Digne héritière d’une scène punk largement répandue aux Etats-Unis durant les années 70 (citons uniquement les Ramones), la virulente scène hardcore nord américaine a pris toute son essence aux débuts des eighties sous l’impulsion de
Dead Kennedys,
Black Flag ou
Minor Threat. On peut plus particulièrement retenir l'activité intense de la côte californienne et du bastion de
Boston, et bien sûr de la ville de
New York, scène incroyablement prolifique ayant comme point de rencontre la fameuse salle CBGB, lieu des prestations hardcore / punk les plus réputées et les plus folles.
C’est dans cette ambiance punk qu'Harley Flanagan évolue dès son plus jeune age, l'acteur très précoce fondant son groupe
Cro-Mags alors qu’il vient tout juste de fêter son 12ème anniversaire. Plusieurs turbulences affectent les premières années du groupe, qui stabilise enfin son line-up en 1984 et sort dès l'année suivante sa démo désormais nommée
Before the Quarrel, comptant définitivement dans ses rangs le très charimatique John Joseph, un pan incontournable du visage du groupe new-yorkais.
En ce milieu des eighties, de nombreuses formations hardcore commencent à acquérir un son plus métallique, opérant l’une des premières jonctions avec le thrashmetal, que l’on nommera ‘crossover’ dès 1987. Impossible de passer par exemple à côté des premières oeuvres de
Suicidal Tendencies,
DRI ou
Corrosion Of Conformity, ou encore dès 1985 des fameux Speak English or
Die et Cause for Alarm de
Stormtroopers Of Death et
Agnostic Front.
Plus metal que son voisin
Agnostic Front avec qui il partage régulièrement les planches du CBGB,
Cro-Mags surfe idéalement entre la radicalité et la rage du hardcore si chères aux eighties, et une lourdeur métallique toute particulière. Le groupe évolue notamment avec une paire de guitaristes, Parris Mayhew & Doug
Holland, lui apportant cette assise metal caractéristique, parfaite sur l’intro puissante de We Gotta Know, titre d’ouverture de son premier album
The Age of Quarrel paru chez Profile Records dès la rentrée 1986.
On retrouve ainsi le couple basse batterie de Mackie
Jason et Harley Flanagan très présent, lâchant des rythmes tantôt middle tempo ou entrainants, et servant de moteur à des rafales de guitares fracassantes, à l’image du riffing si entêtant des morceaux World Peace et Show You No
Mercy. L’arme imparable de l’ensemble se nomme John Joseph, au chant si rageur tout en gardant cette insouciance et ce ton revendicateur, illustrant idéalement toute l’urgence et la colère de la scène hardcore de l’époque, fougueuse et survoltée.
Impossible d’échapper ainsi aux courts et pogotants
Survival of the
Streets et Don’t
Tread on Me, à des
Hard Times et Face the Facts aux phrases typiquement hardcore et jouissives, au métallique By Myself et son solo de guitare en son coeur, ou encore à des
Life My Own et
Sign of the Times de folie, sans compter cette hargne si présente dans le chant punk de John et dans les vocaux en rappel d’Harley, supporté par ce riffing d'une lourdeur de chaque instant.
Brillamment emmené par son jeune leader Harley Flanagan, qui n’a encore soufflé que 18 bougies en cette année 1986,
Cro-Mags signe avec son premier album une passerelle majeure entre les scènes hardcore et thrashmetal, milieux ayant beaucoup à apprendre et à partager à cette époque. Incontournable,
The Age of Quarrel ne prend ainsi pas une ride au fil des années et reste immuablement la référence du groupe new-yorkais. On peut non seulement regretter la mésentente ultérieure entre Harley et John, qui à eux deux représentaient l’âme de
Cro-Mags sur scène, mais aussi le départ du guitariste Parris Mayhew, le riff-master qui cimentait dans l'ombre l'assise musicale de la formation.
Fabien.
Merci
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