Il est quelquefois étrange et surtout surprenant de retrouver, un peu par hasard, un CD égaré et oublié dans une caisse ou au fond d’une armoire… et un peu comme pour la fameuse madeleine de Proust, des souvenirs refont surface et une certaine nostalgie s’empare de votre esprit. C’est ce qui m’est arrivé récemment en retrouvant cet album de
Sven Gali sorti en 1992 ! Flashback : l’adolescent de 17 ans aux (très) longs cheveux que je fus à l’époque prend l’habitude d’enregistrer la célèbre émission
Headbanger’s Ball de MTV. Tout à coup
Vanessa Warwick, la présentatrice blonde piercée, annonce la première vidéo d’un groupe qui pourrait faire sensation :
Sven Gali. Le titre : « Under The Influence ». Une voix murmure «
Sven Gali » et tout à coup deux gratteux chevelus secouent la tête en assénant un riff killer qu’on croirait écrit par la paire Hill/Sabo de
Skid Row, époque « Slave To The Grind »! Et ce n’est pas le cri d’introduction du chanteur David Wanless qui va faire penser le contraire. Convaincu, j’achetai l’album dans les jours qui suivirent et je ne fus pas déçu.
Formé en 1987 au Canada,
Sven Gali est, à l’origine, un groupe de reprises. C’est en incorporant une majorité de bonnes compos personnelles dans leur set et grâce à des prestations scéniques convaincantes à
New York que les gars d’Hamilton (Ontario) se font signer par BMG. Ce premier album éponyme sort en 1992 et sera certifié « Gold » au Canada. Musicalement, le groupe délivre un bon
Hard Rock US de qualité typé fin 80’s et début 90’s. On se situe à la croisée de
Skid Row et
Ratt pour les deux influences les plus marquantes sur ce disque, avec un zeste de Mötley Crüe.
Le titre d’ouverture évoqué plus haut démontre bien le talent des Canadiens pour composer des titres accrocheurs. Mais, plutôt que de plagier leurs modèles américains, les gars de
Sven Gali n’hésitent pas à surprendre comme sur l’autre bombe de l’album, « Tie Dyed Skies », dont la basse slappée claque à la
Faith No More, ou sur l’excellente reprise burnée de leurs compatriotes Teenage
Head (groupe punk), « Disgusteen », qui clôture l’album.
Le chanteur David Wanless, sans approcher le talent d’un
Sebastian Bach, qu’il copie tout de même un peu ici et là, délivre une performance de qualité. Bien que possédant un timbre de voix très personnel, on pourrait penser à un
Stephen Pearcy plus rageur et au registre plus étendu, mais surtout plus puissant. Le duo rythmique groove à souhait grâce à une bonne production et la paire de gratteux (Andy Frank et Dee Cernile, décédé d’un cancer en
2012) assure autant sur les riffs en béton que sur les passages plus doux. C’est juste dommage que les soli, bien que tout à fait corrects, ne soient pas un poil plus inspirés.
Toujours dans les bons moments de cet album on note « Sweet Little Gyspy » et son refrain catchy qui aurait pu être écrit par un certain Nikki Sixx, les deux ballades plutôt réussies : « Love Don’t
Live Here Anymore » (top 10 dans les charts canadiens) et «
Whisper In The
Rain », ainsi qu’un autre hit en puissance : « In My
Garden ». Ce dernier, sorte de mid-tempo aux arpèges glaçants, explose au moment du refrain, avant de revenir au calme…pour exploser encore, jouissif!
Malheureusement, certains morceaux plus heavy comme « Stiff Competition » ou « Real Thing » ne font pas mouche et, sans être mauvais, apparaissent assez moyens en comparaison des meilleurs de l’album. Mais, en dépit de ces quelques inégalités, on passe un très bon moment dans l’ensemble.
En débarquant avec un tel album quelques années plus tôt,
Sven Gali aurait sans doute connu une gloire certaine, au même titre que d’autres formations talentueuses apparues entre 1989 et 1992 (
Shotgun Messiah,
XYZ,
Steelheart). Malheureusement pour eux et malgré un premier essai prometteur, le Grunge commence à conquérir le monde. Les Canadiens commettront d’ailleurs l’erreur de surfer sur la vague crasseuse de Seattle en 1995 avec un second opus moyen qui les enverra dans les profondeurs de l’oubli…
Néanmoins, si vous êtes fans de cette période
Hard US du début des 90’s, et tout particulièrement de
Skid Row, n’hésitez pas à vous procurer cet album !
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