Tectonics

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18/20
Nom du groupe Precambrian
Nom de l'album Tectonics
Type Album
Date de parution Août 2020
Style MusicalBlack Metal
Membres possèdant cet album17

Tracklist

1.
 Archaebacteria
Ecouter07:18
2.
 Fossilization
Ecouter04:36
3.
 Cryogenian
Ecouter06:13
4.
 Volcanic Winter
Ecouter05:39
5.
 P-Tr. Extinction
Ecouter06:12

Durée totale : 29:58

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Precambrian



Chronique @ Icare

22 Octobre 2020

Tectonics reprend les choses où Hate Forest les avait arrêtées quinze ans plus tôt !

Rappelez-vous, c’était en 2005. Après un excellent Sorrow, Hate Forest, monument du black metal ukrainien, s’était tu subitement, comme si l’entité s’était littéralement vidée en crachant toute sa haine dans cet ultime assaut à l’intensité inégalable. Le monde du black metal était en deuil, car si Saenko n’avait pas tiré sa révérence, les différents combos dans lesquels il allait désormais s’exprimer évoluaient dans un registre musical bien différent. Hate Forest était définitivement unique et au-dessus, laissant le trône du black metal slave vacant.
Pourtant, comme on dit, les légendes ne meurent jamais. En 2014, K., V. et R (Roman Saenko pour ceux qui ne suivraient pas)., qui jouent ensemble dans Drudkh, Windswept et Rattenfänger notamment, se réunissent à nouveau pour former discrètement Precambrian. L’Ukrainien étant du genre prolifique et n’ayant pas peur de s’éparpiller sur différents projets musicaux, rien ne semblait annoncer le cataclysme, pourtant les deux EP et la compilation sortis dans l’ombre avaient déjà balisé le terrain, et quiconque avait eu la chance de poser une oreille sur l’une de ces réalisations pouvait déjà pressentir ce que Tectonics confirme : ce premier full length est un monstre qui dévaste et annihile tout sur son passage.

L'album dégage en effet une force abrasive incroyable, une rage irrésistible et iconoclaste, comme si la vie originelle ne pouvait émerger que d’un chaos frénétique : à l’écoute de ces cinq titres, on s’imagine des immenses étendues fumantes, complètement arides et calcinées, totalement mortes. Ces trente minutes sonnent comme un grondement continu expulsé des entrailles de la terre qui nous assomme avec une violence inouïe, un hurlement sourd et aveugle mais tout sauf muet, propulsé par ces blasts infatigables, cette double pédale et ce jeu de cymbales annihilateurs, galopant sur ces riffs noirs, roulants et suffocants qui donnent l’impression de se retrouver au centre de la terre.
Imaginez des plaques énormes de milliards de tonnes de granit s’entrechoquer violemment, faisant vibrer la croûte terrestre en des chocs titanesques dont les ondes de choc étourdissent à des centaines de kilomètres à la ronde. Le fracas de ces géants est on ne peut mieux incarné par la musique de Precambrian, massive, destructrice, figée dans sa violence, tellement rapide et totalitaire qu’elle en devient intemporelle, étirant ces 29 courtes minutes en des millions d’année de cruauté auditive. Ici, aucun temps mort, la musique déroule une intensité suffocante et inexorable sur un martelage impitoyable (mention spéciale au métronomique et terrifiant V. derrière les futs), même si quelques riffs plus mélodiques nous tirent de la pesanteur, nous offrant quelques secondes de répit (Volcanic Winter, largement instrumental, avec ce début et ce break central bien plus lents que de coutume ainsi que cette flopée de riffs poignants, l’excellent riff sargeistien de P-Tr. Extinction...). C’est là toute la magie du trio, qui parvient à envelopper cette brutalité éreintante d’une atmosphère prenante qui nous hypnotise et nous possède, exactement comme feu Hate Forest.

Imaginez des immenses failles et lacérations qui viennent fouiller les entrailles de la terre, comme autant de fissures béantes dans une boîte de Pandore aux dimensions d’une planète entière ; tous ces miasmes qui s’échappent comme mille fumées de soufre, ce sont les exhalaisons de la négativité primale que la Terre renferme en son sein depuis la nuit des temps, transcendant de loin notre vision morale ou philosophique du mal. Et il n’y a qu’à entendre ce grognement inhumain pour s’en convaincre, qui semble appartenir à une autre ère et à une autre dimension, remontant comme de milliers de kilomètres de ces boyaux souterrains : Saenko n’a jamais vomi sa haine, son dégoût et sa colère avec autant d’intensité, et son incroyable prestation nous fait à la fois vibrer de plaisir et d’horreur (l’hostilité glaçante cristallisée dans les hurlements de Archaebacteria, les borborygmes animaux qui entament Cryogenian).

Finalement, il n’y a pas grand-chose à ajouter : Tectonics reprend les choses où Hate Forest les avait arrêtées quinze ans plus tôt et pourrait presque s’imposer comme un nouvel album de la défunte formation, j'oserais même dire l'un des meilleurs. Impitoyable, aussi dévasté que grandiose, bouleversant tant par ce déferlement de violence inouï que sa profondeur atmosphérique incroyable, ce premier full length de Precambrian n’est ni plus ni moins qu’un must have de black tellurique, furieux et sans concession.

Vous avez toujours cru que le black venait des vociférations et riffs saturés des Venom, Bathory et autres Hellhammer ? Il va falloir revoir vos certitudes, car cette musique-là vient du fond des âges, plus précisément des débuts de l’ère précambrienne il y a plus de 4,5 milliards d’années, lorsque la Terre émergeait du néant originel du cosmos.
Megaliths are The Immortal Ones…

3 Commentaires

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PhuckingPhiphi - 05 Novembre 2020:

Je ne suis pas familier de l'œuvre de Hate Forest, mais ha ! Nom d'un trilobite, tu m'as donné foutrement envie de jeter une oreille à cette galette !

Merci pour la kro ! :)

 

[Edit après écoute en ligne] Ha ouais, c'est en effet bien monolithique… Pas trop mon style de Black, mais une découverte intéressante en tout cas. Qui sait, j'y reviendrai peut-être avant la fin de l'Holocène ;)

Hibernatus - 26 Novembre 2020:

Ouf, ça décoiffe sévère !

De temps en temps, sur la base d'une chronique particulièrement aguichante et envolée, j'aime bien tenter l'achat sans avoir rien écouté. Je ne risque jamais que de perdre quelques euros et le temps passé à la lecture du skeud. Eh bien là j'ai rien perdu et beaucoup gagné, merci Icare pour cette excellente chro !

Bon ben j'ai plus qu'à me pencher sur Hate Forest que je ne connais que de nom.

Icare - 12 Janvier 2021:

On souffle dans l'oreillette qu'Hate Forest vient de sortir un nouvel album...
Chro à suivre dans un futur plus ou moins proche ! :-D

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