La capitale britannique n'est pas restée bien longtemps hors de la sphère
Metal Symphonique en cette année riche en productions européennes de qualité. Et ce, à l'instar de celles de
Within Temptation,
Epica,
Imperia et autres
Nightwish ou
Visions of Atlantis. Aussi, sur la Tamise évolue au fil de l'eau un fougueux quintet fort d'une sculpturale orchestration et d'une partie vocale féminine au lyrisme bien trempé.
Suite à une démo intitulée "Emersi", sortie il y a deux ans, le combo nous offre là un premier opus d'une séduisante dynamique rythmique sur laquelle se greffent des riffs souvent métalliques, parfois roulants, rarement profonds. Avec un certain aplomb, la basse confère à l'ensemble des impulsions entraînantes que viennent recueillir des claviers bien inspirés, ces derniers distillant de complexes et esthétiques effets. Le brassage instrumental qui en émane s'avère convaincant de précision et redoutable d'efficacité. Les parties individuelles ne sont pas en reste eu égard aux longs espaces des plages où elles ont pu s'exprimer. Vient se greffer à l'ensemble la chanteuse lyrique Jamie Dodd. Celle-ci délivre le plus souvent des notes feutrées inscrites dans les médiums, à la manière de
Melissa Ferlaak (
Echoterra) ou de Helena Michaelsen (
Imperia).
A partir d'une brève et énigmatique entame instrumentale, intitulée "
Delirium", l'album nous embarque dans une oeuvre riche de par son assise orchestrale, véloce rythmiquement et regorgeant de stimulants passages techniques. A aucun moment on ne déroge aux règles et aux codes du genre
Metal Symphonique. Ce qui laisse à penser que l'opus jouit d'une homogénéité instrumentale qui fonderait l'identité stylistique du groupe. En parallèle, les envolées lyriques, venant lécher les contours de cette roborative instrumentation, confortent l'idée d'une réelle installation dans le style requis par le groupe.
Une partie de l'espace sonore joue sur les effets de relief acoustique tout en suivant des lignes mélodiques cohérentes et aptes à interpeler nos sens. Ainsi, l'énergique "Towards the
Absolute" est un modèle de technicité. En effet, des riffs frétillants répondent constamment aux magmatiques impulsions de la double-caisse, avant de s'écraser face à un break opportun, ce dernier attirant comme un aimant une reprise explosive de l'orchestration. A cela s'ajoutent de pléthoriques soli de guitare et aux claviers. A cette mouture instrumentale se superposent des notes aériennes et un tantinet lyriques de la part de Jamie, colorant alors, de leurs teintes chatoyantes, les refrains. Non moins envoûtant, le puissant "Tempest", sous le joug de riffs pleins de profondeur, d'une rythmique lourde et à l'ambiance éthérée, nous entraîne dans des espaces oralisés à la fois truculents et limpides, à la façon de
Melissa Ferlaak.
D'autres instants, non moins intenses, nous plongent dans une profusion d'effets bien dosés et d'enchaînements parfaitement maîtrisés. La fresque de l'opus est sans conteste le sémillant "It
Remains". Au coeur d'une flopée d'effets symphoniques, délivrés par des nappes synthétiques enveloppantes, se meuvent des riffs tortueux et une partie chantée au large spectre vocal. En outre, ce titre abonde en contrastes rythmiques et en soli de guitare et aux claviers. Ces pratiques instrumentales s'avèrent techniques, parfois complexes mais cohérentes, et participent à la représentation d'une atmosphère orchestrale nuancée et plutôt mélodieuse. Dans une même veine, s'exprime aussi ouvertement le fougueux "A New Light". Une introduction aérienne aux claviers, suivie de riffs épais et accrocheurs, nous conduit rapidement vers une cinglante rythmique, parfois syncopée et contrastée. De sa voix chaude et lyrique, à la manière de
Tarja, Jamie nous convie à des refrains enjoués.
Enfin, moins immersifs, mais tout aussi consistants sur le plan orchestral, d'autres pistes jouent sur notre réceptivité à capter tous les détails d'une orchestration complexe mais non aseptisée. On contemple alors avec l'oreille l'affriolant "In Stillness", avec ses riffs gras et frénétiques, sa rythmique tortueuse et son énigmatique atmosphère. Parallèlement, envoûtants couplets et mélodieux refrains s'envolent sous le souffle d'une voix lyrique bien installée dans les médiums. Avec une coloration vocale plus aérienne, le véloce "The Reach" use à la fois d'un furieux taping et d'une alternance rythmique bien maîtrisée. La ligne mélodique se veut nuancée, notamment grâce à une savante combinaison entre une flopée d'arpèges aux claviers et des riffs acides se répondant en écho.
Un album à découvrir au fil de plusieurs écoutes pour en apprécier toute la teneur. En effet, de par la complexité des arrangements, il ne s'impose pas forcément avec évidence dès la première approche. Il vient même parfois nous chercher dans nos derniers retranchements, surtout sur les passages techniquement les plus soutenus et sur certains bouts de pistes plutôt corrosifs.
Pour les fans de metal symphonique, on pourra se pencher avec intérêt sur cette oeuvre loin d'épuiser toute notre motivation. Contrairement à quelques standards du genre, son accessibilité se mérite au prix d'une attention soutenue. C'est une donnée à prendre en compte, essentiellement pour les non-initiés du genre. Mais, la récompense est au bout du chemin : le doux sentiment de détenir une pièce d'une valeur certaine et inaliénable, donc pérenne. Ce n'est pas la moindre de ses qualités!
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