Il y a des groupes dont le nom oriente directement vers le style qu'ils pratiquent, c'est le cas par exemple de
Profanatica,
Brutality,
Folkearth ou encore des Anglais de
Power Quest...
Mais parfois, c'est plus technique, c'est le cas par exemple des Allemands de
Kadavar qui jouent du stoner 70's et non pas du black metal, de
Leprous, plus versé dans le progressif que dans le death, d'
Agathocles qui ne jouent pas du black mais du grind ou encore des Eagles of
Death metal...
Le tout récent combo grec
Ithaqua ne verse pas dans le metal symphonique que l'on pourrait supposer où une douce Pénélope esseulée tisserait de sa voix fragile un canevas au milieu de hordes de prétendants chevelus torse nu, mais dans un black metal bien terre-à-terre et à l'ancienne... Le nom, par ailleurs, malgré leur origine, ne semble pas venir de l'île grecque (Ithaca en anglais et Ithaki en grec) mais plutôt de l'oeuvre d'HP Lovecraft, puisqu'
Ithaqua est l'un des grands anciens du mythe de Cthulhu.
Si le groupe est jeune, on tient ici son premier EP, 2 titres pour seize minutes de musique, il est issu d'une longue tradition, forme de nouvel entité née de la fusion des entités créatrices de N.C.M et d'Echetleos, lesquels faisaient déjà équipe sur le projet « Opus Magorum », depuis 2001 et partie du groupe «
Caedes Cruenta » ensemble. Le second nommé a également à son actif d'avoir été le guitariste de
Nargothrond et depuis récemment le bassiste de
Kawir, dont le nouvel album va sortir dans les jours qui viennent...
Bref, deux vieux routiers de la scène black metal athénienne qui s'allie pour former un nouveau projet et qui nous offre «
The Black Mass Sabbath Pulse », au titre équivoque.
Et bien, si on attendra avant de se prononcer sur le destin du projet, que d'autres productions sortent, les deux titres proposés montrent qu'
Ithaqua a le talent pour ramener quelques larmes aux yeux de vieux blackeux ruminant le monde qui a changé et espérant un retour aux productions de leur jeunesse.
En effet, on se souvient qu'il fut un temps où la scène metal grecque ne possédait pas encore ses épouvantails qui rameutent les foules et enchaînent les tournées, et c'étaient ces mêmes « épouvantails » comme Septic
Flesh et
Rotting Christ qui, avant de s'imposer au fur et à mesure du temps, sortaient leurs premiers albums bien plus underground que ce que les moyens technologiques leur permettent de faire maintenant.
Et bien, le duo fait une sorte de mix de ce qui il y a de bon dans le vieux black metal hellène, en le modernisant un chouïa, et ça fonctionne pas trop mal. Les deux compositions se tiennent largement, basées sur des riffs de bonne facture (surtout sur l'excellent second morceau « Walpurgis, the Flight of
Spectral Witches ») avec des soli de guitare plutôt bons et des aspects rituels à la
Rotting Christ période «
Non Serviam » soutenu par des claviers religieux. Ce n'est pas vraiment mélodique, ni orthodoxe, ni très violent mais assez entraînant et bien construit. Si les thématiques sont bien entendu occultes, le coté ritualiste n'est pas non plus surjoué, et on est loin du black gothique plus théâtral et ambitieux vers lequel ont évolué leurs aînés. L'ensemble peut rappeler
Necromantia, avec néanmoins des aspects un peu plus rock'n'roll dans le riffing. Le chant est par contre plus amateur et sonne résolument underground, ce qui peut être un peu acide sur les premières écoutes, mais ne dépare pas une fois qu'on s'y est habitué...
Au final, les Grecs nous proposent deux titres qui donnent vraiment envie de voir la suite. Certes, il ne faudra pas s'attendre à une œuvre aux ambitions démesurées, mais dans son registre traditionnel sans être cliché, cet EP fait tranquillement son travail. Il faut, malgré tout, avouer qu'on en aurait bien repris une ou deux tranches, et qu'on finit avec un sentiment d'inachevé à la fin de l'écoute. Prenons-le comme une démo, et attendons de voir. S'ils persistent sur ce rythme, nul doute qu'ils sauront sur leur créneau se trouver un public.
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