Liste des groupes Metal Symphonique Anwynn (BEL) Swords & Bloods

Anwynn, groupe de metal symphonique belge à chant féminin créé en 2007, n'en est plus à son coup d'essai. Ayant à son actif deux démos et un album full length bénéficiant d'une belle production, quel intérêt a-t-il eu de nous proposer cette fois un EP auto-produit affichant six titres au compteur pour vingt-deux minutes de ruban auditif tout au plus ? Trois ans après un « Forbidden Songs » généreux et bien inspiré, cette nouvelle mouture sonne comme une reprise en douceur de leur activité, à la fois pour répondre aux attentes des fans de la première heure, tout en souhaitant impacter un auditorat élargi. Cette stratégie bien rodée nous conduit-elle à retrouver ce qui faisait l'essence-même des compositions du groupe ou y aurait-il trace d'une évolution de leur concept ?

Le combo bruxellois, mené par son interprète principale Eline, nous immerge dans un metal symphonique mélodique, avec une touche celtique et une pointe death, se calant sur le schéma vocal de la Belle et la Bête. Pour ce faire, une attention particulière a été apportée à l'enregistrement de la section percussive par Nicola Lomartire au Noise Factory Studio, en Belgique. Pour les autres instruments et le mixage, ils sont l'oeuvre de Julien Huyssens, tout comme la production générale, en coordination avec le groupe. Quant au mastering, il est signé Acle Kahney, au 4DSounds, au Royaume-Uni.

On passera outre l'entame « Intro », instrumental de très courte durée, intrigant et brutalement coupé, pour avancer dans notre périple, à commencer par les pistes les plus significatives de la modeste rondelle. Ainsi, quelques espaces rythmiquement invitants s'offrent à nos pavillons. A commencer par le titre éponyme, « Swords & Blood », nous conviant avec frénésie à des couplets initialisés par de caverneux grunts, avant que la Belle ne se décide à rejoindre son comparse. L'atmosphère d'ensemble se fait sombre, voire abyssale, et rugueuse de par les riffs distillés tout le long. La section rythmique s'avère de bonne facture et les arrangements ne sont pas sans mérites pour un morceau chargé de mystères et de lumières mélodiques volontairement blafardes. De son côté, le martelant et entraînant « Keratin » laisse rugir la Bête avant que la déesse ne prenne le micro sur des couplets non sans intérêt, dans la lignée de Skeptical Minds. On croirait évoluer sereinement, mais, curieusement, on finit par se perdre dans les méandres d'une succession de notes difficile à apprivoiser, nous faisant même décrocher du fil de la piste, par moments.

Parfois, une progressivité rythmique se perçoit. Ce qui est le cas du plombant « Shrine », aux riffs graveleux. D'inspiration death gothique, il nous entraîne sur des couplets où évoluent de concert la Belle et la Bête, suivant un chemin mélodique incertain. Soudain, un tapping s'offre à nous, précédant quelques choeurs enjoués, avant de faire place à de mystérieuses incantations de la sirène. Les guitares, quant à elles, se montrent tranchantes à souhait dans cet univers peu sécurisant. Pour sa part, quelques notes à la harpe nous accueillent sur « Ghost of Stonehenge », mid tempo progressif instrumentalement imposant, d'obédience metal symphonique. Et ce, avant que la déesse, de son filet de voix aérien, dédoublé de choeurs, ne prenne les rênes, sur les couplets et les refrains. La Bête ne reste pas bien loin, lui faisant écho par moments, sans pour autant se substituer à ses claires ondulations. Soudain, le rythme s'accélère et l'atmosphère se fait tourmentée, tout en conservant quelques harmonies assez efficaces. La piste finit comme elle a commencé, au son ouaté d'une harpe. Et, la boucle est bouclée.

Le combo n'a pas omis de nous faire part d'un moment apte à toucher notre corde sensible. En douceur, « Mists of the Fortunate » nous accueille par quelques arpèges au piano et de sensibles inflexions vocales déferlant dans nos tympans, avec de faux airs de Diabulus In Musica. Cette ballade, à la ligne mélodique agréable, laisse la Bête rejoindre sa Belle avec une élégance insoupçonnée. Un beau solo de guitare nous est aussi octroyé, comme pour magnifier encore l'instant fragile. A la délicate interprète d'achever ce tour d'horizon avec finesse. Bref, on se laisse transporter sans résistance aucune sur ce fondant moment de félicité.

On ressort de l'écoute de la menue galette avec le sentiment d'avoir passé quelques moments forts en contrastes atmosphériques et rythmiques, qu'on aurait parfois aimé mélodiquement plus immersifs. Le potentiel du groupe est réel et demanderait encore à s'affirmer une nouvelle fois, avec plus d'emphase, notamment par un format supérieur. Si les lignes harmoniques sont parfois délicates à suivre, l'empreinte symphonique death, plutôt convaincante, n'est pas absente et pourrait permettre au combo d'élargir son auditorat. Rien de fondamentalement original n'émane de cette production mais les capacités techniques et un mixage assez bien équilibré compensent cette carence. Encore quelques efforts sur les finitions et les enchaînements, et le rendu sera très honorable.

Pour le plaisir de redécouvrir l'atmosphère death mélodique du combo, les aficionados s'y retrouveront. D'autres publics plus orientés metal symphonique gothique pourront aussi y jeter une oreille attentive, voire motivée. C'est dire que le groupe n'a pas raté sa cible et que les trois ans d'attente n'auront pas suffi à le faire oublier au point de le voir sortir du circuit. Encourageant pour la suite...