Pour débuter l'analyse de
The Advent of Shadows, premier effort des Francais de
Sentinhell, soyons donc bienveillants et évacuons d'emblée les quelques rares écueils qui le parsèment. Pour ce faire, bien évidemment il nous faudra parler, en premier lieu, de celui inhérent à ce genre de premier pas autoproduit, à savoir le son. Manquant sans doute d'un peu d'épaisseur, il offre une ambiance un peu trop minimaliste à ce disque là où, selon votre humble serviteur, plus de grandiloquence, de grandeur et d'amplitude eut été nécessaire. Toutefois ne soyons pas aussi médisants que certains de nos petits camarades chroniqueurs évoluant en d'autres préaux et reconnaissons que la production de ce manifeste, sans être totalement parfaite, est suffisamment efficace, précise et bonne pour que le plaisir né à l'écoute de ce plaidoyer ne soit aucunement altéré par ce détail. Certains de ces polémistes patentés devraient sans doute se souvenir de ce que furent autrefois les premiers albums de groupes aux moyens limités qui, pour la plupart, ne pouvaient nullement se targuer d'avoir un son aussi propre, une imagerie aussi remarquable, un livret aussi esthétiquement soigné et une approche aussi résolument professionnelle que celle présentée ici.
Afin de poursuivre l'exercice délicat, et ô combien épineux, consistant à détailler les quelques défauts de cette œuvre, disons encore que l'éclectisme dont y fait preuve ce quintette originaire d'Avignon en nous proposant un album aussi diversement inspiré ne sera pas nécessairement du goût de tous. Ce Heavy
Metal traditionnelle parfois sombre et souvent matinée de
Power Metal Européens pourra en effet dérouter certains.
Pour poursuivre sur cette voie et offrir en pâture quelques noms susceptibles d'éclairer sur le style pratiqué ici, on ne pourra s'empêcher de penser immédiatement à l'écoute de ce premier morceau éponyme dévolues à une expression sombre et occulte à des formations tels
Black Sabbath,
King Diamond ou encore
Candlemass. Ce climat très "horrifique" et obscur étant encore mis en exergue par ces claviers ténébreux et baroque. Précisons néanmoins que ces cicatrices noires et tourmentées sont loin de constituer l'essence principale de ce disque. Du reste parler uniquement de ces accointances-là, sans aucunement évoquer les aspirations de ces cinq instrumentistes pour un Heavy plus passéiste seraient une grossière erreur. Fort de cette constatation ajoutons donc à cette liste d'autres noms tels ceux de
Judas Priest ou d'Iron Maiden. Pour terminer la facette
Power Metal que ces chansons revêtent également ne peut être passé sous silence. Il y a, en effet, ici autant de stigmates provenant des groupes déjà cités que d'autres résultant des travaux des
Helloween ou
Angra.
Par ailleurs, d'aucuns évoqueraient aussi ici quelques accointances Thrash et même s'ils n'auraient pas totalement tort, les stigmates laissés par ces velléités sont si succinctes et infimes qu'il serait incongrues de les mettre davantage en avant. On ne peut décemment pas parler ici d'un souffle extrême évident et flagrant fort de pistes les plus âpres telles que
Dark Legacy ou
Demon's Run dans lesquelles, pourtant, les chants, les rythmes et les riffs de guitare deviennent soudainement plus agressifs.
De toutes ces inspirations diverses
Sentinhell aura néanmoins réussi la prouesse de construire un style qui lui est suffisamment propre.
S'agissant de la démonstration consistant à prouver les autres qualités de ce disque abordons donc quelques morceaux tels les excellents Time et The
Stormrider que les puristes aguerris ne pourront s'empêcher de rapprocher à la fois des premiers travaux de
Kiko Loureiro et de ses comparses (et ceux d'autant plus facilement que la voix de Nico Caruana y prends quelques colorations, notamment dans les aigus, qui ne sont pas sans rapport avec les prestations d'
Andre Matos) mais aussi de ceux de Michael Weikath et des siens. D'autres tels
Dark Legacy et The Archmagus sont, elles aussi, de très bonnes chansons de ce disque. Tout comme le dépaysant Sea of Sands aux doux parfums d'Orient.
Pour clore ce pamphlet, disons quelques mots sur ce chanteur aux prestations assez intéressantes. Sa polyvalence est séduisante. Très séduisante.
Seul son manque de puissance dans certaines phases (un défaut sans doute imputable, une fois encore, à cette production), notamment dans les aigus, et quelques légères maladresses compréhensibles, pourraient froisser les égos des extrémistes les plus exigeants. Qu'ils passent donc leur chemin et qu'ils nous laissent savourer les charmes des interventions de ce vocaliste, de cette musique et des titres de cette œuvre.
The Advent of Shadows est donc un très bon premier opus qui aurait cependant mérité d'être pourvu d'une production un tout petit peu meilleure pour réellement prétendre à de plus grands éloges. Ne soyons cependant pas démesurément formalistes sur ce point-là et acceptons tout le plaisir qu'un disque aussi attachant est susceptible de nous procurer.
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