Survival Zero est un tout jeune groupe troyen formé en 2017 et regroupant des membres de combos comme
Embryonic Cells,
Shredding Sanity ou Sons of Secret.
Le quintette a décidé de faire son entrée sur la scène metal par la grande porte, puisque c’est directement un full length de neuf titres pour 38 minutes qui se charge de faire les présentations.
The Ascension, premier enregistrement des Champardennais donc, sort conjointement sur M&O Music et Season of
Mist, gage d’une qualité et d’un professionnalisme certains, et en effet, des compos à la production en passant par le visuel et les lyrics, on sent que tout a été minutieusement travaillé.
La musique du groupe est un alliage massif qui empreinte autant au metal moderne (oscillant quelque part entre groove metal, death mélo, thrash et metalcore) qu’au post hardcore. Ici, le travail rythmique et la recherche d’ambiances sont complémentaires, passant principalement par un jeu de guitare riche et varié qui parvient à dégager autant de puissance que de mélodies (l’excellent
Lost in Eri d’intro qui nous plonge directement dans le bain, le début et le refrain d’Ascension…). L’ensemble est très facile d’accès, s’articulant principalement autour de gros riffs prenants et de refrains simples et efficaces portés par le chant bourru de Pierre Lebaillif, à mi-chemin entre death, sludge et hardcore (Glorious
Nemesis, Ascension, Degeneration, avec ses
Kill Kill Kill! de fin). D’ailleurs, le bougre est également capable de pousser honorablement la chansonnette, avec un timbre clair rauque et granuleux appréciable (le très bon refrain d’Ascension, Foundation, qui fait pas mal penser à du
Gojira dans les intonations vocales du couplet et avec ce lumineux tapping de fin), ce qui ajoute au côté accrocheur de l’ensemble.
Survival Zero opte donc plus pour la lourdeur et la puissance que pour la vitesse, se cantonnant à un mid tempo au rythme très marqué et headbangant et canalisant toujours les accès de violence que l’on pourrait attendre d’un metal dit extrême (Degeneration, avec sa basse bien en avant et ses grosses saccades bien grasses). C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on pourra faire au groupe, qui semble ne jamais vraiment lâcher les rênes, l’ensemble manquant d’un soupçon de folie, d’intensité et de variété dans les rythmiques (putain, comment je l’attendais le gros blast qui défonce après l’intro de Glorious
Nemesis ! Mais non en fait...). Disons que le quintette perd en spontanéité ce qu’il assure en puissance et en maîtrise, le tout sonnant extrêmement propre et carré, sans rien qui dépasse, assurément un parti-pris du groupe.
Pour le reste, les cinq réussissent à concilier l’art du gros riff avec les atmosphères, enveloppant leurs compositions d’un climat mélancolique et froid typique du post hardcore (The Coldspot, uniquement instrumental, a un petit côté Cult of
Luna sympathique, notamment via ce jeu de batterie tribal, The Otherverse, lourd, lent et lancinant). On est parfois aux limites du cyber et de l’indus dans le rendu final, pas si loin de ça qu’un
Fear Factory mid tempo et particulièrement mélodique (le jeu millimétré des musiciens et la prod n’y sont pas pour rien), voire de certains combos de space metal via ces leads entêtantes omniprésentes. Tout cela contribue à faire de
The Ascension un album hybride mais parfaitement homogène et cohérent très agréable à écouter à défaut d’être vraiment original.
Pour conclure, voilà un premier full length parfaitement maîtrisé, dégageant une puissance contrôlée ainsi qu’un groove froid et mécanique et une ambiance sombre presque apocalyptique qui prend des contours tantôt planants tantôt plus angoissants. Quelque part entre la lourdeur rythmique du metalcore et les atmosphères glaciales et éthérées du post hardcore, cet opus pourra plaire indifféremment aux amateurs de groupes aussi variés que
Gojira,
One-Way Mirror, Lamb of
God,
Mistaken Element, Cult of
Luna ou Year of no Light. Une belle réussite en somme, qui nous donne d'ores et déjà envie de suivre
Survival Zero de près, histoire de voir jusqu’où pourra les mener cette ascension…
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