Encore une énième formation metal symphonique à chant féminin, promise comme tant d'autres avant elle à un funeste destin, me direz-vous, et vous auriez raison. A quelques nuances près, toutefois... En effet, ce sextet canadien originaire de Kitchener puise ses sources non seulement dans la sphère symphonique gothique, dans la veine de
Delain et consorts, mais aussi dans le dark gothique, doublé d'un zeste de black symphonique, dans le sillage conjoint de
Tristania et
Draconian. Ce faisant, foncièrement calé sur le schéma de la Belle et la Bête,
Monarch Woods joue à plein sur les effets de contraste vocaux. Et ce, tout en distillant une pléthorique orchestration samplée, à l'image d'arrangements instrumentaux de bon aloi.
Cofondé en 2013 par le guitariste Jonah Kay et la frontwoman Jay Ivaree, le groupe a requis, deux ans plus tard, les talents de : Darren Venhuizen, à la batterie ; Brian Scheid, à la basse ; Kylie Gallaher, au violoncelle, et Matt Sotnik, aux claviers. De cette étroite collaboration naquit, dans la foulée, cet introductif EP répondant au nom de « Tears of Himmeldom » ; laconique auto-production d'une durée n'excédant guère les 20 minutes et sur lesquelles s'enchaînent sereinement cinq pistes éminemment impulsives, souvent tumultueuses, parfois empreintes de cette noirceur apte à glacer les sangs. En outre, si cette galette jouit d'un enregistrement de bonne facture doublé d'un mixage bien équilibré entre lignes de chant et instrumentation, et d'un mastering signé Zach Gerber, elle laisse cependant filtrer quelques sonorités résiduelles et n'offre que peu de profondeur de champ acoustique. Mais entrons plutôt dans la petite goélette...
Une fois n'est pas coutume, le combo canadien nous octroie ses mots bleus les plus sensibles en guise de message introductif. Ainsi, le tympan sera-t-il caressé par les douces vibes émanant des entrailles de « Ophesa's
Hymn », brève et céleste ballade a-rythmique en piano/voix à mi-chemin entre un
Delain de la première heure et
The Birthday Massacre. On regrettera simplement le caractère fugace de l'instant privilégié. Cela étant, l'arbre ne cachera pas bien longtemps la forêt...
Mais, là où le collectif marquera plus nettement les esprits concerne les pistes les plus enfiévrées de l'opus. Ainsi, on sera happé tant par les gimmicks virevoltants, les riffs corrosifs et la rythmique sanglante de l'offensif « Rise of Corvinians: The First
Winged Men », que par les seyantes nappes synthétiques et le vibrant solo de guitare du mordant « Nets in the
Night ». C'est donc sur des charbons ardents que déambule adroitement la sirène, ici investie en voix de contraste ; titres qui d'ailleurs livrent de mélodieux refrains par opposition aux couplets à l'atmosphère bien plus sombre. Ce faisant, se plaçant au carrefour d'influences telles que
Delain,
Draconian et
Lacuna Coil, ces deux brûlots ne se dompteront qu'aux fins de plusieurs écoutes circonstanciées.
Soucieux de varier les exercices de style, la troupe a investi quelques efforts en direction du symphonique progressif. Et ce, à l'instar du grisant et pénétrant « Diisa: His
Beloved, My
Blood ». Aussi, de délicats arpèges au piano s'invitent d'entrée de jeu, cédant la place à une rythmique qui lentement s'embrase, sous couvert d'un tapping martelant. Dans cette atmosphère empreinte de légèreté dans la lignée de
The Gathering (première mouture), les cristallines inflexions de la maîtresse de cérémonie font mouche. Peut-être la pépite de l'opus.
Malgré ses mérites, la rondelle accuse quelques baisses de régime. Ainsi, le risque de décrochage est réel sur le tempétueux « Ovn the
Allfather », tant les séries d'accords souffrent d'enchaînements peu loquaces. De plus, la piste est en proie à d'inextricables répétitions et la ligne mélodique s'avère d'une affligeante platitude. En dépit d'une indéfectible vivacité de l'espace percussif, on passera donc son chemin.
A l'aune de cette introductive livraison, si le collectif canadien offre une fringante dynamique d'ensemble, force est d'observer qu'il cherche encore ses marques, et plus encore, une identité artistique stable. Il lui faudra également affiner le trait mélodique, diversifier ses atmosphères et varier ses joutes oratoires pour espérer s'imposer dans ce si concurrentiel registre metal. Néanmoins, les fines volutes de la déesse et la potentiel instrumental aidant, et à condition de laisser le temps de la maturité compositionnelle opérer et de concéder l'une ou l'autre prise de risque, le combo sera en mesure de répondre aux attentes des amateurs, toujours plus nombreux, du metal symphonique à chant féminin. Peut-être à l'instar d'un album full length ?...
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