Lorsque l’on évoque le mot Death
Metal en Belgique, le premier nom qui vient à l’esprit est évidemment
Aborted, ce dernier fait malheureusement office de baobab cachant la forêt, rares en effet sont les groupes de
Metal de la mort belges réussissant à sortir de l’underground.
Avec
Emeth en voici un qui va certainement jouer dans la cour des grands sans tarder.
Telesis (2008) est leur troisième album et le guitariste Matty Dupont transfuge d’
Aborted, entend lui aussi porter haut le flambeau d’un Death brutal et sans concession que pratiquent (pratiquaient pour certains) ses anciens compagnons d’armes.
Le visuel est assez réussi et moderne, se rapprochant de celui de Selfmutilation et
Machinery de
No Return.
Silence Goes Unheard le titre d’ouverture démontre que les musiciens ont décidé de jouer une musique fidèle à l’artwork, emprunt de modernité à l’image du Tee-Shirt
Divine Heresy arboré par le batteur Tom Ales : riffs saccadés et abrupts à la
Pantera alternés de blast-beat et de double pédale typiques du brutal Death actuel et une fin jazzy saisissante.
Anochi Kofer est encore plus brutal et lamine dans un premier temps tout ce qui bouge avant de laisser la place à un riff lourd sur lequel le hurleur Tom Kimps impose son guttural puissant, puis suit un solo alambiqué étrange qui n’est pas sans rappeler les expérimentations d’un
Gorguts sur
Obscura ou From
Wisdom To
Hate.
Telesis en remet une couche avec une chanson articulée autour d’un riff de base accrocheur et d’un refrain herculéen, assorti d’une mosh-part brise nuque.
La tracklist s’enchaîne ainsi sans coup férir jusqu’à la fin sans que nous ne parvenions réellement à trouver de véritables défauts à
Telesis. Attention tout de même, sur
Folly And Weakness le deuxième riff flirte dangereusement (d’assez loin quand même) avec le néo
Metal (Vade Retro
Sathanas), mais comme le reste du morceau est irréprochable, comme cette entame avec des sonars hypnotiques nous ne leur en tiendrons pas rigueur…
Certes, quelques titres sont un poil moins inspirés et intenses (n’est pas
Origin qui veut) comme
Monolith sonnant davantage comme un assemblage de rythmiques percutantes mais manquant de liant. Cependant
Emeth a fait un grand pas en avant avec ce disque, la plupart des compos comportent au moins un riff inoubliable qui s’imprime dans notre cerveau de Metalhead, ce qui est plutôt bon signe. De plus, et même si c’est de plus en plus répandu dans le petit monde du Death
Metal, la qualité technique des belges est vraiment bonne (bien qu’encore assez loin de
Necrophagist ou
Origin),
Existence Beyond Being où le furieux
Will To
Power vous prouveront la dextérité des bonhommes, aussi bien à la guitare qu’à la basse, cette dernière sonnant à la perfection tout au long de l’album.
Après synthèse, excepté un ou deux titres plus faiblards (dont la dispensable intro acoustique Aquarian), nous tenons là un bon album de Death
Metal qui ne rechigne pas à intégrer ça et là quelques éléments plus modernes. Il manque quand même à
Emeth un petit quelque chose de personnalité, de bouteille, de savoir-faire et d’énergie pour espérer un jour concurrencer le gotha du Death
Metal actuel.
A défaut de conquérir le monde et au vu des sorties récentes d’
Aborted,
Emeth fait désormais jeu égal avec ses aînés, les libérant un peu de la pression consistant à porter le Death belge sur les épaules seuls. Un bon album de Death au final donc, mais par les temps qui courent et les tueries débarquant en ce moment il est difficile de s’imposer en maître du style.
Telesis ne parvient pas à se démarquer des autres productions de Death moderne.
Une prochaine fois peut-être.
BG
Emeth n'a, à mon sens, pas grand chose à envier au groupe de Sven (si ce n'est la notoriété, héhé) !!
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