
Neck », titre où l'éveil instrumental se fait très, voire trop, progressivement. La rythmique s'avère entraînante et les riffs délicieusement corrosifs, laissant la belle chevaucher les délicats tracés mélodiques des couplets et refrains dont elle tient les rênes avec autorité. La magie finit par opérer sur l'ensemble du rouleau auditif, cela tenant assurément à un dessin affiné des traits harmoniques insufflés aux arpèges mis en scène, dans l'esprit de
Delain.
La patte progressive a pu prendre un autre visage, à l'instar de la ballade progressive « Prince Charming ». Celle-ci évolue en mid tempo, avec quelques breaks bien amenés, sans pour autant perdre le fil mélodique, essentiellement tenu par le filet de voix de la sirène, non sans évoquer
Kingfisher Sky. De jolies nuances atmosphériques s'invitent à nos tympans, les guitares complétant le tableau avec un toucher incitatif à l'adhésion. Ce faisant, on ne pourra passer outre l'architecture instrumentale inspirée des refrains, devenus dès lors invitants au headbang. Là encore, on se rapproche du sans-fautes.
Parfois, le cheminement rythmique s'avère plus constant, avec quelques belles variations à la clé. Aussi, le dynamique «
Fall below the Line » nous cale dans une rythmique à la fois roborative, un poil syncopée et fringante, assistée de riffs crochus, alors que la lead guitare fait hurler ses notes. Et ce, tout en suivant une ligne mélodique ragoûtante sur les couplets. Les refrains, quant à eux, sont éminemment immersifs, la belle caressant chaque note de son timbre chatoyant comme elle en a le secret. Au final, le parcours auditif s'effectue en des terres sereines, même si on aurait pu souhaiter quelques effets de surprise çà et là.
Enfin, quelques instants fragiles aux mots scrupuleusement choisis nous sont offerts. Et ce, dans l'outro, où quelques arpèges au piano, à la façon d'
Evanescence, nous accueillent sur « The Last Time », ballade sensible et feutrée que l'on se plaît à suivre.
Pas d'emballement rythmique, ni une quelconque présence percussive, cette fois. Juste un piano/voix, avec un effet d'écho vocal, subtilement restitué et qui chemine rondement jusqu'au terme de la piste. Cela étant, on aurait pu souhaiter un peu plus d'emphase sur les refrains pour nous impacter davantage. Aussi, le morceau demeure agréable, et même raffiné, à défaut de se montrer véritablement charismatique.
Au final, on assiste à un spectacle auditif haut en couleurs mélodiques et de bon augure, avec des morceaux tous aisément mémorisables car sculptés avec précision. Sans faire preuve d'une originalité hors-pair, la galette se déguste néanmoins sans mal, voire, par gourmandise, et il se peut qu'on en redemande. Et ce, malgré la simplicité apparente des accords et des arpèges, volontairement dépouillés de tout artifice inutilement ostentatoire. D'autre part, les parties techniques relatives à l'instrumentation, sans être transcendantes, n'en sont pas moins efficaces dans leur principe d'émission. Parfois, on se rapproche de constructions de tubes comme « Breathing
Down My
Neck » ou encore « For Now », qui n'auraient rien à envier aux sources d'influences du groupe.
Cela dit, quelques détails de production sont encore à travailler, comme les finitions ou les enchaînements inter-pistes et quelques tableaux plus nuancés, comme une fresque, un instrumental ou quelques duos, n'auraient pas été de refus. Par ailleurs, si la cohésion groupale n'est pas à prendre en défaut, les individualités de chaque instrumentiste restent encore à s'affirmer davantage, et ce, pour pouvoir convaincre un auditoire que le combo espère élargi. Les qualités de l'interprétation, au demeurant singulière, parviennent néanmoins à conférer une identité artistique à cette formation en devenir.
Les amateurs de rock et de metal à chant féminin clair pourront y trouver de quoi satisfaire quelques exigences. Ce qui n'est pas sans renvoyer à la fois à la limpidité du message musical et à la netteté des espaces sonores où évoluent les séries de notes, tout comme les paroles, bien inspirées du combo. De plus, l'adhésion aux champs harmoniques et aux gammes délivrées par le groupe ne met pas bien longtemps à s'opérer. Ainsi, le combo australien nous offre une menue mais affriolante rondelle. Ce qui laisse augurer une belle marge de manœuvre devant lui.
Plus encore, à l'aune de cette œuvre initiale, il compte déjà convoler sur les terres des
Delain,
Autumn et autres
Kingfisher Sky ou
Ravenscry.
S'il lui reste cependant quelques longueurs à nager pour nous rallier pleinement à sa cause, nul doute qu'il saura générer quelques arpèges plus affûtés pour s'illustrer très honorablement face à ses pairs. Autrement dit, on sent un potentiel affermi, à valoriser davantage, sans doute à l'aune d'un album full length à venir. Du moins l'espérons-nous d'ores et déjà...
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