Porté par son premier et seyant album studio, «
Dangerous Paradise », le quartet mexicain créé à en
2012 par le compositeur et bassiste Diego Heero Maaginen (Aiam, ex-Words
Unspoken) n'allait pas s'arrêter en si bon chemin... Aussi, ne mettra-t-il guère plus d'une année pour revenir dans les rangs, et ce à l'instar des singles «
Reborn », «
You Are Insane » et «
Forbidden Love », tous trois inscrits dans un second effort du même acabit dénommé « The Bird's Assembly » ; une auto-production généreuse de ses 58 minutes où s'enchaînent sereinement 11 plages à la fois sanguines, enjouées, parfois opératiques et romanesques. Le set de compositions de cette nouvelle et pléthorique offrande serait-il de nature à propulser dès lors le combo latino-américain parmi les valeurs montantes d'un registre metal aujourd'hui encore agité par une féroce concurrence ? Quels seraient alors les armes de nos gladiateurs pour pouvoir opposer une farouche résistance à leurs si nombreux homologues stylistiques ?
Dans ce dessein, l'équipage du précédent effort se retrouve au grand complet, aux côtés du maître d'oeuvre continuant de se conjuguer les talents de Karen M-dozza en qualité de frontwoman, Javier Díaz aux guitares et au chant, et Luis Arturo Echegollen (Aiam) derrière les fûts. Ce faisant, et conformément à leurs aspirations premières, nos quatre acolytes nous immergent au sein d'un propos metal mélodico-symphonique aux relents heavy, power, folk et cinématique, lui aussi inspiré par
Delain,
Xandria,
Epica,
Nightwish,
Stream Of Passion et
Diabulus In Musica et consorts, et jouissant d'un fin mixage et d'un mastering de bonne facture signés Luis Echegollen (
Metanoia Records). Tout comme son devancier, cet opus se teinte d'une touche latina et d'orientalisantes notes, tout en se parant de gammes empruntées au classique. Est-ce à dire qu'un bis repetita serait au bout du chemin à l'exclusion de toute autre alternative qui en fonderait son originalité ? Pour tenter de répondre à cette délicate question, une exploration minutieuse des entrailles du navire s'impose...
C'est sur un torrent de lave en fusion que nous projette volontiers le combo mexicain avec bien souvent pour effet de nous retenir plus que de raison. Ainsi, passée la brève et cinématique entame semi-instrumentale « Hoopoe », les éléments ne vont pas tarder à se déchaîner. Ce qu'atteste, tout d'abord, « Awakened », un tempétueux manifeste power symphonique aux riffs corrosifs et au vigoureux tapping, au carrefour entre
Delain et
Epica. Doté d'un refrain catchy mis en exergue par les cristallines inflexions de la sirène qu'escorte une muraille de choeurs, se chargeant en émotion au fil de sa progression, le fringant effort ne saurait être éludé par le chaland. On ne pourra davantage esquiver ni le mordant, théâtralisant et ''nightwishien'' «
You Are Insane » ni l'altier et ''xandrien'' «
Forbidden Love » tant pour la soudaineté de leurs attaques percussives que pour la finesse de leurs arrangements instrumentaux.
Parfois, le message musical se fait plus complexe, voire tortueux, impliquant alors quelques écoutes circonstanciées avant une éventuelle imprégnation. Aussi, dans la lignée de
Visions Of Atlantis, diversifiant ses phases rythmiques à l'envi, l'épique et anxiogène up tempo « SurrounDead » n'a de cesse de nous bringuebaler. C'est donc dans un vaste champ de turbulences que le démoniaque et opératique méfait nous plonge. Et la sauce prend, in fine. Dans cette même énergie, on pourra encore s'orienter vers « Just One
Night », un offensif et orientalisant effort dans la veine d'
Epica pourvu de puissants et inaltérables coups de boutoir et de couplets bien customisés.
Un poil moins incisifs, d'autres espaces d'expression pourront à leur tour se jouer de toute tentative de résistance à leur assimilation. Ainsi, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique et pourvu d'un refrain immersif à souhait doublé d'un bref mais flamboyant solo de guitare, l'entraînant et ''delainien'' « Come to Me » joue lui aussi dans la catégorie des hits en puissance que l'on ne quittera qu'à regret. Dans cette dynamique, eu égard à la fluidité de ses arpèges d'accords et à ses enchaînements intra piste des plus sécurisants, l'invitant «
Reborn » ne mettra qu'une poignée de secondes pour happer le pavillon du chaland. Mais le magicien a encore d'autres tours dans sa manche en réserve...
Comme ils nous y avaient déjà sensibilisés, nos acolytes se font apaisants à leurs heures, nous immergeant dès lors au sein d'environnements ouatés propices à une profonde zénitude. Ce qu'illustre, en premier lieu, « My Love », ballade a-rythmique et d'une sensibilité à fleur de peau, mise en habit de soie par un piano/voix d'une confondante délicatesse. Générant un infiltrant cheminement d'harmoniques dont la petite larme au coin de l'oeil s'en fait l'écho, l'instant privilégié que n'aurait nullement renié
Diabulus In Musica saura combler les attentes de l'aficionado de moments intimistes. D'autre part, semblant venu du fond des âges, disséminant de profonds et métronomiques roulements de tambours, « Broken Scepters of
War » se pose tel un énigmatique low tempo folk traditionaliste sur fond d'incantations masculines.
Mais, à l'instar du précédent effort, ce serait à l'instar de leur pièce en actes estampée metal symphonico-progressif, ultime plage de la galette, que nos compères dévoilent leur masterpiece. Ainsi, le rayonnant, tonique et chevaleresque « La Asamblea de las
Aves » déverse ses quelque 15:22 minutes d'un spectacle aussi délicat que palpitant, inscrivant de multiples coups de théâtre dans sa trame. Aussi, non sans rappeler les premières heures d'
Epica, l'opulente piste se fait à la fois fougueuse, romanesque, un brin orientalisante. Parallèlement encensé par les limpides volutes de la princesse et recelant moult variations atmosphériques et rythmiques, le manifeste pourrait bien laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront goûté. C'est donc avec les honneurs que se clôture également ce second opus.
Moins immédiatement accessible mais guère moins prégnant que son devancier, témoignant également d'une énergie aisément communicative, de sentes mélodiques tout aussi délicatement concoctées et d'un degré d'exigence supérieur de la part du combo quant à sa production d'ensemble, ce message musical poussera à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure envolée. En dépit d'une originalité restée latente et du peu de prises de risques consenti, la solaire et éclectique offrande n'a pas tari d'armes de poing pour asseoir sa défense, dont de croustillantes surprises au programme, le collectif lançant ainsi une offensive de poids à ses homologues. C'est dire que s'il ne réinvente pas les codes du genre, ce foisonnant essai serait toutefois à même de propulser la formation mexicaine parmi les valeurs montantes de ce registre metal. Bref, un second mouvement aussi subtil et bouillonnant qu'inattendu...
Note : 14,5/20
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