Petit historique chauvin de rigueur :
Victime Ineptie est un fringant quintet originaire de Bourgogne, d'Autun précisément (pas de complexe d'ignorance, jusqu'à présent je ne savais pas où le situer sur une carte non plus) non loin de Dijon. Entité franco-française (les textes sont écrits dans la langue de Charles Pasqua), le groupe a commencé par une démo en 2007 et en 2011 avec un EP au joli titre (« Sublime Cruauté ») donnant dans du death metal calibré, volontiers brutal et massif, sur-efficace.
Leur premier album dont je vous parle aujourd'hui, « Temps de Démence », auto-produit avec brio, marque à ce titre une réelle surprise, car il est déjà une évolution significative dans la pourtant très courte discographie du groupe. Indéniablement plus ouvert aux autres sous-genres du metal que les galettes précédentes, « Temps de Démence » révèle d'abord un sens du riffing irrésistible, forçant l'auditeur à s'abandonner dans le head-banging à l'insu de son plein gré. De l'instrumental « Hécatombe » à la dernière piste, plusieurs excellents riffs groovys nous transportent dans l'univers de Lamb of
God ou
Machine Head comme sur « Jour de sang » ou «
Abattoir civil ».
Le même groove donc, la même énergie, et la même lourdeur typiquement thrash, soutenue par une double-pédale martelante. Que les puristes ne crient pas haro sur cette orientation tout de suite,
Victime Ineptie n'oublie pas de ménager du death comme ils l'ont pratiqué précédemment, surtout sur « L’Épreuve » qui, à part d'être le titre d'une pièce de Marivaux (détail sans aucune importance), est par moments une bonne petite balle de death metal old school avec une vraie épaisseur. Cela dit, ce disque n'est pas seulement une ouverture du death au thrash.
Soutenu par un batteur en forme olympique qui sait envoyer de la double-pédale, un growl audible qui permet d'apprécier le travail sur les textes, et des gratteux sachant aussi bien pratiquer la technicité que la mélodie, « Temps de Démence » est aussi à l'aise dans d'autres ramifications. Usant à maintes reprises des harmonies heavy où les soli de guitare ont toute leur place, le combo livre aussi quelques ballades plus discrètes (« Corbeau ») et, grâce au talent de ses musiciens et de son aisance de composition, il se permet même un incursion au parfum de mathcore, avec la polyrythmie et les contre-temps adéquats sur « Amnésie » et « Mon cœur saigne ».
Pas encore original, « Temps de Démence » est un des disques hexagonaux les plus honnêtes de l'année, très bien construit, harmonieux, à la production claire, au dynamisme contagieux. Des mecs qui aiment ce qu'ils font et respectent chacun des genres dans lesquels ils s'aventurent.
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