Souhaitant lui aussi marcher sur les traces de
Nightwish et consorts, le jeune combo fribourgeois s'est laissé le temps de peaufiner ses compositions et affiner sa plume pour accoucher de son premier bébé. Ainsi, le présent et bien nommé «
The Beginning », EP auto-produit égrainant ses 4 titres sur un ruban auditif resserré de 18 minutes, a vu le jour pas moins de 3 ans suite à sa fondation collective en 2011. Ce faisant, le sextet helvétique évolue dans un registre metal mélodico-symphonique aux accents power et/ou heavy, dans la lignée commune d'
Epica,
Nightwish,
Ancient Bards et
Delain, qu'il met à profit dans un propos à la fois énergique et enivrant, à la production soignée, au mix équilibré et aux enchaînements bien amenés. Mais entrons sans plus attendre dans la petite goélette en quête d'éventuelles pépites...
Les premières mesures donnent le la du propos, celui-ci ne s'autorisant pas la moindre pause, et dont l'architecture rythmique reste peu différenciée selon les passages. Ce faisant, les deux initiales plages renferment leur lot de surprises et de délices, réfrénant parfois la cadence de leur attelage. D'une part, le rayonnant «
Willow », offensif titre power symphonique dans la veine rythmique d'
Ancient Bards et dont les arrangements renvoient à
Nightwish, déploie des trésors d'ingéniosité pour nous rallier à sa cause. Sachant varier ses atmosphères tout en disséminant, et sans répit, ses riffs acérés, le brûlot se plait à tourmenter nos tympans pour mieux les ensemencer de sa limpide et subtile ligne mélodique, mise en relief par les fines modulations de
Melissa Bonny (
Rage Of Light). Bref, un fructueux message introductif incitatif à la prolongation du voyage.
On embraye prestement et sur un même modus operandi avec le vrombissant «
Winter Is Over », mid/up tempo orienté heavy speed symphonique à mi-chemin entre la grandiloquence instrumentale d'
Epica et les harmoniques effilées de
Delain, octroyant de sculpturaux couplets suivis de refrains immersifs à souhait. Succédant à un petit break, un joli solo de guitare permet à la cavalerie de repartir de plus belle à l'assaut de nos âmes alanguies. Les chatoyantes inflexions de
Melissa Bonny feront le reste pour requérir l'adhésion.
Le collectif suisse a également densifié son assise orchestrale et dynamisé une rythmique alors devenue incandescente, de deux manières différentes. Tout d'abord, on est catapulté sur une piste frondeuse dans l'ombre mélodique oscillant entre
Delain et
Arven, pour nous diriger ensuite dans une tourmente dans le sillage d'
Autumn. Ainsi, un tapping martelant nous accueille sur le diluvien « The
Black Knight », où la belle vient donner le change à son growler de comparse. Une invitation à quelques soyeuses et vibrantes modulations atmosphériques nous est proposée, au gré des célestes impulsions de la déesse, suivant une sente mélodique ultra sécurisante. On comprend que l'on est aux prises avec un hit en puissance chargé en émotion, usant de fines variations et d'inattendus et invitatoires changements de tonalité pour nous séduire.
De même, de délicats arpèges au piano introduisent le frissonnant et charmeur « Sailor », autre titre saillant usant d'un tonitruent tapping et de fulgurants gimmicks guitaristiques. Un refrain catchy apte à déclencher la petite larme alterne avec un couplet vitaminé, à peine entrecoupés par un expert picking à la lead guitare sur un solo des plus hypnotiques. Parallèlement, l'appel de la sirène se fait plus pressant, nous intimant l'ordre de la suivre dans ses déambulations aquatiques en eaux profondes. On s'y exécute sans sourciller pour en ressortir imprégné des vibes dispensées.
A l'issue de ce bref parcours auditif, force est de constater que le groupe affiche d'ores et déjà un réel potentiel, qu'il a bien digéré ses sources d'influence pour apposer son sceau sur chacune de ses partitions. Cet initial message musical est à appréhender comme un tremplin, avant d'espérer les voir revenir avec, dans leur besace, un album full length, format où ils pourront plus largement donner la pleine mesure de leur talent et varier leur proposition. Aussi, on aurait souhaité davantage de diversité atmosphérique et rythmique, un plus large éventail de possibles vocaux, un éventuel instrumental ou une fresque pour compléter leur offre. Sans flirter avec l'originalité ou la prise de risques, nos acolytes ont néanmoins fait preuve d'un travail quasi professionnel, de qualités de mélodistes avérés et de techniciens déjà affutés. Aussi, le mal n'est pas grave. Ils ont encore bien le temps pour voir évoluer leurs déjà remarquables compétences. C'est donc avec une impatience à peine dissimulée que l'on attend le prochain épisode...
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