Annominus pourrait demeurer une référence de plus dans le large catalogue du
Metal. Le premier effort du groupe, «
End Of Atonement », sorti il y a 4 ans, n’avait pas particulièrement attiré l’attention des webzines internationaux, le condamnant par la même occasion à l’anonymat. Pourtant l’opus regorge de qualités et se montre si bien ficelé qu’
Amorphis et Black label Society n’auront pas hésité à engager le jeune groupe afin d’ouvrir les hostilités sur leurs dates russes… voilà de quoi motiver notre jeune groupe!
Après 4 ans d’attente, le cap du second opus est passé et celui-ci il se nommera «
The Architect » offrant un visuel particulièrement soigné et moderne, avec cette pointe d’originalité dans le design lui permettant de se détacher foncièrement du reste de la concurrence. Grace à ce premier contact visuel original, chargé d’accrocher l’auditeur et d’introduire symboliquement le contenu, nous ne pouvons qu’espérer le meilleur et une bonne épilation des esgourdes à coup d’ondes de chocs musicales.
Le label Mighty Music nous rassure sur le pédigree de son poulain, n’hésitant pas décrire une musique au carrefour de
Mastodon et de Depeche Mode… en passant par
Gojira… rien que ça !!! Voilà de quoi raviver une fois de plus notre vilain défaut… la curiosité bien sûr (après vous faites ce que vous voulez en l’écoutant…), et d’apprécier les huit chapitres qui composent ce second recueil.
Plein de promesses, «
The Architect » débute par un « Distinctive » qui représente finalement la synthèse de ce qu’Annominus peut faire de mieux. Une entrée en matière rythmiquement intéressante, avec une voix dynamique et des lignes rythmiques qui tiennent la route, directes et sans détours. Ce premier titre se détache foncièrement de la couleur d’ « Audient
Void », second sur ma playlist bien qu’il clôture la galette, lui aussi intéressant mais affichant une tendance
Gothic Mélodique assumée, particulièrement influencée par la scène scandinave.
A l’écoute de ces deux titres, on peut ainsi dire que le groupe ne table pas sur la complexité rythmique mais sur un lot de dissonances et de placements rythmiques atypiques permettant de jouer la carte de l’originalité, offrant un côté direct tout en restant tout de même très accessible. La ligne directrice du groupe est ainsi respectée, s’étalant sur un versant mélodique mid-tempo demeurant un peu froide parfois mais globalement neutre dans son interprétation, ni trop agressive, ni trop rapide, qui pourrait paraître finalement un peu lisse.
Le mid-tempo rythme ainsi l’ensemble des titres de «
The Architect », rondement mené, souvent agréable à notre oreille qui est indubitablement attirée par une poignée de compositions sortant du lot, à commencer par « Cubic » qui reflète le facette la plus Heavy, voire Thrash du groupe. Ce titre se détache par son côté plus sournois grâce à l’apport de lignes vocales un poil plus dynamiques et l’emploi de double vocalises, permettant ce surcroit d’agressivité qui fait un peu défaut sur l’album. Mais (…il y a un mais…) un changement radical de style entraîne souvent des imperfections, ici, qui ne sont pas liées à l’interprétation mais plutôt à un défaut de mixage qui met la voix trop en avant au détriment d’une section rythmique qui en devient faiblarde. Anders Vohs, qui a participé à la réalisation de cet album, a réussi à créer une atmosphère particulière, presque intimiste, qui en devient une véritable marque de fabrique, il n’aura cependant pas réussi à mettre en valeur ce titre qui aurait pu être le fer de lance de cet album.
«
Logos » renvoie à un autre style de prédilection du groupe, le Djent, mais dans une forme simple, accessible, teintée du Heavy
Metal des plus sombres. Le groupe marque également des points avec « Nautilus », assez surprenant, apportant ses rythmiques dissonantes qui persistent dans la mouvance froide et perfide du Black
Metal dans sa forme norvégienne….
Malheureusement la surprise est gâchée par ce tempo qui s’installe de façon invariable sur des structures à la géométrie souvent trop proches, faisant de « Submertia », « Faux Maux » ou encore «
Through Perdition » des titres dont la longueur et la linéarité leur hôte toute efficacité.
L’évolution entre les deux albums est tout à fait louable, déjà en termes de composition mais également d’ambiances. Le chant de Jacob Zinn, également guitariste de la formation, s’est amélioré, montrant une affinité de plus en plus affirmée pour les tonalités propres au Rock. Son interprétation est convaincante sur cet album dont le concept repose essentiellement sur la capacité d’autodestruction de l’humanité et sur le rejet de la société actuelle, sujets de prédilection quasi-inépuisables pour bon nombre de formations.
Pour ce second album, les danois d’Annomimus essayent de jouer la carte de l’originalité proposant une musique, relativement accessible, personnel, sur une ambiance de fond assez froide. «
The Architect » se pose sur un panel de styles modernes se mélangeant en évitant toute complexité et tout élément superflu. Il n’y a donc pas de soli ni d’arrangements complexes, juste l’expression d’un groupe qui essaye de taper fort, mais peut être un peu trop vite. «
The Architect » reste propre mais traîne parfois en longueur à cause structures similaires et prévisibles. Il persiste un sentiment d’amateurisme chez ce groupe mais l’accession au stade supérieur ne semble plus être si lointaine et pourrait d’ailleurs se faire entendre sur la prochaine réalisation.
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