Tracer sa route...
Tel est le mot d’ordre au sein d’
Eden’s
Curse. Seulement six ans d’activité et déjà quatre albums au compteur. Du chemin, les britanniques en ont fait. Certes, les chaussures ne sont pas râpées et les semelles pas encore trouées, mais les débuts sont déjà loin. Avec le temps, album après album,
Eden’s
Curse a gagné en expérience et en maturité , sans d’ailleurs qu’on entende parler d’eux outre mesure, faute de n’avoir malheureusement jamais réussit à mettre au jour une œuvre hors du commun. On ne déplore pourtant aucun faux pas, aucune erreur de trajectoire, mais, et c’est bien le cœur du problème, aucun véritable coup d’éclat. Sans aller jusqu’à parler de carrière en demi teinte,
Eden’s
Curse, en trois albums, n’a pas réussi à s’affranchir d’un certain académisme pour définitivement dépasser le statut de groupe de seconde zone.
Deux ans et demi après
Trinity, le groupe a changé de visage, en remplaçant Mickael
Eden, pourtant membre fondateur. Il revient donc avec un nouveau vocaliste, j’ai nommé Nikola Mijic, ainsi qu’avec un nouvel album, «
Symphony of Sin ». Voilà de quoi faire du neuf, diront certains, regrettable diront les autres. Une chose est certaine,
Eden’s
Curse n’a pas renié ses origines. Les compositions sont toujours aussi dynamiques, dans un heavy mélodique aux accents de hard rock. Les titres sont toujours aussi nombreux et l’album encore plus long que ses prédécesseurs. Le groupe semble de retour avec un souffle de vie et d’inspiration nouveau. On le constate dès le titre éponyme qui s’ouvre de manière très… symphonique, avant que n’entre la guitare qui donne fougue au morceau. D’emblée Nikola rassure avec un chant agréable et bien maitrisé. Le refrain, plus technique, est très bien interprété. S’en suit un «
Break The Silence » légèrement plus puissant et alambiqué ainsi qu’un contrasté «
Evil and Divine », sans toutefois qu’
Eden’s
Curse ne prenne trop de risques (ils ne l’ont d’ailleurs jamais fait). Des fois qu’on se plante en voulant faire du neuf ! Les morceaux s’enchaînent donc sans trop de surprises (euphémisme)…
La suite de l’album s’inscrit dans la même lignée, si ce n’est qu’on commence à légèrement à déchanter à l’écoute de tous ces morceaux qui se ressemblent tels treize frères ou cousins. Les titres oscillent entre le moyen dans le bon enfant « Unbreakable » et le bon dans « Losing my faith », sans jamais passer ce cap et se hisser vers ce qu’on serait en droit d’attendre de la part de ces musiciens qui n’en sont pas à leur coup d’essai. Même si quelques titres marquent une timide tentative,
Eden’s
Curse reste cloîtré dans un heavy traditionnel, qu’il peine à s’approprier. Cela dessert l’album, d’autant plus qu’il est très long. Les britanniques n’ont pas beaucoup de confiture, mais ils l’étalent, alors que l’album comme l’auditeur peine à tenir la longueur, même si, ne noircissons pas le tableau, ils ont quelques bonnes idées ! On déplore qu’elles soient étouffées par des morceaux trop structurés qui coupent court à tout véritable écart de conduite. Les refrains sont omniprésents, la musique est scientifiquement calibrée (on le remarque dans la durée des morceaux, quasiment toujours identique). C’est plus rassurant d’évoluer sur l’autoroute que sur une route de montagne caillouteuse. Certes le risque d’accidents est moins élevé, mais la routine s’installe vite. Très vite…
Ce «
Symphony of Sin », s’il est loin d’être l’œuvre absolue, possède tout de mêmes des qualités qui séduiront plus d’un auditeur. L’album s’illustre par une grande facilité d’accès. Les mélodies sont claires, sans surprises, et font mouche immédiatement. Le revers de la médaille, c’est qu’il ne faut pas trop s’y attarder, sans quoi on se lasse. On sent d’ailleurs que l’album a été composé pour des prestations live bien plus que pour une écoute individuelle. On ne manquera pas de souligner la qualité de la production ainsi qu’un niveau individuel plus que correct, qui s’exprime dans des soli certes assez banals mais techniques et bien exécutés. La première partie d’album est décevante mais la deuxième est plus intéressante, avec quelques bons titres. Le dynamique et contrasté « Great Unknown » ou «
Sign of the
Cross », plus technique et plus osé, permettent un regain d’intérêt. Dommage que tout cela soit gâché par des morceaux nettement en dessous comme le mollasson «
Wings to Fly » ainsi qu’un « Where is the Love » inutile et de fort mauvais goût.
«
Symphony of Sin » ne changera ni notre vie, ni la carrière d’
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Curse, qui semble n’avoir toujours pas les armes pour définitivement sortir de l’ombre. Les britanniques devraient sans doute prendre un peu de vacances, car, d’années en années, l’inspiration semble se faire la malle. On ne tardera pas à oublier cette énième goutte d’eau versée dans l’océan. Pour autant, l’album n’est pas foncièrement mauvais, mais le contenu est insuffisant pour tenir la longueur. En somme, aussi gros et creux qu’un œuf kinder.
Sur ce, mettons un terme à cette digression,
Le torchon parut, revenons à nos moutons,
Nous disions qu’hier, en tournant en rond
Avant que ne commence le diner de con,
Pour tuer le temps qui me paraissait si long
J’écoutais
Symphony of Sin dans mon salon,
Mangeant une pomme et de la tarte au citron.
12/20
Cet album est une tuerie. Pour le savoir, fallait se décoller l'oreille de la mode prog' power pouêt pouêt qui envahissait l'époque. Le chant est d'un niveau dément, les refrains son quasi tous tubesques, les solos excellents et techniques, la mélodie présente de tous les instants, les riffs butent, et en prime on a droit soit à des morceaux épiques soit à quelque chose de plus hard rock mais toujours avec un sens aiguisé de la composition.
Sérieusement, chronique ou commentaires, je ne comprends pas comment vous êtes passés à côté, sauf à rester braqués sur les groupes en vogue à l'époque tout en boudant toute approche différente.
Et "Wings to Fly" de fort mauvais goût, alors que c'est certainement l'une des meilleures de l'album ? Entre ce couplet majestueux accompagné de guitare acoustique, ce pré-refrain au riff terrible et ce refrain qui reste en tête, où est le prétendu mauvais goût (non-étayé d'ailleurs) ?
Je recommande à quiconque aime le heavy/power moderne et le hard rock de tenter cet album. Oui c'est accessible, diablement efficace, mais ça ne signifie en rien que l'ensemble soit facile et insipide.
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