Sortez le gros rouge, le pâté de lapin, les vestes kaki et les chevrotines ! La chaîne Chasse, Nature et Tradition a l’honneur de vous présenter le plus célèbre amateur de gibier du Rock, j’ai nommé
Ted Nugent ! Si c’est trop fort… c’est que vous êtes trop vieux !
16 septembre 1975, à l’aube, c’est l’ouverture de la chasse dans le pays du Bouchonnois de Detroit. Un chasseur à l’arc pas encore sponsorisé par la
NRA (National Riffle Association) décide après 8 ans au sein du groupe
Amboy Dukes de sortir de la forêt son premier album solo, intitulé tout simplement…
Ted Nugent !
Spécialiste de la chasse au daim et à la galinette cendrée, le chevelu a commencé la guitare à 8 ans et a rapidement développé son jeu flamboyant à la 6 cordes sur une Gibson Byrdland branchée à un ampli Fender : du
Hard sur une guitare de Jazz/Blues, cela donne un son chaleureux et une saveur particulière, typique du Nuge !
Ce qu’aime
Ted Nugent en dehors d’imiter Diane ? Nous sortir à la vitesse d’une machine-gun riffs agressifs, solos dantesques, petites interventions pertinentes… le tout dans un son bourré de larsen et saturé comme le métro à 8h du matin !
Véritable showman lors de prestations
Live,
Ted Nugent est déjà plus que rôdé lorsque sort son premier album qui comprend de nombreux morceaux toujours inclus dans les sets-list du guitariste.
The Motor City Madman (un de ses surnoms, lié à sa chanson quasi-éponyme sur la ville de l’automobile qui l’a vu naître) nous sort donc de sa besace kaki un opus affûté comme un couteau à découper les ours : très bien entouré par Derek St Holmes (élémentaire mon cher Watson !) à la guitare rythmique et au chant, par Rob Grange à la basse (ex
Amboy Dukes) et par Cliff Davies à la batterie, Oncle Ted nous prépare un gibier de choix !
Sur des paroles relativement peu inspirées (pourtant il faut avoir une âme de poète pour être chasseur !)
Ted Nugent délivre un rock teinté de Blues, mais aussi de
Hard : peaufinées à l’extrême, ses compositions nous rappellent qu’en dehors du chant des musilettes des bois et des pistourettes des prés qui cracaquettent, la chasse c’est aussi… le brame viril du cerf et la puissance de feu d’un fusil 458 Winchester
Magnum avec des balles 700 Nitro Express !!
Bref, contre la rudesse de Dame Nature, la grande gueule
Ted Nugent qui se prend pour le Hendrix blanc a fait son choix : lui ne musarde pas avec une fleur dans les cheveux, il tire vite et fort !
Mais d’ailleurs, quelle différence entre le bon et le mauvais chasseur ?!
L’album commence par un riff musclé et groovy à souhait : le morceau Stranglehold ! Ce qui deviendra par la suite un classique du répertoire
Live du gars de Detroit est un parfait condensé de ce qui nous attend dans la suite de l’album. Section rythmique carrée et pleine de saveur avec une basse rappelant un peu James Dewar (ex
Robin Trower), un son gras et chaud bien Rock N’Roll teinté de
Hard et surtout, surtout… le son unique de Ted armé de sa Gibson Byrdland en bandoulière ! Petites interventions, solo interminable plein de feeling (enregistré d’une seule prise !), chant inspiré de Derek St Holmes. Un hit qui prendra toute sa dimension en
Live ! Dans la même veine, l’entraînant Queen of The
Forest qui vous fera prendre votre fusil Berreta à canons superposés pour faire une brillante démonstration de Air Guitar sous le vert manteau d’un bois de sapins !
Suivent d’autres brûlots incendiaires dont l’écoute devrait être interdite en forêt, notamment du côté de la région de Pithibon sur Sauldre, Arrièges et Corville !
Stormtroopin’ vous fera battre du pied comme dans une battue au sanglier par -7° avec son riff simple et percutant et son solo dédoublé comme la vue d’un gars du (trou du) cru après avoir abusé du Beaujolais, et Motorcity
Madhouse (là encore un hymne !!) est une chanson hommage à sa ville natale, celle qui pendant des décennies a inondé le marché US et mondial de berlines avec des V8 culbutés et soiffards comme des mâles à leur retour de chasse ! Son très saturé, interventions toujours bourrées de feeling, et un refrain à chanter à tue tête après la battue avec une Valstar en main ou coude à la portière d’une Express boueuse parfumée au poil de chien mouillé ! Autre véritable chant d’amour mais cette fois dédié au Rock N’ Roll, la mythique Just What The Doctor Ordered ! Petite bombe au riff entêtant, au chant haut perché et au solo typique du tueur de daims.
Hey Baby, très bluesy, composée et chantée par Derek St Holmes nous ramène par l’esprit dans un bar enfumé où un groupe reprenant des classiques de Muddy Waters assure l’ambiance ! Ted nous gratifie d’un solo fabuleux et au son bien old school, à déguster comme un vieux calvados après un faisan au vin ! Autre perle bluesy/jazzy, la douce You Make Me Feel Right At
Home. Très différente de ce que produira par la suite Oncle Ted, on se trouve ici face à un petit OVNI dans la discographie prolixe du guitariste. On se croirait quand l’aurore darde ses rayons d’argent à travers les écharpes de brume !
Snakesin Cowboy &
Where Have You Been All My Life sont elles des chansons rock bien couillues comme un caribou en rut, avec notamment pour la première une ligne de basse rebondissante comme le son de l’appeau sur les rochers et pour les deux des thèmes qui useront la semelle de vos Rangers à force de taper du pied ! Un pur concerté de Rock N’Roll version côte Est ! Enfin, tout ça ne nous rendra pas la chienne Lolita : une chienne comme ça on en trouvera pas deux…
Cet album, c’est presque 40 minutes de pur Rock à la sauce chasseur
Hard qui lanceront
Ted Nugent sur la voie du succès avec un disque d’or : Sweaty Teddy ne rentrera pas bredouille (ou broucouilles comme on dit dans le Bouchonnois) de sa sortie sylvestre aux studios d’Atlanta !
Par la suite, le trublion américain développera un son plus
Hard, délivrera des prestations scéniques inoubliables (le « Double
Live - Gonzo ! » de 1978 est indispensable !) puis se perdra progressivement dans la spirale de l’égocentrisme et d’un mauvais goût certain pour la provocation, l’appel à l’auto-défense et à l’apologie de la violence, mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai peut-être en même temps que Robert évoquera le sanglier de 267kgs qu’il abattu à 350m de distance un jour de brume !
En hommage à ce premier album du Nuge, voici une chanson bonus disponible uniquement sur l’import Sologne de ce disque, à chanter avec l’accent ricain :
Une bécasse, ca vaut bien dix pétasses,
Une poule d’eau, c’est mieux que la Bardot !
Et si la Bardot, veux m’confisquer mes douilles,
Faudra d’abord, qu’elle me suce les …
Mais finalement, d’après vous, quelle différence entre le bon et le mauvais chasseur ?
En hommage à D. Bourdon, P. Legitimus et B. Campan du groupe DouSSeur de Vivre !
@ eclectic : 3 ans plus tard, la réponse. Désolé. Je ne sais pas pourquoi mais je n'arrive pas à apprécier la voix de Nugent sur "Craveman". Je la trouve différente de ses autres disques. Sur "Love Grenade", no problem, j'identifie Ted dés qu'il ouvre la bouche mais pas sur "Craveman". Je comprends pas :-) Ceci étant, je trouve St Holmes bien meilleur chanteur que Ted et j'aurai aimé qu'il soit toujours celui qui tient le micro. Ce gars aurait du faire une carrière bien plus énorme. Peut être son manque de charisme explique son parcours (tout de même bien réussi).
Enorme chronique!!! j'en pleure encore de rire !! Bravo et en plus tout est dit et bien dit ...NONDIDIOU DE BORDEL DE MERDE DE SOUS MOI-MÊME!
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