Code Orange est un groupe assez énigmatique dans ce vaste univers qu’est celui du metal. Lorsque le collectif est formé en 2008 sous le nom de
Code Orange Kids, il ne se contente que d’un son punk. Après quelques démos et des premières parties aux côtés de formations telles qu’
Anti-Flag ou
The Bronx, le sextet américain prend finalement une tendance plus extrême seulement quatre ans après sa création. A partir de cet instant, nos Américains s’exerçaient dans un style hardcore, bien qu’ils étaient aussi influencés par le metal industriel, le metalcore et, dans une moindre mesure, le metal alternatif. Les albums, au nombre de quatre, se sont succédés pour nos musiciens, toujours avec un certain succès mais surtout par une exploration assez unique de divers genres musicaux.
C’est donc avec cette même dynamique que l’on espère retrouver notre troupe avec un cinquième opus intitulé
The Above. Après une assez longue collaboration avec la maison de disques Roadrunner Records, c’est finalement avec Blue Grape Music que les artistes ont décidé de démarrer une nouvelle aventure. C’est également la première toile qui est entièrement autoproduite par la troupe, plus précisément par son ancien batteur devenu désormais le vocaliste principal Jami Morgan ainsi que par son guitariste Eric Balderose.
Ces nombreux changements au sein du sextet américain se ressentent vivement sur leur empreinte musicale. Dès le morceau d’ouverture
Never Far Apart, on remarque immédiatement cette volonté de la part du groupe d’expérimenter et de s’ouvrir à d’autres frontières. Le premier couplet est une invitation au mal-être et à l’inquiétude avec un chant ferme et surtout froid. L’instrumental suit cette même pessimisme avec des sonorités électroniques et industrielles hostiles qui évoquent l’atmosphère intransigeante que l’on retrouvait sur le disque Year
Zero de
Nine Inch Nails.
Pour autant, arrivé au refrain, toute cette inflexibilité se transforme en un climat bien plus docile mais tout de même assez mélancolique. L’électronique laisse place à de douces notes de piano et la prestation vocale renfrognée est abandonnée pour une palette féminine signée Reba Meyers accueillante et sensible. Le morceau joue énormément de ces contrastes qui sont assez déplaisants en premier lieu mais qui finissent par être intrigants.
Au-delà même de cet esprit expérimental, on note sur cette première composition une inspiration majeure du nu metal des années 90 avec des riffings dissonants ainsi qu’un rythme parfois éthéré, parfois rythmé. Pour autant, les Américains n’en oublient pas leurs origines avec un breakdown de plus en plus languissant ainsi qu’un screaming sauvage et cru.
Sur la plupart des morceaux, on remarque cette intention de naviguer entre des mélodies poétiques et des passages grinçants. Theatre Of Cruelty est exactement dans ce cas de figure avec des couplets au riffing délicat, bien que les éléments électroniques brisent quelque peu cette accessibilité par leur acoustique discordante. Le chant est quant à lui suave, limite sensuel malgré un contexte lyrique très sombre. Les couplets nous prennent à nouveau de court avec un instrumental malveillant, un screaming incisif toujours avec ces guitares stridentes empruntées au neo. Le morceau montre un regard toutefois un peu différent de son prédécesseur avec une rythmique plus hâtive inspirée du punk. Nous aurons en revanche un nouveau breakdown assez similaire qui ne perd rien de son efficacité.
Bien que le souhait du groupe d’évoluer sur chacune de ses apparitions soit louable et même s’il n’y a pas vraiment de mauvais titres sur cette cinquième esquisse, on reste tout de même perplexe sur sa composition. En effet, à force de proposer des écritures déstructurées, on a bien du mal à comprendre où la formation américaine souhaite nous amener. Mirror, qui est peut-être l’un des meilleurs titres de cette galette, nous stoppe pourtant dans notre élan avec une balade pleine de finesse et qui doit sa particularité par ces résonances électroniques songeuses. Le chant n’est pas forcément époustouflant mais il est dans cette optique de quiétude et d’élégance. A l’inverse, un titre comme The Game ira droit au but avec un riffing intraitable, âcre ainsi qu’un chant empli de rage. Le breakdown est sans doute le petit faux-pas du morceau avec un rendu assez cacophonique dû à l’omniprésence et à l’accumulation de ces rayonnements électroniques.
Code Orange démontre une fois de plus avec
The Above son inclination à l'expérimentation et son désir de repousser les limites du metal. Les changements au sein du groupe, tant au niveau de la composition que de la production, sont évidents et impactent significativement leur empreinte musicale. Le penchant du sextet pour la diversification se reflète d’ailleurs dans chaque morceau qui n’hésite pas à osciller entre des mélodies aériennes et des passages inhospitaliers. Bien que cette volonté d'évolution soit à l’honneur des Américains, la déstructuration des compositions soulève néanmoins des interrogations sur la direction que la formation souhaite prendre ainsi qu’une réelle difficulté à écouter l’ensemble de l’album. En définitive, cette cinquième pièce du collectif est une esquisse artistique intrigante et fascinante pour ceux qui sont prêts à embrasser l’audace et l’inattendu.
Très bonne chronique, pour moi leur album le plus abouti, le plus intéressant musicalement, qui est un peu fourre tout dans les genres.
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